L’idée
fait son chemin depuis longtemps, mais la crise tombe à point
nommé pour accompagner l’irénisme qui motive ce genre de constructions
politiques. Pour certains, comme le problème est global, la solution
doit être globale : il faudrait mettre en place des pouvoirs
publics globaux, internationaux, pour essayer de régler les
problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés.
Outre la logique
un peu sommaire qui voudrait que plusieurs causeurs de problèmes
deviennent en se réunissant des créateurs de solutions,
l’idée d’un État planétaire pose le
problème essentiel de la toute puissance de
l’État et des limites de son expansion.
C’est
d’ailleurs là toute l’intuition de l’internationale socialiste. Le projet de corsetage des
libertés individuelles et d’éradication de la bourgeoisie
ne sera complet qu’une fois étendu sur l’ensemble du
globe. Que plus un espace ne permette à certains de s’enrichir
comme bon leur semble, sans participer à la fiction censée nous
apporter paix et prospérité.
Ce projet
prend aujourd’hui les couleurs plus doucereuses de l’État providence et de la régulation mais il recouvre
rigoureusement les mêmes dangers totalitaires.
Au nom de la
lutte contre les « paradis fiscaux » et les
« dérives de la finance », il s’agit
désormais de contraindre tous les peuples à adopter
l’horizon indépassable de l’État-social-redistributeur-régulateur. Une fiscalité
mondiale serait ainsi la garantie qu’aucun pays ne pourrait avoir la
« mesquinerie » de ne pas adopter les standards de
prélèvements de nos États généreux.
Il en va de
même devant l’endettement. La
« concurrence » des États sur le marché
obligataire sanctionnée par les taux d’intérêts
permet en théorie de limiter leur endettement. À ce titre,
l’exemple de la création de l’Euro est clair : en
mutualisant les risques de défaut, la mise en place de la monnaie unique
a temporairement gommé cette concurrence, avec le résultat que
l’on connaît. Certains États voyant leur taux
d’intérêt diminuer se sont jetés sur le
crédit et se sont tragiquement noyés dans la dette.
Les
créanciers ont heureusement fini par faire revenir le réel sur
le marché, en réajustant les taux d’intérêts
à la solvabilité des États. La tentation politique
d’aller plus loin dans la mutualisation et dans
« l’intégration » pour enrayer ce
mouvement n’est en réalité qu’un pas de plus vers
cette gouvernance globale et son échec annoncé.
La seule garantie des peuples,
c’est la concurrence entre les États.
La concurrence
fiscale entre les États est le seul levier qui permette de limiter la
gourmandise des gouvernants. Comme sur un marché libre où
l’on préférera celui qui offre un meilleur service
à moindre coût, l’État qui limitera ses
prélèvements sur la création de richesse et son poids
sur les libertés individuelles attirera naturellement des hommes, des
activités, et des capitaux.
Sans quoi,
tous égaux devant l’impôt, l’allocation, et la
norme, nous aurons fait triompher l’internationale, et les lendemains
ne chanteront plus très longtemps.
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