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PIB américain : une "reprise" en trompe l'œil

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Publié le 03 novembre 2009
1106 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux




Le chiffre du PIB américain du troisième trimestre est paru, et ressort à +3.5% en rythme annuel. Si ce chiffre ne prêtait pas à controverse, ce serait indiscutablement une bonne nouvelle. Mais hélas, rien ne permet d'affirmer qu'il ne résulte pas de distorsions comparables à celles qui ont totalement faussé les chiffres du PIB américain (et sans doute aussi le notre) entre 2000 et 2007, au point que la croissance réelle de l'économie américaine pendant les années de bulle peut être estimée à zéro.



 

(Sur ces distorsions du PIB, les lecteurs pourront se reporter à ces trois anciens articles : Economie bullaire et fausse création de richesse, Inflation et bulle immobilière : quelle valeur des chiffres du PIB, et surtout USA, l'expansion incontrôlée du crédit a saccagé le pouvoir d'achat réel )

Le PIB augmente en trompe l'oeil

Une fois de plus, j'aimerais me fourvoyer, et n'allez pas croire que je me complais à prévoir le pire, mais il faut se rendre à l'évidence: le chiffre annoncé est trompeur.

Le rapport du Bureau of Economic Analysis (PDF) mentionne quelques faits troublants.

Current-dollar personal income decreased $15.5 billion (0.5 percent) in the third quarter, in contrast to an increase of $19.1 billion (0.6 percent) in the second. Personal current taxes increased $4.8 billion in the third quarter, in contrast to a decrease of $119.1 billion in the second. (...)

Disposable personal income decreased $20.4 billion (0.7 percent) in the third quarter, in contrast to an increase of $138.2 billion (5.2 percent) in the second. Real disposable personal income decreased 3.4 percent, in contrast to an increase of 3.8 percent.


Autrement dit, curieusement, alors que la croissance est supposée repartir, les revenus disponibles des ménages continuent de baisser, ce qui est en phase avec la dégradation continue de l'emploi.

D'autre part, le rapport du BEA mentionne que la consommation automobile a été la principale contributrice du bon chiffre, avec +1.6%. Or, dès le mois de septembre, cette contribution s'est écroulée. Les programmes de subvention à l'immobilier ont également alimenté la machine, quoique le BEA ne précise pas de combien. Et enfin, les taux d'intérêts très bas obtenus grâce au quantitative easing (QE, création monétaire à partir de rien) par la banque centrale ont artificiellement "gonflé" (ou plutôt en ont ralenti le dégonflement) les activités liées au crédit ... Comme la vente d'automobiles et les ventes de maisons ! Les programmes de subvention à l'immobilier vont sans doute se poursuivre, mais pour combien de temps ? Le trésor est exsangue, la FED annonce une fin progressive du QE, et l'inefficacité de ces programmes commence à être reconnue.

Une croissance et une consommation financées par la dette

Moins de revenu, plus de dépenses : les américains auraient ils déstocké leur épargne ? Non, ils poursuivent leur reconstitution de réserves, même si le rythme se ralentit.

The personal saving rate -- saving as a percentage of disposable personal income -- was 3.3 percent in the third quarter, compared with 4.9 percent in the second.

Par contre, les dépenses de l'Etat fédéral continuent d'exploser :

Real federal government consumption expenditures and gross investment increased 7.9 percent in the third quarter, compared with an increase of 11.4 percent in the second.


Bref, les ménages ont moins de revenus et ne destockent pas leur épargne: les hausses de consommation observées (après des contractions très fortes, faut il le rappeler) ne proviennent que de nouvelles dettes contractées par la minorité de ménages profitant des subventions au crédit, et de dépenses fédérales qui sont elles mêmes financées avec de l'argent que non seulement le gouvernement n'a pas, mais que, en partie, personne n'a.

Ajoutons que la seule inflation que nous ayons observé du fait de cette création monétaire est celle des marchés des actions et des T-bonds. Mais le SP500 se paie environ 25 fois les anticipations de bénéfices pour les années à venir, ce qui, dans le contexte d'incertitude actuelle, n'est que pure folie spéculatrice. En clair, nous sommes au coeur d'une nouvelle bulle dans la bulle. Or, cette bulle d'actifs n'apparait pas dans les déflateurs d'inflation, donc accroît indûment les chiffres de croissance. Lorsque l'on voit que les valeurs financières ont réalisé des "performances" boursières environ 10 fois supérieures aux valeurs de l'économie réelle depuis le 25 mars (date du point bas des bourses mondiales), alors il est clair que la plus grande partie des 3.5% annuels observés n'est que pur artifice.

Bref, la "croissance" est financée par l'accroissement des dettes privées et publiques, alors que la crise a été causée par l'insoutenabilité des niveaux d'endettement globaux de l'économie américaine, à 350% du PIB.

Le PIB est un indicateur structurellement vicié dans les économies bullaires

La crise est née de ce que environ 4 000 milliards de crédits non gagés sur une  capacité de  création de valeur réelle par les agents économiques ont inondé l'économie américaine entre 2000 et 2007, ramenant la croissance effective du PIB américain autour de zéro dans cette période. Il apparaît quasiment certain que le léger rebond de croissance observé au troisième trimestre 2009 relève de la même erreur d'interprétation.

La science économique doit d'urgence se pencher sur le thermomètre du PIB non pas pour y intégrer des critères hautement subjectifs sur le "bien être" ou la "justice sociale", comme le voudrait notre président et les économistes qui le conseillent, mais simplement pour mieux prendre en compte les formations de bulles d'actifs qui tendent systématiquement à sous-estimer les déflateurs de PIB courant, donc à surestimer la croissance réelle, ce qui fausse tous les calculs économiques, tant pour les entreprises que pour les institutions financières.


            

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr


Egalement par Vincent Bénard




Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste



Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.


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Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org).
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