(…) :
Première partie : comment
Nixon a fait un doigt d’or au monde
“...la
« guerre totale » du 20ème siècle requit
tout d’abord une « guerre totale » contre les
richesses détenues de manière privée...”
Cela semble être une bizarrerie de
l’histoire que Washington d’après
guerre soit obsédé par ses réserves d’or
nationalisé –une obsession que Ian Fleming a utilisée
dans son Goldfinger en 1959 – et que cette
obsession arrive si tard après ce que les historiens appellent la fin
de « l’Etalon Or Classique ».
En effet, les réserves des banques centrales
ont presque été multipliées par cinq dans les 50 ans qui
suivirent le début de la première guerre mondiale en 1914- la
date traditionnellement retenue pour la fin de l’Etalon Or
International.
Ce système, qui fonctionnait à peu
près depuis la défaite de la France par Bismarck en 1871 et la
révolte sanglante d’Ypres un demi-siècle plus tard, vit
les nations équilibrer entre elles les dettes provenant des balances
commerciales grâce aux lingots. L’or était la monnaie
authentique, et seul l’or (et progressivement moins, l’argent)
était accepté comme paiement. Et tout comme pour les transferts
de fonds domestiques, la vaste majorité des paiements internationaux
était réalisée par des personnes privées
utilisant leur or privé et des certificats complètement
couverts par l’or.
Mais tandis que les gouvernements mondiaux se
mettaient à nationaliser les prestations sociales, l’assurance
maladie, les retraites, les
assurances et les « sommets dirigeants » de
l’industrie, leurs réserves d’or nationalisé croissaient au même rythme.
L’Etalon-or s’enfonça non seulement dans la boue de Verdun
mais aussi dans les coffres détenus et contrôlés par
l’Etat.
Dit d’une autre manière- comme le fit
le membre du parlement Ron Paul devant la Chambre Américaine des
Représentants en février 2006- « bien que la monnaie
se développe naturellement sur le marché, les gouvernements
élargissant leur pouvoir, supposaient un contrôle monopolistique
sur la monnaie ».
Ce monopole du pouvoir n’a fait que se
renforcer depuis que le papier et les photons ont remplacé
complètement l’or comme moyen d’échange. Les
gouvernements et leurs réseaux de filiales des banques centrales ont
fixé le prix, et ainsi la valeur- de ce que nous achetons et vendons
et investissons et dépensons. Et, comme ce contrôle sur la
monnaie est le fait des politiciens et des bureaucrates, ce n’est pas
la peine de souligner de quelle manière la montée des
réserves d’or nationalisé coïncidait
précisément avec la montée du nationalisme politique, du
bellicisme et des contrôles étatiques qui firent éclater
la première guerre mondiale avant de nous conduire aux horreurs de
Nankin, Auschwitz, Stalingrad, Dresde et Hiroshima.
Un massacre ne se fait pas sans victimes
après tout.
Remonter à 1875 et les réserves des banques centrales
“se montaient alors à plus de 1 100 tonnes métriques
“ écrivait Timothy Green dans un article de recherche pour le
World Gold Council, « tandis que les pièces en circulation
approchaient les 3 000 tonnes métriques ». Les citoyens
privés, en d’autres termes, détenaient la plus grande partie
de la richesse du monde industrialisé et l’Etalon Or
International – « un symbole de pratique saine et une
décoration d’honneur et de décence » selon un
historien – avait fait ses débuts par défaut et non par
dessein. C’était tout simplement la manière dont les
individus privés, partout dans le monde, choisissaient de se faire
rencontrer et d’échanger les richesses du monde. La monnaie
nationalisée, à ce stade, n’était qu’une
lueur dans les yeux de ceux qui seraient par la suite des technocrates et des
tyrans.
Vint ensuite 1895, et “ses 6 100 tonnes
métriques de stock monétaire, dont 2 750 tonnes pour les
banques centrales » écrivit Green. « En 1905, la
balance penchait en faveur des banques centrales qui détenaient 4 710
tonnes du stock monétaire total contre 3 916 tonnes pour les stocks
privés. » A la veille de la première guerre mondiale
– après la montée sur trois ans des réserves
faites par le gouvernement- les Etats souverains détenaient environ 8
100 tonnes au total. »
Cette course pour nationaliser l’or
s’accéléra de nouveau alors que le monde se battait -et
échouait- pour rétablir l’Etalon Or après que les
canons se furent tus en novembre 1918. « L’époque
d’une circulation large des pièces [d’or] était
finie », comme Green poursuit. « En 1929, les banques
centrales possédaient environ 92% de tout l’or
« monétaire ». L’impact sur la politique,
la richesse et l’économie ? Cela a peu été
examiné jusqu’à présent, aujourd’hui les
plus ardents défenseurs de l’or s’occupent bien plus des
ventes et des crédits des banques centrales que de l’or qui a
jamais été entassé dans les coffres du gouvernement en
premier lieu. Mais la nationalisation du stock d’or monétaire
mondial vit les gouvernements s’emparer du contrôle de ce qui
avait été échangé librement -et librement choisi-
comme l’arbitre ultime de la richesse depuis plus de 5 000 ans.
