Ce discours a été prononcé
le 15 septembre 2012 lors d’un séminaire sponsorisé par le Département
d’Italien de l’Université de Columbia en association avec l’Institut Ludwig
von Mises.
Alors que se développait le
courant libertarien dans la société Américaine ces quelques dernières
années, les attaques et les caricatures contre le mouvement se sont
multipliées. Les libertaires, nous dit-on, sont des antisociaux qui préfèrent
l’isolation à l’interaction avec les autres. Ils sont avides, et ne se
soucient que très peu de la souffrance du pauvre. Ils sont naïfs devant nos
plus dangereux ennemis, et refusent d’accomplir leur devoir patriotique
qu’est le soutien de leur gouvernement en temps de guerre.
Il suffit cependant de définir
ce qu’est le mouvement libertaire pour dissiper ces caricatures et idées
fausses. L’idée libertaire est basée sur le principe fondamental de
non-agression. Personne n’a le droit d’utiliser la force contre quiconque.
Rien d’antisocial dans tout
ça. Bien au contraire, c’est le refus de ce principe qui est antisocial,
puisque les interactions pacifiques sont au cœur de la société civilisée.
Au premier abord, personne ne
peut réellement s’opposer à la notion de non-agression. Très peu de gens
supportent ouvertement les actes d’agression à l’encontre de partis
pacifiques. Mais les libertaires appliquent ce principe à tous, à tous les
acteurs de la société, qu’ils soient publics ou privés. Notre idée va bien
au-delà d’une simple suggestion de non-violation des lois morales par l’Etat.
Nous demandons à ce que l’Etat n’ait pas le droit de faire ce qui est
interdit à un individu. Les normes morales existent pour tous, ou elles
n’existent pas du tout.
Nous ne pouvons accepter le
kidnapping d’Etat simplement parce qu’il est appelé conscription. Nous ne
pouvons permettre l’incarcération des citoyens qui ingèrent les mauvaise
substances, simplement parce qu’on appelle ça la guerre contre la drogue.
Nous ne pouvons accepter le vol simplement parce qu’il est appelé imposition.
Et nous ne pouvons accepter le meurtre parce qu’il est appelé politique
étrangère.
Murray Rothbard, qui a obtenu
son doctorat dans notre institution en 1956 et est aujourd’hui connu sous le
nom de Mr Libertaire, a dit lui-même qu’il est possible de découvrir la
position libertaire sur quelque sujet que ce soit en imaginant un groupe de
criminels perpétrer l’action en question.
En d’autres termes, le
mouvement libertaire regroupe des principes moraux et politiques partagés par
un très grand nombre de personnes et les regroupe de manière consistante.
Par exemple, les gens
s’opposent au monopole parce qu’ils craignent une augmentation des prix, une
dégradation de la qualité des produits, et la centralisation du pouvoir qui
l’accompagne.
Les libertaires appliquent
cette vision du monopole à l’Etat. Après tout, les sociétés privées, que nous
sommes supposés craindre, ne peuvent pas demander n’importe quelle somme en
échange de leurs biens et services. Les consommateurs peuvent simplement se
tourner vers d’autres fournisseurs ou trouver des substituts à leurs
produits. Les sociétés ne peuvent pas s’engager dans un processus de
détérioration qualitative sans perdre de clients, qui peuvent simplement
décider de se tourner vers la concurrence.
Mais l’Etat peut, par
définition, demander au public de payer n’importe quelle somme en l’échange
de ses fameux services. Ses sujets doivent accepter le niveau de qualité que
l’Etat daigne leur offrir. Il ne peut par définition jamais y avoir de
compétition face à l’Etat, puisque l’Etat se définit comme le monopoliste
territorial de la contrainte.
Avec ses guerres, ses
génocides et ses atrocités totalitaires, l’Etat s’est prouvé être
l’institution la plus meurtrière de l’Histoire. Parmi ses moindres crimes,
citons notamment la crise de la dette, les bureaucraties qui
s’auto-perpétuent et se nourrissent de la population productrice, ou encore
le gaspillage des ressources – qui auraient autrement pu améliorer le niveau
de vie au travers de la formation de capital – dans le cadre de projets
arbitraires ou à caractère politique.
