La ruse économique établie par
la Chine communiste se propage de jour en jour. La formule derrière ce qui
est devenu le grand moteur rouge de la croissance globale est très
simple : imprimer de la nouvelle monnaie, et la canaliser au travers du
système bancaire gouvernemental afin d’encourager les entreprises et les
particuliers à contracter des quantités incapacitantes de dette
non-productive.
Historiquement parlant, les pays
qui ont utilisé cet ersatz économique ont souffert de crises de leur devise
et de leur marché obligataire. Mais le gouvernement de commandement et de
contrôle de la Chine semble toujours être au-devant de la loi économique, et
est jusqu’à présent parvenu à repousser l’inévitable grâce à ses vastes
réserves de devises.
En revanche, ces réserves se
sont taries à mesure que la nation s’est trouvée forcée de vendre ses actifs
en dollars pour défendre la valeur de son yuan. La Banque populaire de Chine
a dépensé des trillions de dollars à ces fins au fil de ces quatre dernières
années.
Afin de soutenir le yuan, la
Chine a déployé un cocktail unique de règlementations et de supercheries de
marché. En plus d’avoir directement manipulé sa devise, imposé des
interdictions de négoce et des contrôles de capitaux, la Chine est allée
jusqu’à simplement inventer des prix pour sa devise.
Le China Foreign Exchange Trade
System, qui est géré par la Banque populaire de Chine, a transformé la
manière dont la devise de la Chine est évaluée chaque matin, et la manière
dont elle peut fluctuer au fil de la journée. Le gouvernement établit
actuellement une valeur arbitraire pour le yuan par rapport à un panier de
devises contre lequel le yuan est ensuite autorisé à fluctuer dans un maximum
de 2% par jour. Nous pourrions croire que la valeur de la devise à
l’ouverture du marché est basée sur sa valeur à la fermeture du marché de la
veille.
Mais le gouvernement chinois
estime tout simplement que le marché fait mal les choses. C’est pourquoi il a
introduit une « variable contra-cyclique ». Le très omniscient
gouvernement de la Chine peut ainsi déterminer librement la valeur de son
yuan à l’ouverture du marché, parce qu’après tout, le gouvernement de la
Chine est très doué pour ce qui est de prétendre comprendre l’offre et la
demande mieux que les millions d’individus qui votent chaque jour avec leur
portefeuille.
Et la manipulation de la devise
chinoise ne s’arrête pas là. Le gouvernement chinois doit aussi faire face
aux yuans offshores. Les investisseurs qui pensent bientôt voir le yuan
perdre de sa valeur ouvrent des positions à découvert en-dehors des
frontières de la Chine. Cela implique l’emprunt de yuans à Hong Kong,
l’échange de ces yuans contre des dollars et leur rapatriement à un taux plus
favorable. Il y a des risques associés à l’emprunt de yuans. Quand ces
risques augmentent, ils peuvent forcer les investisseurs à clôturer leur
position, ce qui a pour effet de forcer le yuan à la hausse.
Ainsi, afin d’écraser les
baissiers, la Chine a ajouté à sa variable contra-cyclique en faisant flamber
les coûts de marge à l’emprunt de yuans offshores et en forçant une
liquidation forcée des positions à découvert. Le taux du Hibor au jour le
jour est passé de 5,35% le 30 mai à 42,8% le premier juin, pour rendre
prohibitif le coût de l’emprunt de nouveaux yuans et forcer de nombreux
spéculateurs hors de leur position. Grâce à cela, la devise chinoise pourra
encore survivre.
Nous vivons dans un monde où la
manipulation des marchés a atteint des proportions sans précédent, et où les
vestiges du marché libre sont très difficiles à dénicher. C’est
particulièrement vrai au travers du monde développé. La Chine fixe un
objectif de PIB, et joue ensuite avec les chiffres économiques pour parvenir
à cet objectif. Elle fabrique des données économiques, et est le premier
fabricant mondial d’actualités alternatives. Elle ne cesse de nous raconter
des histoires et ne fait que prétendre se tourner vers un système plus fondé
sur le marché.
Mais imaginer que la Chine
pourra repousser à jamais les forces économiques reviendrait à défier des
siècles de données qui prouvent le contraire. Les spéculateurs sur le yuan
représentent la dissolution embryonnaire de la confiance en le gouvernement
chinois et sa devise. Le gouvernement de la Chine ne pourra manipuler que
pendant un temps le message reçu par le marché.
Le dollar jouissait par exemple
de la pleine confiance du public suite à la seconde guerre mondiale et aux
accords de Bretton Woods. Mais l’impression monétaire du début des années
1970 a poussé le gouvernement à abandonner la parité du dollar avec l’or, et
une stagflation s’est installée. Même l’Empire romain n’a pas pu contenir
indéfiniment les forces de l’inflation.
La dissolution de la confiance en
les gouvernements et leurs devises fiduciaires ne survient pas en un jour.
Mais l’Histoire nous montre que les marchés ont toujours le dernier mot, et
que les gouvernements sortent toujours perdants. La réalité triomphe toujours
sur la fiction. Le conte que nous chante la Chine prendra un jour fin. Et
cette fin pernicieuse sera partagée par l’euro et le dollar. Ceux qui
souhaitent y échapper devraient allouer leur capital à l’or.