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Dimanche soir, la
chaîne M6 diffusait, lors de l'émission zone
interdite, plusieurs reportages relatifs aux
marchés "troubles", pour ne pas dire glauques, du
"mal-logement". Ce type d'émission, bien que n'ayant pas de
valeur statistiquement fiable, dénote à quel point la situation
du logement est devenue calamiteuse non seulement dans les grandes agglomérations,
mais aussi parfois dans des métropoles provinciales plus petites.
Les situations de
mal-logement dont j'analyse froidement les causes dans mon livre
deviennent, le temps d'une émission, des visages de personnes et de
familles vivant dans des conditions indignes d'un pays
prétendûment développé. Et pourtant, il faut
garder la tête froide pour ne pas sombrer dans la pseudo-analyse
émotionnelle à deux sous, façon Christine Boutin et ses
amis socialistes, de droite ou de gauche.
Toutefois, si
l'émission ne fut pas tendre avec les propriétaires
accusés de tirer parti de la misère immobilière qui
frappe ce pays, elle a fait preuve de bien trop de mansuétude vis
à vis de l'état, premier responsable de cette
décrépitude. Certes, "Zone Interdite" n'est pas
"capital", et l'on ne peut demander à toutes les
émissions d'aborder le volet économique des choses. Mais
l'incurie de l'état (au
sens large...) ne faisait que transparaitre à travers
plusieurs reportages: la gestion difficile des parcs de logement des offices
HLM, création 100% étatique, le détournement par des
aigrefins de dispositifs d'aide sociale au logement d'urgence absolument
ubuesques, dommages et intérêts prononcés par la justice
au détriment de propriétaires manifestement véreux absolument
insignifiants (la justice Française refuse le principe des dommages
punitifs...)...
Loin de moi
l'idée de défendre les loueurs de caves ou de taudis : à
partir du moment où l'état place simultanément des
barrières légales à leur location, et où il
crée toutes les conditions de la pénurie de logements
"normaux" (cf.
Mon ouvrage, si ce n'est pas de la
publicité, ça, qu'est-ce que c'est ?), alors il
place de facto le logement "de secours" entre les mains de
margoulins dénués de scrupule, dans une zone grise sans
contrats. Mais cela ne retire rien au fait qu'aujourd'hui, la seule
alternative au taudis de secours, c'est la rue.
Depuis le
début des années 80, la construction de logements a
été inférieure de 50 à 100 000 unités
annuelles à ce qu'il aurait fallu ériger pour non seulement
accompagner la démographie du nombre de foyers, mais aussi conserver
une bonne fluidité du marché du logement pour accompagner les
migrations géographiques et le renouvellement des unités
devenues insalubres. Et si il y a aujourd'hui environ 1,9 Millions de
logements vacants, seuls un petit quart d'entre eux le sont du fait de
propriétaires qui ont volontairement retiré un logement sain du
marché, généralement après une expérience
malheureuse avec un locataire indélicat. Les autres sont des
unités soit insalubres, soit en indivision en attente de
règlement de divorce ou de succession, soit en cours de
rénovation entre deux locations, soit situées là
où le besoin est plus faible...
Les raisons en
sont simples: le marché du locatif a été tué par
une fiscalité abusive et les lois
Quilliot (contrôle des loyers) au début des
années 80 (remplacées
depuis par les lois Mermaz Malandain, elles mêmes amendées, de
même philosophie, en à peine plus soft...), et reste
totalement indésirable pour les investisseurs aujourd'hui, sauf
carottes fiscales dont on sait qu'elles favorisent le sur-investissement dans les villes à faible tension
locative, et ne permettent pas de financer le
surcoût de la rareté dans les agglomérations les plus
tendues. Quant à l'acquisition, la rareté foncière induite
par des règlements anti-construction de plus en plus draconiens en
rend le prix trop élevé pour tous les ménages modestes.
Et le traitement "social" du mal logement par les HLM, vous savez ce que j'en pense !
Le cas des
propriétaires de mobil homes bitterois est symptomatique de l'ineptie
des pouvoirs publics, qui édictent une loi littoral qui multiplie le
coût du foncier littoral par 10, permettent tout de même, (dans des conditions qui auraient mérité
investigation
?), l'édification de mobil homes touristiques, puis
s'étonnent qu'environ 10% des propriétaires de ces mobil homes,
chassés du logement "normal" par la hausse des prix et la
paupérisation salariale, viennent habiter leur mobil home, et
décrètent un beau jour que ces gens, à qui on
dénie le droit de construire en dur sur des parcelles pourtant
viabilisées et qui leur appartiennent, doivent détruire leur
seul logement, car le préfet, par application des lois
environnementales, veut rendre la zone à l'état "de pure
nature". Les 500 familles mises à la rue peuvent pleurer les
dizaines de milliers d'euros investis dans un logement de fortune et un
terrain qui, par décision administrative, ne valent plus rien. Bon,
maintenant que ceux là sont passés à la
télévision, ils ont un petit espoir de voir leur situation
évoluer dans le bon sens. Mais quid des milliers de familles dans des
situations similaires ailleurs ?
Nous ne sortirons
de cette crise du logement en libéralisant le foncier et en redonnant
de la sécurité juridique à l'investissement locatif
privé. Ces mesures ont un coût budgétaire proche de
zéro, et feront beaucoup plus que n'importe quel plan Boutin ou amendement Scellier pour
permettre aux familles modestes de retrouver un toit digne de ce nom, et
avec, l'espoir de revivre une vie normale.
Et, pour
gérer la transition, il faut intégrer au cadre juridique
légal le "logement de secours", fut il peu respectueux des
normes de salubrité et de confort actuelles, afin d'éviter,
dans les 3 à 5 ans que durera le retour à la normale dans un
cadre libéralisé, que les familles en difficulté n'aient
affaire à des quasi mafieux pour trouver un toit. La
libéralisation du foncier et de la construction permettra sous
quelques années de supprimer du marché par
"sélection naturelle" tous les logements indignes qui sont
actuellement la seule solution accessible à bien des gens, à
leur corps défendant.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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