L’Etat, malgré ses échecs,
bénéficie encore d’un bénéfice du doute que personne n’oserait accorder aux
acteurs et sociétés du secteur privé. Pour citer un exemple, les résultats de
l’éducation sont lamentables malgré d’énormes dépenses et de moins en moins
d’élèves par classe. Si le secteur privé avait persisté face à un tel
désastre, nous n’entendrions aujourd’hui plus que parler de dénonciations de
malfaiteurs très riches qui s’efforcent de garder nos enfants ignorants.
Quand le secteur gouvernemental s’en sort si mal, tout le monde garde le
silence. Un silence toutefois interrompu par des demandes d’obtention de
toujours plus de ressources par l’Etat.
Il y a des années, alors que
John Chubb, de l’Institution Brookings, tentait de découvrir combien de
bureaucrates étaient employés par le système scolaire de New York, il lui a
fallu passer six coups de téléphone pour tomber sur quelqu’un qui connaissait
la réponse à sa question – et qui n’était malheureusement pas autorisée à lui
fournir cette information. Il lui a fallu passer une douzaine de coups de
téléphone supplémentaires pour tomber sur quelqu’un qui connaissait la
réponse à sa question et était autorisé à la lui fournir. Quelle
était-elle ? Six-mille.
Chubb a ensuite contacté
l’archidiocèse de New York pour savoir combien de bureaucrates étaient
employés par les écoles Catholiques de la ville, responsable de l’éducation
de mille enfants. Lorsque la personne au bout du fil lui a indiqué ne pas
connaître la réponse à sa question, il a pensé qu’il lui faudrait à nouveau
passer d’innombrables coups de téléphone. Mais la personne lui a finalement
dit « Attendez, je vais compter ». La réponse était vingt-six.
Imaginez maintenant la
situation inverse, et que le système scolaire principal ait été le système
privé. Les enquêtes, les rapports médiatiques et l’outrage public ne
prendraient jamais fin. Mais quand l’Etat est jugé coupable, personne ne semble
intéressé, et personne n’en entend même parler.
De la même manière, lorsque la
cour du gouvernement force des partis innocents à endurer d’interminables
délais et des coûts insurmontables, personne ne mène l’enquête ou ne demande
justice. Quand les riches et les célèbres sont ouvertement favorisés par le
système, tout le monde l’accepte comme s’il s’agissait d’une réalité de la
vie. Les sociétés d’arbitrage privées continuent de se développer et de venir
combler les terribles manques du système judiciaire étatique – et personne ne
s’en rend compte, personne n’apprécie les améliorations qu’elles apportent à
notre bien-être.
Le gouvernement des Etats-Unis
a commis des atrocités inimaginables au cours de ces dix dernières années,
qu’il a justifiées grâce à une propagande que personne autour du monde, si ce
ne sont les plus naïfs des Américains, n’a pu prendre au sérieux. Si K-Mart
en avait fait de même, tous les partis impliqués auraient été condamnés, et
les responsables emprisonnés sinon exécutés.
Le gouvernement convainc aussi
les individus qu’ils sont sur un pied d’égalité avec lui, que les guerres que
mène leur gouvernement sont leurs guerres, que ses conflits nous impliquent
tous. Le compas moral des gens se brouille à mesure qu’ils s’identifient, ainsi
que leur bonté personnelle, aux conflits dans lesquels leur gouvernement est
engagé.
Pour le libertaire, les
guerres menées par le gouvernement n’ont rien à voir avec la guerre d’une
société avec une autre, mais avec celle d’un gouvernement contre un autre.
L’autre face de la pièce
austro-libertaire est bien évidemment l’école autrichienne d’économie.
L’école autrichienne a connu
une véritable renaissance depuis la panique de 2008, dans la mesure où les
économistes appartenant à cette tradition vénérable ont su prédire ce qui
allait se passer – malgré les promesses officielles du contraire, que ce soit
de la part des médias, de la classe politique et de la réserve fédérale
elle-même. Grâce à internet, il est désormais impossible pour l’opinion
officielle de taire les voix dissidentes.
