Les élections municipales approchent et avec elles, tout ce que la France compte de politiciens de seconde zone ressortent, frétillants à l’idée de faire parler d’eux ; en plus des éternels chevaux de retour dont les Français ne parviennent décidément pas à se débarrasser, d’homériques batailles se jouent déjà lorsque des petits nouveaux tentent de déboulonner des vieux caciques. À Paris, c’est même devenu une foire d’empoigne tant les candidats se multiplient.
À tel point que, pour arriver à exister dans la déferlante de petites phrases que les uns jettent en pâture aux journalistes et aux autres candidats, les promesses de campagne s’accumulent comme jamais et la distribution de pognon des autres n’a jamais été aussi forte qu’actuellement dans la capitale, enjeu de toutes les convoitises.
Et pour la maire sortante, c’est devenu une véritable braderie d’un peu tout : Anne Hidalgo empile les promesses à tour de bras, avec un appétit et une vivacité qui n’ont d’égal que la stupidité des propositions.
Ainsi, si elle est réélue, l’édile de Paris promet de rendre les transports gratuits pour les moins de 18 ans, ce qui est, on en conviendra, un cran au-dessous de la proposition précédente (la gratuité totale des transports pour tous), jugée infaisable d’autant que le problème actuel des transports en commun parisiens n’est pas tant leur prix que leur absence presque totale de toute fiabilité, ces derniers oscillant d’une grève aux accidents voyageurs en passant par les incidents techniques divers, variés et quasi-permanents.
Bien évidemment, cette gratuité pour les mineurs sera d’autant plus facile à mettre en place qu’un nombre croissant de ces derniers fraudent allègrement, ce qui ne déséquilibrera donc pas plus qu’actuellement les comptes nationaux déjà catastrophiques de la RATP. Il n’en reste pas moins que le contribuable parisien sera, comme d’habitude, mis à contribution obligatoire. Joie, bonheur et impôts locaux dodus.
S’ajoute à cette promesse la volonté de faire un Paris 100% Vélo compatible, et ce même si de l’aveu de beaucoup, cette proposition ressemble beaucoup à du pipeau de grand chemin. Faire de la circulation à vélo, dans Paris, une circulation « agréable et sans danger » selon Emmanuel Grégoire, directeur de campagne de la candidate, est un but aussi noble qu’inatteignable, à moins de bouter tous les autres transports hors de la ville, les bus et les camions étant les premiers à rouler sur les cyclistes dont la mortalité, à Paris, est en hausse.
Dans ce manège municipal qui devient de plus en plus grotesque, c’est cependant avec sa dernière promesse en vogue que le pompon est largement décroché, avec tout le Mickey et une partie de la sono qui pulse la mauvaise disco-pop servie pour ambiancer torridement cette pénible échéance électorale : Anne Hidalgo promet ainsi de « lever » jusqu’à 20 milliards d’euros pour loger les classes moyennes.
Ici, on se rappellera qu’il s’agit d’argent public et non de startup, et que « lever » s’apparente plus à une levée de nouveaux impôts qu’une levée de fonds auprès de capitalistes et de « business angels ». On regrettera en outre que les petits bras de l’édile ne l’aient pas poussée à dire 100 milliards plutôt que 20. Après tout, ces promesses n’engagent que les contribuables et leurs poches sont profondes.
Ceci posé, il s’agit donc de mobiliser des sommes relativement coquettes pour ne surtout pas rembourser la dette pourtant assez volumineuse de la ville mais pour ajouter des contraintes et des effets de bord sur un marché immobilier parisien déjà largement encombré : l’idée consisterait à permettre à des locataires qui ne relèvent pas forcément du logement social de bénéficier d’un appartement dans Paris moyennant un loyer « inférieur d’au moins 20% au marché » en utilisant les fonds d’une « Société immobilière pour le logement abordable » (mais pas « durable », « écoconscient » ou « recyclable » comme on aurait pu s’y attendre).
Il va de soi que les achats qu’elle fera n’auront aucun impact sur le marché déjà existant et que les prix ne s’adapteront pas à l’entrée sur ce marché d’un acteur d’une taille notable. L’idée semble avoir germé chez Ian Brossat, l’adjoint d’Anne Hidalgo toujours aussi ouvertement communiste, ce qui expliquera amplement le désastre observable une fois qu’elle sera mise en place et dont personne ne voudra bien sûr prendre alors la responsabilité.
20 milliards par-ci, des transports gratuits par là, et des vélos partout… Il ne manque vraiment plus qu’un poney offert pour chaque Francilien – c’est carbone-neutre et ça rappellera Paris du début du siècle …précédent, dans lequel les équipes municipales actuelles tentent de nous propulser avec toujours plus de vigueur – et, enfin, Paris pourra redevenir Paris (enfin si les camarades antispécistes le permettent).
En attendant et sans claquer 1, 6 ou 20 milliards, on se demande un peu ce que l’actuelle maire de Paris entend faire concernant la délinquance et la criminalité parisienne qui explosent (au point qu’elle ait elle-même « tiré la sonnette d’alarme »), d’autant qu’elle ne compte pas vraiment mettre en place une nouvelle police municipale.
Autrement dit, on trouve donc pléthore de promesses idiotes, financièrement intenables et déjà farcies d’effets de bord indésirables, mais rien de raisonnable concernant les problèmes actuels, palpables, documentés, d’hygiène et de sécurité dans cette épave qu’elle laisse après six ans d’occupation du poste.
Mais le pire dans la situation actuelle est que, même face au désastre qu’est devenue Paris, la ville risque bel et bien de se cogner un nouveau mandat des mêmes tromblons municipaux. Les adversaires actuels ne sont en effet que des canifs usés ou des couteaux à beurre doux auquel il manque le manche et dont les propositions, relevant le défi d’être encore plus consternantes que celle d’Hidalgo, rendent crédible une petite victoire des actuels sortants.
En somme, malgré l’accumulation de propositions délirantes, Hidalgo pourrait bien être réélue. La catastrophe serait alors qu’elle respecte ses promesses de campagne…