‘Nationaliser autant que
possible’ pour ‘rendre les hommes plus amoureux de leur nation que de leur
Etat. Tous les intérêts privés, tous les intérêts locaux, tous les intérêts bancaires,
les intérêts des individus devraient être subordonnés aux intérêts du
gouvernement’.
–Sénateur John Sherman, 1863
(cité dans Heather Cox Richardson, The
Greatest Nation on the Earth, p. 87)
George Washington a émis la
première Proclamation de Thanksgiving le 3 octobre 1789 afin de célébrer la
Constitution nouvellement ratifiée. Il a fait distribuer sa proclamation aux
gouverneurs des Etats et suggéré qu’ils participent aux célébrations, chose
que les Etats faisaient déjà depuis des années à leur propre manière. Le
gouvernement fédéral n’était alors pas encore une bureaucratie centralisée,
consolidée et monopoliste, et la proclamation de Washington n’était rien de
plus qu’une suggestion offerte aux citoyens des états indépendants.
Thankgiving n'est pas devenu
un jour férié national avant que Lincoln ne nationalise Thanksgiving en
émettant une proclamation écrite par le Secrétaire d’Etat William Seward
(selon le Secrétaire de Lincoln à la Maison Blanche, John Nicolay) le 3
octobre 1863. La Proclamation de Thanksgiving de Lincoln est une œuvre de
mensonges et de fausse propagande qui aurait impressionné n’importe quel
tyran du XXe siècle.
Afin de maintenir le public du
Nord dans un état de crainte et de paranoïa (et pour qu’il continue de
soutenir la guerre), la Proclamation de Thanksgiving Seward/Lincoln décrétait
que la guerre ‘pousse les Etats étrangers à considérer l’agression’. En
réalité, aucun état étranger n’aurait jamais considéré envahir une nation se
trouvant de l’autre côté d’un immense océan et dont l’armée était la mieux
équipée du monde. A la fin de la guerre, de nombreux hommes politiques
britanniques craignaient que Sherman se décide à traverser l’Atlantique et
envahir l’Angleterre pour la punir d’avoir effectué des échanges avec la
Confédération pendant la guerre.
Les propos les plus absurdes
de la proclamation de Lincoln est que ‘l’ordre a été maintenu, les lois
respectées et obéies, et l’harmonie prévaut partout si ce n’est au cœur du
théâtre du conflit’. Cette proclamation n’a été émise que trois mois après
que 15.000 soldats Américains aient quitté le champ de bataille de Gettysburg
et marché vers New York City pour mettre fin aux émeutes, ce à quoi ils sont
parvenus en assassinant des centaines voire des milliers de manifestants en
leur tirant dessus en pleine rue (voir Iver Bernstein, The
New York City Draft Riots). Le Colonel Arthur B. Fremantle, un
émissaire du gouvernement britannique à l’armée confédérée, se rendait alors
en Angleterre au départ de New York et a décrit la scène dans son livre, Three
Months in the Southern States:
‘Les rapports pour outrage et
les annonces de pendaisons et de meurtre étaient les plus alarmants. La
terreur et l’anxiété étaient universelles. Tous les magasins étaient fermés,
les calèches et les omnibus avaient cessé de se déplacer. Aucun homme ou
femme de couleur n’était en sécurité dans la rue, pas même dans son domicile.
Les lignes de télégraphes étaient coupées, et les voies ferrées avait été
démantelées’.
‘Les manifestations violentes
ont duré des jours’, écrit Freemantle, ‘les foules ont attaqué la police et
les Républicains affluents qui étaient capables de se libérer de la
conscription obligatoire pour 300 dollars’. Telle était l’idée d’harmonie
propagée par Seward/Lincoln. Le fait qu’il y ait eu une crise de désertion
dans l’armée de l’union (voir Ella Lonn, Desertion
During the Civil War), et que des centaines d’hommes aient échappé au
recrutement prouve de l’absurdité de l’idée que l’harmonie prévalait dans les
états du Nord.
