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Philippe Herlin : On n’en a pas fini avec le risque bancaire !

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Publié le 07 février 2013
571 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Or et Argent

 

Tiens comme c’est bizarre, plusieurs grandes banques internationales annoncent des pertes importantes pour le dernier trimestre 2012, comme le Crédit Agricole, Commerzbank, UBS. L’une des plus grandes banques italiennes, Monte dei Paschi, est au bord du dépôt de bilan, le hollandais SNS Reaal a été nationalisé en catastrophe. Et nous qui pensions que la crise était terminée, vraiment comme c’est étonnant…

A chaque fois les dirigeants des banques parlent « d’éléments exceptionnels », sous-entendu c’est juste un accident de parcours. En y regardant de plus près on se rend compte que cela n’est en général pas vrai.

Il y a d’abord les séquelles de la crise de 2008, qui sont loin d’avoir disparu contrairement à ce que veulent nous faire croire les banquiers. SNS Reaal tombe à cause de l’immobilier. Pas des subprimes américaines, non, de l’immobilier néerlandais : les prix sont élevés et les ménages très endettés. Mais la bulle n’a pas encore éclaté, qu’est ce qui se passera quand ce sera le cas ?

Monte dei Paschi chute à cause des CDS. On pensait que les banques avaient retenu la leçon, il faut croire que non. D’ailleurs on peut noter que lorsqu’elles sont au bord du gouffre, les banques révèlent leur exposition aux produits dérivés, façon de dire « sauvez-moi sinon je fais tout exploser ». Dexia a fait de même récemment. On le sait, toutes les banques ont des produits dérivés, potentiellement explosifs, mais pour l’instant, elles gèrent. C’est très rassurant.

Le Crédit Agricole paye ses investissements hasardeux en Grèce (la banque Emporiki) et semble cette fois en avoir fini, mais toutes les banques qui possèdent des filiales dans des pays en difficulté sont exposées à des pertes significatives.

Des affaires ressortent : la Barclays est soupçonnée d’avoir prêté plusieurs milliards au fonds souverain du Qatar pour qu’il les apporte en capital, afin d’éviter à l’époque de subir une nationalisation partielle comme plusieurs autres banques britanniques…

La crise de 2008 est loin d’avoir été soldée, et il apparaît désormais de nouveaux risques.

Il y a l'affaire du Libor, qui a déjà coûté de fortes amendes (11 milliards d'euros aux 5 grandes banques britanniques), et ce n'est pas fini, nombre d’actions juridiques étant en cours. Du côté de l'Euribor, la Société Générale vient d'être mise en cause en Italie. Les manipulations des taux de référence n'ont pas fini de faire parler d'elles.

Un autre scandale touche les banques britanniques : Barclays, HSBC, Lloyds et RBS sont accusées d’avoir vendu des produits dérivés aux PME en infraction avec la réglementation en vigueur. La facture pourrait atteindre, selon les experts, entre 1,5 et 10 milliards de livres. Cette somme s'ajoutera aux 12 milliards de livres de dédommagements déjà prévus pour dédommager les ménages victimes de la vente forcée d'assurance-emprunteur baptisées PPI (Personal payment insurance).

D'autres affaires plus sombres apparaissent, comme celle qui accuse le parti au pouvoir en Espagne et le chef du gouvernement Mariano Rajoy d'avoir touché des pots de vin de la part des banques au moment de la bulle immobilière. Une même accusation émerge au Portugal avec la banque BPN.

Immobilier, investissements douteux, produits dérivés, manipulations diverses, les risques sont encore bien présents. Pire, les banques ne semblent aucunement être devenues plus vertueuses après la crise de 2008. « L’aléa moral » joue ici à plein : les banques et les banquiers n’ont pas payé le prix de la crise de 2008, alors pourquoi changer de comportement ?

 

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Philippe Herlin est chercheur en finance et chargé de cours au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris. Il est également contributeur sur le site Goldbroker.com
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