L’école autrichienne, rendue
officielle par le livre écrit par Carl Menger en 1871 et intitulé Principles
of Economics, est parfois
confondue avec d’autres écoles de pensées associées au marché libre. Mais
dans ses méthodes, ses théories des prix, ses théories du capital et ses
théories des cycles économiques, elle se distingue de ces autres écoles de
pensée et s’y oppose bien souvent.
Elle est solidement réaliste
et se base sur les acteurs individuels et leurs décisions et préférences.
Elle cherche à comprendre les prix du monde réel, et pas ceux d’un équilibre
qui ne peut exister nulle part si ce n’est dans l’esprit d’économistes.
Ce sont les Autrichiens qui
ont résolu le problème auquel se sont heurtés les économistes classiques,
dont la théorie des prix ne parvient pas à déterminer pourquoi l’eau, qui est
si chère à la vie, ne coûte virtuellement rien sur le marché alors que les
diamants, qui ne sont rien de plus qu’un produit de luxe, coûtent tant.
Ce sont également les
Autrichiens qui ont prédit la Grande dépression à une heure où les discours
officiels clamaient que les cycles économiques avaient disparu à jamais, qui
ont prédit l’explosion de la bulle sur la dot-com alors que le directeur de
la Fed Alan Greenspan nous expliquait que les phases de croissance n’étaient
pas nécessairement suivies par des phases de récession, et qui, comme je l’ai
déjà dit, ont prédit les récentes crises alors que les régulateurs supposés
maintenir la stabilité de l’économie décrétaient qu’il n’y avait pas de bulle
sur l’immobilier et que les lois fondamentales du marché étaient saines.
Une caricature très célèbre
veut que les avocats du marché libre pensent que le marché permet à un
équilibre social parfait, quoi que cela veuille dire. Dans un monde
d’incertitudes et de changements constants, aucun système ne permet un
résultat parfait. Aucun système ne permet de s’assurer que la structure de
production dans son ensemble s’ajuste instantanément à l’allocation de
capital qui permet de fournir exactement ce que désire le public tout en
bénéficiant de moindres coûts en termes d’opportunités perdues.
Nous pensons qu’aucun système
compétitif ne peut effectuer de meilleur travail que le marché. Seuls les
acteurs du marché peuvent allouer des ressources de manière non-arbitraire,
parce qu’il n’est pas possible d’évaluer une action en fonction du principe
de profit et de perte ailleurs que sur le marché. C’est ce que les
Autrichiens appellent le calcul économique.
Comme l’a expliqué Ludwig von
Mises en 1920, c’est la raison pour laquelle le socialisme ne pourrait pas
fonctionner. Sous un régime socialiste comme nous l’imaginons
traditionnellement, l’Etat est le propriétaire des moyens de production. Si
l’Etat possède les moyens de production, alors il est impossible de les
acheter ou de les vendre. Sans achats ni ventes, les prix ne peuvent pas être
déterminés. Et sans prix, les planificateurs centraux ne peuvent pas allouer
rationnellement les ressources. Ils ne peuvent pas déterminer si un processus
de production particulier devrait utiliser dix unités de plastique et neuf
unités de bois de charpente ou dix unités de bois de charpente et neuf unités
de plastique (si d’un point de vue technologique, aucune différence n’est
faite entre les deux combinaisons). Sans prix grâce auxquels comparer des
biens tels que le bois de charpente et le plastique, ils ne peuvent pas
connaître l’importance de la demande pour chaque produit. Multipliez ce
problème par le nombre infini de combinaisons de facteurs productifs et vous
comprendrez la situation impossible à laquelle se heurte la planification
centrale.
Et même les Etats qui ne sont
pas socialistes ont un problème de calcul économique. Puisqu’ils opèrent sans
mécanisme de recensement de profits et de pertes, ils n’ont aucun moyen de
déterminer s’ils ont alloué des ressources en accord avec les préférences des
consommateurs et à moindre coût. Bien au contraire, pour ce qui est de quoi
produire, en quelles quantités et de quelle manière, leurs décisions ne
prennent pas en ligne de compte l’économie sociale. J’entends par là le processus
par lequel il est possible d’achever le meilleur objectif en termes de
valeur.