L’idée que ‘les lois aiet été
respectées’ est tout aussi absurde, puisque Lincoln a suspendu l’acte
judiciaire de l’Habeas Coprus et fait emprisonner des dizaines de milliers de
citoyens du Nord sans procès pour la simple raison qu’ils étaient soupçonnés
de l’avoir critiqué (voir Freedom
Under Lincoln par Dean Sprague et Constitutional
Problems Under Lincoln par James Randall). Des centaines de journaux du
Nord ont été fermés par le parti Républicain dans une attaque grossière
contre la liberté de presse. Lincoln a redéfini l’acte de trahison depuis la
définition qu’en donnait l’article 3 de la section 3 de la Constitution,
c’est-à-dire une déclaration de guerre contre les états – et qu’il a lui-même
commise – comme étant la critique de son régime et de sa personne. Ce ne sont
que quelques-unes des raisons pour lesquelles des générations d’historiens
ont fait référence à la ‘dictature de Lincoln’. Son régime n’a eu aucun
scrupule à mentir au sujet du respect des lois.
Quand le Sud a fait sécession,
il n’avait aucune intention d’attaquer les états du Nord. Jefferson Davis ne
voulait pas diriger le gouvernement à Washington D.C. plus que George
Washington n’aurait voulu diriger depuis Londres. Et pourtant la Proclamation
de Thanksgiving Sweard/Lincoln parle de ‘détournement de richesse’ et de
‘défense nationale’. Lincoln finançait une guerre offensive, dont l’objectif,
selon ses propres déclarations devant le Congrès, était de forcer les états
du Sud à rester dans l’union pour qu’il puisse continuer à leur lever des
‘impôts et taxes’, comme Abe l’a annoncé lors de son premier discours
d’investiture.
Dans les états du Nord, la
liberté d’expression a été abolie, des dizaines de milliers de dissidents
politiques ont été jetés en prison, des taxes ont été levées à des taux
astronomiques, des centaines de milliers de soldats avaient déjà été tués ou
blessés à vie, l’inflation faisait rage, des protestations contre la
conscription ont éclaté non seulement à New York mais dans tous les états du
Nord, le capital d’investissement a été détourné depuis des usages politiques
vers des usages militaires, handicapant la croissance économique, et le
commerce international a pratiquement été suspendu. Et pourtant, la
Proclamation de Thanksgiving Seward/Lincoln en est arrivé à la conclusion que
le pays ‘se réjouissait du renouveau de sa force et de sa vigueur’.
C’était une tentative évidente
de confondre nation et gouvernement dans l’esprit du public. La guerre
élargit toujours la taille, la portée et le pouvoir du gouvernement en
handicapant, diminuant, nationalisant ou détruisant des pans entiers de la
société civile et du système d’entreprise privée.
Lincoln a aussi dit connaître
les pensées de Dieu dans sa Proclamation de Thanksgiving en déclarant ‘Dieu
est en colère pour nos péchés’. C’est ainsi qu’il a justifié la guerre aux
Etats-Unis. C’était aussi là le thème principal de son second discours
d’investiture – que la guerre n’était en rien sa faute, mais simplement la
‘punition’ de Dieu contre tous les Américains, du Nord comme du Sud, pour le
péché de l’esclavage. Les Américains étaient ‘engagés’ dans la guerre, a-t-il
écrit dans la Proclamation de Thanksgiving.
Lincoln n’a jamais tenté
d’expliquer pourquoi Dieu voudrait punir les Américains pour le péché de
l’esclavage tout en ignorant le fait que 95% des esclaves avaient été amenés
dans l’hémisphère Occidental par les Britanniques, les Espagnols, les
Français, les Hollandais et bien d’autres.
Lincoln a terminé sa
Proclamation en demandant la nationalisation de Thanksgiving pour célébrer
‘la voix et le cœur du peuple Américain’. Il y a peu de chances que les
Américains du Sud (desquels Lincoln a dit qu’ils faisaient à tout moment
partie de l’Union) aient été séduits par ses propos.