|
Ce qui m’étonne le plus, c’est précisément l’étonnement
général des commentateurs et analystes officiels. Il est pourtant aisé de
constater que, depuis trente ans, aveuglés par leurs ornières idéologiques,
ils se sont systématiquement trompés, enfermés dans le déni. De Reagan à
Trump, ou encore l’euro qui devait être la solution miracle aux endettements
des Etats, et plus récemment, le Brexit, l’ascension de Fillon (le troisième
home….
Pourtant, on continue à les inviter pour leur demander
leurs savantes opinions. Si vous allez chez un médecin qui tue votre
enfant, le consulteriez-vous à nouveau en cas de maladie ? Depuis trente
années que j’observe l’évolution de la situation économique de la France, il
m’apparaissait évidemment que Hollande ne devait pas se représenter.
D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi il a été élu… Compte-tenu de ses
promesses péremptoires, il aurait même dû démissionner depuis longtemps. On
se souvient tous du fameux « Moi, Président… ». N’importe quel locataire,
quand il s’engage dans un bail, sait qu’il doit laisser au propriétaire un
appartement dans l’état qu’il l’a trouvé, sauf le locataire de l’Elysée…
Hollande s’était engagé à inverser la courbe du
chômage. Or, si l’on compare le niveau du chômage avant Hollande et
après, il s’est accru. Ne lui jetons pas la pierre, ce fut le cas de tous les
présidents qui l’ont précédé depuis Valery Giscard d’Estaing. Donc, il n’a
rien inversé du tout, le Titanic continue de foncer sur l’iceberg. La
réduction du temps de travail, notre modèle social, la hausse des
prélèvements obligatoires n’y font rien ; pire, ils nourrissent précisément
la cause du chômage structurel [1]. Et ce n’est pas sur la base des derniers
chiffres que l’on peut prétendre observer un changement de tendance, aucun
statisticien sérieux ne s’y risquerait. Hollande, fustigeant la finance
internationale « notre pire ennemi » - que je sache, ce ne sont pas les
traders qui tirent au bataclan -, avait promis éthique et transparence. Et
les scandales n’ont pas manqué de lui éclater à la figure.
Mais il y a plus grave. Nos gouvernants affirment sans
arrêt que nous avons le "meilleur système éducatif au monde" (et on
pourrait dire la même chose de la santé), comme pour nous auto-persuader,
alors que, d’années en années, tous les classements internationaux observent
notre chute (classement mondial des universités, niveau de l’orthographe dans
le primaire, niveau en math, lecture). Nos jeunes se détournent des
mathématiques et des sciences alors que les débouchés se trouvent précisément
dans des secteurs nécessitant des qualifications techniques pointues, et non
de fausses compétences. On distille à longueur de temps de la morale
citoyenne, teintée de bons sentiments, à l’école au détriment des
fondamentaux. Mais à l’université, les étudiants ne savent plus écrire,
faire une dissertation et comprendre la moindre équation.
Depuis trente années que j’enseigne à l’université, on
me force à alléger sans cesse les programmes et les exigences. Malgré
cela, chaque génération nouvelle d’étudiants trouvent au contraire que le
niveau est de plus en en plus élevé, et peu de collègues se risquent à noter
rigoureusement de peur d’encourir des plaintes quand ce n’est pas un procès.
Je n’ose plus leur imposer les cours que j’ai moi-même suivi quand j’étais
étudiant en sciences économiques.
Voilà bien le résultat d’une politique éducative qui
consiste à supprimer devoirs et notations dans le primaire au nom de la lutte
(idéologique) contre les inégalités : le nivellement par le bas. L’école a
pour mission de transmettre les connaissances et non de faire « du social » ;
quant aux parents, ils ont pour mission d’éduquer les enfants, pas d’en faire
des enfants rois sans cesse à revendiquer des droits sans effort. Pourtant
quand je rencontre les parents, ils sont tous persuadés que leurs chers
bambins sont des surdoués… La sanction dans la vie réelle sera sans appel car
les lois de l’économie – comme les lois de la gravité - s’imposent à tous. Et
faire croire à toute une génération qu’ils savent voler, c’est les envoyer au
crash…
Le simple fait que François Hollande ait hésité,
entretenant un pseudo-suspense digne de la farce tranquille, est proprement
scandaleux. Reagan et Thatcher ont été plébiscités pour un second mandat car
ils avaient redressé la situation désastreuse dans laquelle se trouvaient
leurs pays respectifs quand ils furent élus. Les gens rationnels jugent
aux résultats, pas à la couleur de la cravate ou à la popularité de la
conjointe…
Dans l’hexagone, on les raillait comme on raille
aujourd’hui ceux qui ne pensent pas comme nous. Mais le modèle français,
personne ne veut l’importer, et pour cause… Nous héritons aujourd’hui d’un
pays surendetté, au bord de la cessation de paiement, incapable de se
protéger des attentats qui nous menacent, et gangréné par un chômage
structurel destructeur.
Quant à la croissance économique, elle n’a aucune chance
de revenir durablement tant que nous nous accrocherons au mythe illusoire (et
scientiste) de la relance keynésienne par la consommation, potion que tous
les grands pays, qui ont retrouvé le chemin de la croissance, ont depuis
longtemps abandonné.
[1] Caccomo J.L.[2012], Le modèle français dans
l’impasse, Editions Tatamis, Paris.
|
|