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Les ventes de cigarettes ont diminué de
3,4% en volume en 2012, de 7,6% en 2013, et de 5,3% en 2014. Ces baisses inespérées
sont en partie imputables à l’e-cigarette mais aussi à la hausse des
transactions illégales qui représentent près de 25% du marché. Cependant, le
nombre de fumeurs réguliers reste assez stable en France : entre 2010 et
2014, il est passé de 29,1% à 28,2% de la population entre 15 et 75 ans. Ces
chiffres récalcitrants semblent déterminer la stratégie anti-tabac du
gouvernement qui consisterait à inaugurer une politique encore plus agressive
en appliquant la directive européenne de février 2014 qui prévoit, notamment,
l’imposition du paquet neutre.
En place depuis décembre 2012 en
Australie, le paquet dit « neutre » ne l’est pas du point de vue du
message qu’il véhicule car il est recouvert en grande partie d’avertissements
et de photos chocs montrant les méfaits du tabac. Il est encore tôt pour
connaître l’impact réel de cette mesure car les consommateurs australiens
n’ont pas été en reste. En effet, les ventes légales de cigarettes ont très
légèrement augmenté en Australie en 2013, notamment parce que les
consommateurs se sont rabattus sur des marques moins chères. De surcroit, les
ventes de tabac à rouler ont fait un bon de 3,4% en volume. Et la firme KPMG
estime que la contrebande de cigarettes a augmenté de 11,8% à 13,3% sur la
même période. Elle représenterait plus de 14,2% du marché en 2014.
On pourra s’attendre à des réactions
similaires en France et en Europe où la contrebande de produits du tabac a
connu une très forte hausse depuis dix ans. Les cigarettiers s’opposeront
aussi à cette nouvelle réglementation notamment en imprimant leur logo à
l’envers de façon à permettre aux buralistes d’exposer les paquets la tête en
bas (et ainsi de minimiser l’impact des avertissements qui devront être
positionnés, pour des raisons légales, près de l’ouverture du paquet).
Face à un échec potentiel de ces
nouvelles mesures, il est important de poser la question du vapotage.
Plébiscitée par ses utilisateurs, l’e-cigarette, l’une des huit innovations
perturbatrices de ce siècle selon Goldman Sachs, constitue probablement la
seule solution au tabagisme que le monde ait actuellement à sa disposition.
Solution certes imparfaite car il existe des risques liés à son utilisation.
L’e-cigarette peut en effet être addictive car la nicotine, quelque soit son
mode d’administration, est addictive. Mais l’e-cigarette fonctionne mieux que
les méthodes classiques de prise en charge du tabagisme pour la raison
qu’elle provoque un soulagement rapide du manque de nicotine. Ainsi un nombre
croissant d’études montre son efficacité relative dans la réduction du
tabagisme. Bertrand Dautzenberg, tabacologue, affirme même que l’e-cigarette
est en train de contribuer au déclin du tabac, surtout chez les jeunes dont
le nombre de fumeurs a fortement chuté : en 2014, ils représentaient 33,5%
des lycéens contre 42,9% en 2011 et 11,2% des collégiens contre 20%. Et il
semblerait que l’e-cigarette ne soit pas une passerelle vers le tabac.
D’ailleurs selon 43% des Français l’e-cigarette serait un moyen de sevrage
efficace.
Une lecture dépassionnée des analyses
tendrait à montrer que le profil toxicologique de l’e-cigarette est beaucoup
moins létal que celui du tabac. Le liquide qui produit l’aérosol, même s’il
contient des impuretés telles que l’anatabine ou la norocinine, est quasiment
dépourvue de nitrosamines qui sont des cancérogènes naturellement présents
dans le tabac. À l’exception d’une étude de l’Institut national japonais de
la santé publique, la recherche montre que la quantité de cancérogènes connus
dans l’aérosol de l’e-cigarette est largement inférieure à celle de la fumée
de cigarette, car les concentrations sont plus faibles et les goudrons et le
monoxyde de carbone sont absents.
Malgré cela, le gouvernement voudrait
restreindre le vapotage dans les lieux publics et sur les lieux de travail
et, à terme, contingenter la publicité pour les e-cigarettes contenant de la
nicotine en inscrivant son interdiction dans la loi. Cependant, même s’il est
encore tôt pour juger des effets complets de l’e-cigarette, on sait que le
risque de l’e-cigarette est faible relativement à celui de la cigarette
traditionnelle. Nous sommes à un tournant en matière de lutte contre le
tabagisme. Alors plutôt que de rendre les cigarettes illégales plus
attrayantes et le vapotage plus difficile, saisissons la chance qui nous est
donnée d’encourager la sortie du tabagisme grâce à l’e-cigarette.
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