Notre pays va mal, organisé sur un mode
corporatiste, cogéré par la sphère politique et
administrative, les grands groupes industriels et financiers et des syndicats
au service des corps privilégiés.
Le chômage et les impôts sont au plus
haut, la dette met en gage notre futur, l’État nous dicte
directement ou indirectement plus de la moitié de nos choix et peut
espionner à sa guise nos échanges.
La « chose publique » se
résume à cette régulière déception
qu’est le vote et à la protection des passe-droits par les
syndicats et les lobbys. Le cynisme triomphe, la vie civique meurt.
Qui va nous sortir de cette situation ?
Les réformateurs soulignent que l’État
se montre incapable de s’occuper de notre santé, de notre
retraite et de l’instruction de nos enfants, alignant les faillites et
les échecs, un gouvernement après l’autre.
Les réformateurs révèlent sans
cesse l’érosion de nos droits, le matraquage fiscal, la
dépense publique inefficace, l’obsession textuelle des
législateurs et l’aventurisme militaire de nos dirigeants.
Mais les réformateurs ne font pas que
dénoncer. Ils offrent aussi une alternative optimiste pour notre pays.
Il est bien naïf d’attendre des
politiciens, des bureaucrates et des défenseurs autoproclamés du
peuple qu’ils nous sauvent, responsables qu’ils sont de la chute
de notre pays. Il est bien défaitiste de croire qu’il faut tout
attendre de l’État et que les citoyens n’ont pas les
moyens de changer les choses.
Notre attention excessive envers l’État
nous fait ignorer la société, nos concitoyens, nos
frères. Elle a substitué le vote à l’action, la
taxe à l’entraide, affaiblissant cette impulsion humaine innée
qui nous pousse à s’intéresser et à épauler
nos semblables.
Nous sommes témoins d’une agression. Nous
n’intervenons plus et nous nous demandons ce que fait la police.
Nous voyons une école en
situation d’échec, nous nous demandons pourquoi l’État
n’y remédie pas.
En empêchant ainsi l’affermissement de
nos liens sociaux, la vie démocratique moderne nous a rendus anomiques
et anémiques. C’est à nous de prendre soin des autres et
de nous-mêmes.
Quelle société voulons-nous ?
Précisément le remède à
cela : une vie faite d’associations volontaires, dans toute leur incroyable
richesse et leur déconcertante profusion.
Travailler volontairement pour le
bénéfice de chacun, voilà la méthode de
changement social des réformateurs.
C’est parce que nous doutons des motivations
et de l'efficacité du gouvernement que nous voulons donner aux gens
une chance d'atteindre leur plein potentiel. C’est parce que le pouvoir
de l’État s’étend que nous voulons une
société active. C’est parce que la coercition politique
corrompt l'esprit humain que nous voulons bâtir un monde de nos mains.
Nous mettons au centre la personne, travaillant avec
ses égales dans des associations délicatement foisonnantes et
interconnectées qu'elles ont conçues dans leurs efforts pour
résoudre leurs problèmes.
À nous de tracer notre chemin, d’expérimenter
et de réinventer la vie avec qui bon nous semble.
Nos relations volontaires directes, puissamment
basées sur un solide lien moral, tissées d’obligations
réciproques, d’organisations sophistiquées et de rapports
complexes seront de bon gré négociées et volontairement terminées.
À quoi ressemblera cette société ?
Les personnes vivront ensemble, par consentement
mutuel, sans avoir besoin d’’autorisation d’un organisme
extérieur. Elles enverront leurs enfants dans des écoles qu'elles
auront choisies, dont elles approuvent les programmes. Quand elles sortiront,
elles ne prendront pas de pièce d'identité : savoir qui
elles sont, d’où elles viennent et où elles vont ne sera l’affaire
de quiconque. Elles travailleront où elles le veulent, comme elles le
veulent et jouiront pleinement des fruits de leur ouvrage. Elles contribueront
à des œuvres de bienfaisance ou donneront leur temps à des
associations dont elles partagent les convictions et ne seront pas
contraintes de soutenir des causes auxquelles elles s’opposent. Les quelques personnes qui voleront, frauderont ou agresseront seront
poursuivies et, si elles sont reconnues coupables, punies. Mais toutes les
autres pourront chercher leur bonheur à leur façon.
Quelles seront ces écoles, ces emplois, ces
associations ?
Nous aurons toute la vie pour le découvrir. Chaque
personne aura des idées et essaiera de les réaliser, seule et
avec d’autres, compte tenu de leurs talents, de leur conscience et de leur
vision du bonheur.
Le résultat sera une société pacifique,
harmonieuse, dynamique et passionnante dans laquelle des centaines de
millions de personnes vivront chacune à leur manière, articulant
à l’envi leurs activités à celles des autres.
Ce sera aussi une société
prospère, car l’amélioration de la vie des autres en leur
fournissant ce dont elles ont besoin par un système
spontanément élaboré d’investissement et de
charité sera dans l’intérêt de toutes, surtout des
plus démunies.
Ce monde célèbrera enfin les
capacités infinies et infiniment variées de l'esprit humain,
donnant le choix à chacun d’agir, de réussir et de se
réaliser selon leur dessein. Pour une telle société,
rien ne sera impossible.
La conquête de cet idéal est la plus
belle chose qui pourrait nous arriver. Et seuls ceux qui croient en cet
idéal au point de le poursuivre peuvent nous rendre ce qui est
à la fois le legs et l’espoir le plus inestimable : notre
liberté.
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