Après
avoir tenté de faire de la Grèce un cas test exemplaire, avec
le succès que l’on sait, une nouvelle expérience est
tentée avec l’Espagne. L’objectif est d’obtenir que les
mesures de rigueur les plus sévères ne soient même pas
assorties d’un soutien financier européen ! Pour des raisons qui
leur sont propres, les gouvernements allemand et espagnol ont à ce
sujet trouvé un terrain d’entente. Avec l’espoir
illusoire, encore une fois, que la seule annonce du programme OMT
(opérations monétaires sur titres) d’achats obligataires
de la BCE suffira à calmer le jeu.
À
chaque fois, les dirigeants européens veulent croire que la simple
annonce de leurs mesures suffira, sans avoir besoin de passer à
exécution… Déformation professionnelle sans doute, ils
croient trop dans le pouvoir des mots. Mais à nouveau, le
marché les déçoit en perdant son sang
froid, les taux obligataires se retendant et les cours des valeurs
financières rechutant. C’est décidément
pathétique !
Le
projet d’union bancaire est en train de sombrer dans les sables
mouvants, et avec lui la perspective d’une surveillance plus solide
– quoique réalisée dans la plus grande discrétion
– des banques européennes par la BCE et de leur participation
financière à leur propre renflouement. Le paiement de la note
en intégralité par les États en sera la
conséquence, aux Espagnols et aux Irlandais de l’assumer, pour
continuer.
Cette
répétition des épisodes précédents est
assortie d’une nouveauté : les manifestations et grèves
dans les pays les plus touchés par la rigueur – de qui
l’on exige de nouvelles mesures – s’intensifient, se
radicalisent et se conjuguent. Les gouvernements italien et français
sont à leur tour entrés dans la danse, en essayant
d’arrondir les angles et de rendre leurs plans d’ajustement
budgétaire et de réformes plus présentables,
annonçant d’inéluctables protestations qu’ils
tentent de retarder. Mais le débouché de celles-ci reste en
question, si on constate que le gouvernement portugais a reculé tout
en se préparant à mieux sauter, en y mettant quelques formes.
Il lui aura fallu sept heures de réunion à huis-clos pour
s’y décider, sans encore l’annoncer
précisément.
Quels
événements doivent encore être attendus qui mettront les
dirigeants européens face à une évidence dont ils ne
veulent pas convenir : leur plan A est foutu et il
n’arrivent pas à mettre sur pied un plan A’…
Qu’en pense François Hollande ?
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, Les
CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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