Et ici, à BullionVault,
nous ne croyons pas qu’il y ait simplement une coïncidence entre
le fait que la « guerre totale » du 20ème
siècle ait d’abord requis une « guerre
totale » contre les richesses détenues de manière
privée.
Taille des réserves d’or nationalisées
Quand les fusils sur le terrain se retirèrent
et que les coquelicots refleurirent le nord-est de la France en 1919, le
désastre économique qui suivit ne fit
qu’accélérer la nationalisation de ce qui avait
été jusqu’à ce moment-là entre les mains
privées.
L’or fut aspiré dans les coffres du
gouvernement à un rythme s’accélérant tandis que
les libertés personnelles et la Liberté étaient
aspirées par les gouvernements de toutes tendances –communiste,
socialiste, national-socialiste et impériale. Le chômage de
masse, le fascisme et le réarmement firent la course pour obtenir de
l’or et le pouvoir que celui conférait sous contrôle
officiel.
Aucune bureaucratie ne se saisit du contrôle
de cette richesse plus vite que les Etats-Unis. Un jour funeste de 1933
–juste avant que le gouvernement Nazi à Berlin n’annexe
l’or dans les coffres de la Tchécoslovaquie, de la Pologne,
l’Autriche, la Belgique et de la Hollande, tout comme celui des Juifs
qu’il assassinait en Europe Centrale- le gouvernement américain
rendit la possession privée d’or illégale, forçant
le peuple à vendre son or au Trésor sous peine de 10 000 $
d’amende ou d’emprisonnement.
Non content du tonnage qu’il avait
confisqué aux citoyens américains, le Président
Roosevelt dévalua ensuite le dollar, réduisant sa valeur de
20.67 $ à 35 $ l’once d’or et encourageant ainsi les
détenteurs d’or étrangers à pourvoir Washington
d’encore plus d’or à ce nouveau niveau de prix plus
élevé. Pendant la phase finale de nationalisation des
réserves d’or détenues par les personnes privées
qui avait eu lieu dans les années 1930, 60% de l’or de toute
nouvelle banque centrale finit dans les réserves US.
Les Etats-Unis ensuite acquirent encore plus
d’or pendant la seconde guerre mondiale, le prenant des coffres-forts britanniques et soviétiques en
remboursement des bateaux, tanks, nourritures, bottes, essence et avions de
guerre. Leurs acquisitions d’or continuèrent aussi après
la guerre, quand les « banques centrales européennes
vendirent le peu d’or qu’elles détenaient encore
auprès du Trésor Américain en échange de dollars
extrêmement nécessaires à la reconstruction de leurs économies
éprouvées. »
A marée haute, en 1949, le Trésor
détenait plus de 70% de l’or nationalisé. Ainsi les
Etats-Unis achevèrent une annexion quasi-totale du stock d’or
monétaire mondial. Cela coïncidait avec la prédominance
politique et financière mondiale de l’Amérique–une
dominance qui continue aujourd’hui.
Sur le territoire métropolitain des USA, la
détention privée de l’or était encore
illégale jusqu’en 1974. En dehors de ce territoire, les banques
centrales thésaurisaient les dollars –tout comme c’est le
cas en 2008- et l’or. Les deux étaient parfaitement
convertibles, car après tout, sous l’accord de Bretton Woods, seuls les
ambassadeurs des banques centrales et non les citoyens privés
pouvaient convertir leurs dollars en or.
John Maynard Keynes, le chef architecte de ce nouvel
“Etalon Or” était si content des miracles potentiels
possibles avec ce système de Dollar-or qu’il se gaussa deux fois
que le métal représentait une « relique
barbare », une superstition préhistorique que
l’humanité ferait bien d’abandonner.
Le monde réalisa pratiquement ce fait
à la fin du 20ème siècle. Mais seulement
« presque ».
Conclusion : à suivre (en
troisième partie)
Adrian Ash
Directeur de la Recherche
Bullionvault.com
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