Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Il y a quelques jours, dans l’édito du Contrarien Matin, j’attirais votre attention sur le fait que toutes les prévisions économiques étaient fausses. Pas fausses uniquement par erreur d’appréciation mais bien par une volonté manifeste des autorités politico-économiques de contrôler au mieux les anticipations des agents économiques.
L’idée c’est évidemment d’afficher un optimisme à toute épreuve pour chaque trimestre prochain ou pour chaque année suivante.
Vous trouverez en bas de page le lien pour relire cet article.
Bref, le problème de ces prévisions et de ces statistiques c’est qu’à un moment ou à un autre vous êtes obligés de faire des « révisions », c’est-à-dire des corrections dans les chiffres publiés (qui sont là pour remonter le moral au cric des investisseurs et déclencher aussi bien l’investissement des entreprises que la consommation des ménages).
Ainsi, la croissance du premier trimestre aux États-Unis vient d’être calculée pour la troisième fois et au dernier pointage, les USA connaissent une récession de presque 3 % de leur PIB, ce qui n’est pas négligeable vous en conviendrez.
États-Unis : l’économie subit sa plus forte contraction depuis 5 ans
Ainsi notre AFP nationale nous apprend aujourd’hui à travers une dépêche lénifiante que finalement « le produit intérieur brut (PIB) américain a plongé de 2,9 % en rythme annualisé entre janvier et mars, en données corrigées des variations saisonnières, alors que les analystes tablaient sur un recul plus modeste de 1,8 % »… Sauf que, en réalité, les premières prévisions d’estimation n’attendaient que 0,5 % de baisse du PIB, puis elles sont passées à 1 % (on parle des estimations et des prévisions)… Ce sont ces estimations qui forment ce que l’on appelle le « consensus ». Du coup, tous les spécialistes s’attendent doctement à la même prévision… Alors soit ils sont déçus ensemble et dans ce cas on explique « baisse surprise de la statistique machin », soit ils sont contents ensemble et dans ce cas vous avez des gros titres du type « chiffre bidule bien meilleur qu’attendu ».
Ce cirque dure depuis des années, il est totalement faux et inutile mais semble justifier l’occupation de quelques centaines de milliers de spécialistes grassement rémunérés à travers le monde, tout le monde étant ainsi content.
Alors l’AFP nous explique que « bouhhh » mauvais chiffre (difficile de dire l’inverse), mais l’Agence France Propagande n’a plus pour objet de vous informer mais encore une fois de vous rassurer afin que vous consommiez, que vous empruntiez, que vous investissiez, etc., raison pour laquelle l’AFP précise immédiatement que : « Mais elle ne traduit toutefois pas un retour en récession, qui se définit techniquement par deux trimestres consécutifs de contraction du PIB. »
Vous noterez la perfidie (intelligente, roublarde et codée) du rédacteur de l’AFP qui fait son travail (être « optimiste même quand il faut avoir peur ») mais glisse quelques petits messages subliminaux comme le « se définit techniquement » pour la récession. C’est évidemment très insolent de sa part que d’insister sur l’aspect technique de la définition d’une récession… cela me rappelle « les heures les plus sombres de l’histoire »… de la Pravda !
D’ailleurs, le pauvre journaliste de l’AFP, surveillé par son commissaire politique et un colt 45 (de fabrication américaine) sur la tempe mais officiellement parfaitement libre d’écrire son texte comme il l’entend, insiste en disant « un tel scénario ne semble d’ailleurs pas se dessiner, la Banque centrale américaine (FED) tablant sur un net rebond de l’activité au deuxième trimestre »…
Mais même sous la menace, là encore, il est très fort pour nous dire la vérité en la cachant. Car il dit que c’est la FED qui « table » (sous-entendu comme à chaque fois) sur un net rebond de l’activité. Promis, demain ça ira mieux, fable que l’on nous vend depuis maintenant quoi… environ 40 ans !
Hélas, un peu plus loin, notre auteur craque sous l’amicale pression du canon froid que l’on appuie un peu plus fort sur sa tempe. Il craque et… il nous parle du froid. Ha, quelle blague ce froid aux USA alors que cela aurait dû au moins faire augmenter les dépenses de chauffage et les ventes de doudounes (ce qui n’a pas été le cas)…
« L’hiver particulièrement rigoureux au début de l’année a affecté la quasi-totalité des secteurs de l’économie, selon les données publiées par le ministère… » Mais il prend grand soin de ne pas se mouiller. Ce n’est pas lui qui le dit, ce sont les données (comprendre « bidons ») publiées par le ministère !
Bon, je vous passe le reste de la dépêche car tout est à l’avenant. Les chiffres sont mauvais tout simplement parce que la crise économique mondiale que nous traversons est loin, très loin d’être endiguée et qu’en réalité, c’est le système entier qui est porté à bout de bras depuis plus de 7 ans maintenant.
Reprenons les faits, les USA sont en récession de 3 % mais ce n’est pas grave car le trimestre prochain nous verrons ce que nous verrons ! Alors certes, la croissance sera sans doute excellente, puis révisée progressivement en baisse pour être moins bonne tout en restant positive, et à la fin tout est tellement opaque que plus personne n’analyse rien et se contente, comme l’AFP, de reprendre en boucle les mantras gouvernementaux.
Rien ne s’arrangera par magie, et rien ne redeviendra comme avant. Il n’y a que François Hollande qui attend encore désespérément que tournent les vents et le retour de la sainte croissance.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »