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Internet a indiscutablement ouvert de nouveaux horizons pour la
liberté d’expression. Cette liberté individuelle
qu’il faut préserver a également sa raison
d’être et son utilité économiques dans notre vie
quotidienne.
On trouve ainsi sur le site de la Fnac des évaluations
d’écrans plats ; des livres sont aussi commentés et
notés par les lecteurs sur celui d’Amazon et des
cinéphiles peuvent dire ce qu’ils pensent d’un film ou de
la prestation d’un acteur ou d’une actrice sur www.allocine.fr.
Ces avis donnés par des internautes peuvent être une source
appréciable d’information et peuvent nous aider à prendre
nos décisions ainsi que trouver le bien ou le service qui correspond
le mieux à ce que nous cherchons.
Imaginez maintenant que les auteurs de livres, les producteurs
d’écrans plats, de films ou de n’importe quel autre bien
ou service, mécontents des avis des utilisateurs et de leurs notes,
décident de faire appel aux pouvoirs publics pour nous empêcher
d’exprimer ce que nous pensons de leurs produits ou de leurs
prestations ?
En plus de bafouer notre liberté d’expression, une telle
décision aurait également des conséquences
néfastes pour nos décisions économiques de tous les
jours.
Elle nous priverait d’une source potentielle d’informations qui
peut même dans certains cas s’avérer être la seule
disponible pour nous éclairer dans nos choix.
Pire, en entravant la circulation de l’information dans la
société, elle empêcherait les gens d’être
mieux informés sur les inconvénients et les défaillances
de tel ou tel produit ou service, affaiblissant par la même occasion la
concurrence entre producteurs et prestataires.
Si personne n’a encore attaqué les différents sites pour
avoir noté des écrans plats, des MP4 ou même des
« biens culturels » comme les livres ou les films, il
n’en est pas de même dans le domaine de l’éducation,
où pourtant les parents ont terriblement besoin d’obtenir plus
d’informations – et où parfois ils ne peuvent faire
autrement que de choisir l’école de leurs enfants en fonction
des rumeurs qui courent à leur sujet.
Un groupe de professeurs, appuyé par les syndicats
d’enseignants, a en effet lancé une pétition et
demandé aux pouvoirs publics leur « soutien pour obtenir la
fermeture du site note2be ». Ce dernier offrait une plateforme aux
élèves et aux parents d’élèves pour
évaluer et noter le travail des professeurs dans les différents
établissements en France. Une décision de justice vient
d’y mettre fin, le 3 mars dernier, en ordonnant au site la suspension
de « l'utilisation de données nominatives d'enseignants aux
fins de leur notation et leur traitement ».
L’initiative avait aussi été condamnée par le
ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, précisant que les
fonctionnaires de l’Éducation nationale seraient les seuls
habilités à évaluer les enseignants. Mais que faire si
en tant que parent vous n’êtes pas du même avis et que
cette évaluation ne vous convient guère ? Cette
autoévaluation ne serait-elle pas aussi inutile que si on donnait
à une association d’écrivains l’exclusivité
d’évaluer la qualité des livres en France et à une
association de producteurs celle de noter les films projetés dans le
pays ?
Les établissements scolaires, et les professeurs qui y enseignent, ont
longtemps été protégés de la concurrence par la
carte scolaire en France au détriment des parents qui n’avaient
pas le choix. Maintenant que la carte scolaire n’est plus un tabou, les
parents auront de plus en plus besoin d’informations pour faire, dans
la mesure du possible, le meilleur choix d’école pour leurs
enfants.
Dans plusieurs pays des sources indépendantes aident depuis longtemps
les parents dans cette démarche, à l’image du Canada
où par exemple un bulletin évalue la performance des
écoles secondaires et établit un classement des
établissements par province. Ainsi, la très large
majorité des Québécois – plus des deux tiers
– reste non seulement favorable à une telle publication, mais
trouve qu’elle aide dans le choix de l’école et favorise
la concurrence entre les établissements. Des palmarès existent
par ailleurs aussi en France pour les grandes écoles et pour les
lycées.
Des initiatives comme celle du site note2be s’inscrivent dans cette
tendance. Elles fournissent une nouvelle opportunité sur Internet
d’échange d’informations entre parents et
élèves en France. N’oublions pas que ce sont eux qui sont
les bénéficiaires directs des services d’éducation
et qui en paient le prix fort quand celle-ci est mauvaise ou inadaptée
!
C’est à eux – et non pas au tribunal, au Ministre, aux syndicats
ou aux enseignants évalués – de décider par une
adhésion et des visites régulières, si le site note2be
apporte ou pas de la valeur ajoutée et s’il doit être
fermé ou pas !
Valentin
Petkantchin
Institut
Economique Molinari
Valentin Petkantchin est directeur de la recherche
de l’Institut Economique Molinari, un organisme de recherche et
d'éducation visant à entreprendre et à stimuler
l'approche économique dans l'analyse des politiques publiques. Il a
été baptisé du nom de Gustave de Molinari,
économiste et journaliste franco-belge qui a oeuvré toute sa
vie à promouvoir cette approche.
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