Si nous voulons nous assurer
que les ressources ne soient pas gaspillées ou utilisées de manière
arbitraire, nous devons les garder hors de la portée de l’Etat.
Strictement parlant, l’école
autrichienne d’économie n’a rien à voir avec l’école de pensée libertaire.
L’économie, comme le disait Ludwig von Mises, n’a pas de valeur. Elle décrit
plutôt qu’elle ne prescrit. Elle ne nous dit pas ce que nous avons à faire.
Elle ne fait qu’expliquer les divers phénomènes que nous pouvons observer,
depuis les prix jusqu’aux taux d’intérêt, et nous apporte des analyses de
cause à effet qui nous permettent de comprendre les conséquences d’une
interférence forcée avec les achats et les ventes volontaires des individus.
De la même manière, les
connaissances que nous apporte de l’école autrichienne impliquent que
certaines décisions sont plus désirables que d’autres du point de vue du
bien-être humain. Entre autres choses, nous apprenons de l’école autrichienne
que les décisions d’allocation de l’Etat ne peuvent pas être économiques d’un
point de vue social. Nous en apprenons que les désirs des consommateurs sont
mieux servis par le système de détermination libre des prix, qui dirige les
décisions de production au travers de la structure de capital en accord avec
ce que demande la société. Et nous en apprenons que l’interférence de l’Etat
avec la monnaie, la ressource qui forme la moitié de nos échanges hors-troc,
est à l’origine de la dévastation que sont les cycles économiques.
Dans l’esprit de Rothbard, le
mouvement austro-libertaire prend le principe de non-agression développé par
le mouvement libertaire et l’accorde à la description que fait l’école
autrichienne de l’économie de marché libre. Le résultat en est une manière
élégante et fascinante de comprendre notre monde, qui a son tour nous apporte
l’urgence morale et matérielle d’établir une société libre.
Le séminaire d’aujourd’hui est
basé sur la question du pouvoir et de l’Etat du point de vue
austro-libertaire, mais également de celui de Nicolo Machiavel, historien,
théoricien politique et conseiller de princes de la fin du quinzième et du
début du seizième siècles. La plupart des gens le connaissent grâce à son
idée développée dans son livre intitulé Le
Prince, et non pour ses autres travaux plus longs et certes plus
substantiels dont entre autres Discourses
on Livy et son histoire de Florence. Je me suis largement inspiré de
son œuvre Le Prince pour mes remarques d’aujourd’hui.
Les moralistes Romains de
l’antiquité, et les humanistes de la Renaissance qui s’en sont inspirés,
demandaient à ce que les souverains disposent d’une certaine série de vertus.
Elles consistaient principalement en les quatre vertus cardinales – du mot
Latin signifiant charnière – que sont le courage, la justice, la tempérance
et la sagesse. Tous les Hommes devaient cultiver ces vertus, mais les Princes
étaient tenus de les respecter plus que quiconque, en parallèle à la
magnanimité et la libéralité. Ces thèmes sont développés dans les œuvres de
Cicéron De
Officiis, ou On
Duties, et de Seneca On
Clemency et On
Benefits.
Les humanistes ont anticipé la
thèse qu’a plus tard développée Machiavel, qui veut qu’il existe une division
entre la moralité d’une part et de ce qui apparaît convenable aux yeux du
prince de l’autre. Ils y ont répondu en disant que si la méchanceté d’un
prince n’est pas punie au cours de sa vie, le châtiment divin n’en est pas moins
certain.
La raison pour laquelle
Machiavel se détache des autres est la divergence de son opinion avec les
obligations morales traditionnelles des princes. Comme son étudiant Quentin
Skinner l’a souligné, « En lisant Le Prince, nous nous apercevons
que la morale humaniste est violemment infirmée ».
Le prince, selon Machiavel,
doit toujours être préparé à agir immoralement si nécessaire. Et en vue de
maintenir son pouvoir, il se trouve souvent forcé de commettre des trahisons
et d’agir de manière inhumaine.
Une majorité des gens
n’interagissent pas directement avec le prince, d’où l’idée développée par
Machiavel que tout le monde sait ce que le prince paraît être, mais que
personne ne fait l’expérience directe de ce qu’il est réellement. « Un
traitre adroit trouve toujours quelqu’un susceptible de se laisser
duper ».
Il est coutumier de dire que
Machiavel conseillait aux princes de rester vertueux tant que possible, et de
ne pas perpétrer le mal à leurs propres fins. Machiavel développe cet
argument dans le chapitre 15 de Le Prince. Mais il explique aussi
qu’une conduite considérée vertueuse par la morale traditionnelle ne peut
parfois que sembler vertueuse, et que les comportements diaboliques qui
visent au maintien du pouvoir d’un prince ne font que sembler vicieuses.
Skinner se pose la question
que se pose tout historien lorsqu’il se trouve face à ces prétentions
morales, et y répond ainsi :
Mais qu’en est-il de l’idée
Chrétienne que c’est là une position absurde et pernicieuse à adopter,
puisqu’elle laisse de côté l’idée de jugement dernier lors duquel toutes les
actions seront jugées ? Machiavel ne dit rien sur ce point. Son silence
est éloquent, il s’est répercuté aux quatre coins de l’Europe, qui est
d’abord tombée dans un silence consterné avant de mugir une exécration qui
n’a jamais vraiment été tue.
Le point de vue de Machiavel a
été résumé par l’idée que la fin justifie les moyens. Une telle distillation
ne capture pas tous les aspects de la pensée de Machiavel, ce qui irrite
grandement les professeurs de théorie politique. Mais si la fin est la
préservation du pouvoir du prince, l’idée que la fin justifie les moyens
n’est pas une description injuste des conseils de Machiavel.
Ce principe est ce que à quoi
a recours l’Etat collectiviste pour justifier ses propres déviations de ce
que les gens considèreraient autrement comme bon et moral. F. A. Hayek a
écrit que « l’idée que la fin justifie les moyens est observée par
l’éthique individualiste comme le refus de toute morale. L’éthique
collectiviste en fait sa règle suprême. Il n’y a rien que le collectiviste ne
puisse faire si ce qu’il fait permet de servir le bien de l’ensemble, parce
que le bien de l’ensemble est à ses yeux l’objectif ultime ». L’éthique
collectiviste « ne connaît pas de limite autre que celle de la
convenance – l’aptitude d’une action particulière à achever une fin ».
Tout le monde accepte
aujourd’hui, du moins implicitement, l’idée que des règles morales
différentes s’appliquent à l’Etat ou que d’une manière ou d’une autre, l’Etat
soit au-dessus de toute morale. Même si personne n’utilise mot pour mot les
théories de Machiavel, tout le monde pense qu’il n’est pas raisonnable de
demander à l’Etat et à ses fonctionnaires de se comporter comme le reste
d’entre nous. L’Etat doit se préserver par des moyens qu’aucun individu,
aucune entreprise ou aucune organisation ne serait autorisé à employer pour
sa propre préservation. Et nous trouvons cela normal.
Ce n’est que l’expression
générale du phénomène décrit plus haut, qui explique pourquoi personne ne dit
mot lorsque l’Etat commet des crimes qui seraient considérés comme des
énormités s’ils étaient commis par une autre personne ou entité.
Certains peuvent penser que
l’appareil d’Etat coercitif est important pour l’ordre social, et que nous ne
pouvons pas insister sur la pureté de la pensée libertaire lorsque nous
évaluons ses actes. L’Etat fait ce qu’il a à faire.
Les fameux services que nous
offre l’Etat ont autrefois été fournis par d’autres moyens que par la
contrainte. Nous ne sommes simplement pas encouragés à l’apprendre, et le
mode de pensée que nous adoptons dès l’école rend notre imagination trop
étroite pour pouvoir le concevoir.
Machiavel est à l’origine
d’une révolution qu’est celle de l’Etat. La nôtre est la révolution contre
l’Etat, en faveur de la paix, de la liberté et de la prospérité.
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