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Beaucoup de choses peuvent rendre un peu nerveux en ce
début d’année, même si vous ne comptez pas parmi
ceux qui croient en l’apocalypse imminente prédite par le
calendrier Maya et proliférant sur la toile tel un staphylocoque dans
un corps humain. La plupart des observateurs penseront sûrement que
2011 n’a en rien été une année exceptionnelle, si
ce n’est pour la catastrophe de Fukushima, le Printemps Arabe, la crise
financière Européenne, et les étranges disparitions chez
MF Global, entre autres.
J’hésite… Si l’on y regarde de
plus près, le monde industriel semble être entré en 2011
en phase de zombification. Ses états membres et leurs institutions
titubent désormais sur le devant de la scène tels des
morts-vivants. Des nations Européennes toutes entières ont
trouvé la mort, leurs citoyens grouillant tels des larves autour de
squelettes de projets spéculatifs de complexes immobiliers et
d’hôtels de luxe n’ayant pas abouti. Les Etats-Unis gisent
dans une ruine morale des plus complètes, et ce malgré les
efforts d’une dizaine de milliers de prêtres
évangélistes servant dans des chapelles dispersées de
parts et d’autres de rues poussiéreuses depuis le Texas
jusqu’à la Caroline et malgré la création de bon
nombre de nouveaux musées de Science Créationniste. Regardez
simplement la manière que nous avons à nous comporter, depuis
les vestiaires du Congrès aux salons de West Hollywood et jusque dans
les banlieues du Maryland : une nation de voleurs, de racketteurs, de
poufiasses de télé-réalité, de prétendus
guerriers de la route, de voleurs à la tire, de gangsters, et de
brailleurs dans un paysage décrépi et déconfit.
Lorsqu’une population toute entière n’est plus que
zombies, quels cerveaux restent-ils à manger ?… Voyons
maintenant à quoi nous attendre pour 2012…
Le plus important choc politique qui nous attende
réside en la perturbation que seront les élections de
l’automne prochain, au
moment où des milliers de citoyens en colère descendront dans
les rues de Tampa et de Charlotte en quête de vérité. Les
deux partis dominants tenteront de mener leurs entreprises à bien tout
en ignorant les manifestations qui se tiendront à
l’extérieur du centre de convention, et feront tous deux
l’erreur de lancer la
police sur la foule de protestants. Il en découlera un fouillis bien
plus important que celui auquel j’ai personnellement assisté en
1968 dans les rues de Chicago, lorsque les militants du parti avaient
poussé le traître grimaçant qu’était Hubert
Humphrey à mener campagne contre Richard Nixon. Cette nuit-là,
juste avant d’être victime de bombes lacrymogènes sur
Michigan Avenue, j’ai eu le temps d’observer un enfant porter un
panneau présentant le nominé arborant la moustache
d’Hitler et portant l’épithète : Mein Humph ! Cette vision
a illuminé ma nuit, malgré ma gorge en feu.
Le système bancaire global est apparu tout au long
de l’année 2011 comme étant une véritable bombe
à retardement. D’une manière ou d’une autre, les
divers consultants de banques centrales et de ministères des finances
sont parvenus à rassembler assez de prestidigitations comptables pour
donner l’illusion que notre système n’était pas
encore totalement mort. Mais dans le contexte actuel de crise de la dette, il
n’existe qu’une quantité limitée de ruses
qu’il est possible de mettre en application dans le même temps
que la monnaie disparaît littéralement dans un trou noir. En
Europe, ce processus s’est peu à peu centralisé. Les
citoyens Grecs, Portugais, Irlandais, Espagnols, Italiens, et Belges vont
bientôt rencontré une diminution bien plus significative de
leurs revenus, de leurs services publics, de leurs pensions et de leur
confort, qu’il n’en ont connu ces quelques dernières
générations. Entre-temps, la France s’étouffe de
piscines de papier dans lesquelles les banques Allemandes se noient.
Il n’existe qu’une issue possible à
tout cela : la banqueroute. Les détenteurs d’obligations
viendront bientôt à s’en rendre compte. Tout le monde
deviendra simultanément plus pauvre – et si une telle situation
ne se produit pas, alors nous assisteront à l’apparition de
multiples guerres civiles et révolutions. La fantaisie d’une
union fiscale Européenne est impossible puisqu’elle signifie
deux choses : que l’Allemagne doive délivrer des ordres
à tous les autres ; et qu’elle doive ramasser les morceaux
pour tous les autres dans le même temps qu’elle leur explique
quoi faire. Ces deux implications sont à la fois intolérables
et très peu plausibles. Pensons simplement l’expérience
de l’Euro comme un effet secondaire intéressant de
l’apogée de l’ère énergétique…
touchant désormais à sa fin.
Les professionnels de l’économie, avec toutes
leurs déblatérations au sujet des politiques de quantitative easing, de la répression financière, des
rendements sur obligation, et des ratios dette/PIB, ne prêtent pas
attention au cœur du problème. Les nations industrielles les plus
avancées ne sont pas en route vers une relance de la croissance.
Disons que nous entrons plutôt dans une ère de
désindustrialisation et de dés-avancement. Nous nous approchons
d’une interruption de l’hyperbole qu’est celle du
progrès technologique. Oubliez le nirvana peuplé de robots
microscopiques qu’avait imaginé Ray Kurzweil.
Ce dernier ne fait plus partie de notre destinée. Imaginez-vous
plutôt une nouvelle économie, organisée autour de
l’agriculture, avec une distribution bien plus clairsemée des
grands centres urbains, et une population bien moindre. N’imaginez pas
un instant que vos petits-enfants zigzagueront à travers les campagnes
dans des voitures électriques les conduisant d’un parc
d’attraction à un autre dans le même temps qu’ils
communiqueront avec leurs ‘amis’ via des réseaux sociaux
incorporés à la gelée de leur cerveau. Imaginez-les
plutôt toiletter leurs mules au crépuscule. Vous comprenez
où je veux en venir : tout ce que les ministères des
finances et banques centrales mettent en œuvre n’est qu’un
simple spectacle d’ombres chinoises projeté sur des
pensées irréalistes.
La question est alors de savoir quel type de
difficultés nous rencontrerons au cours de notre épopée
depuis l’ère industrielle jusqu’à
l’ère post-technologique. Nous contenterons-nous simplement de
tourner notre monde en une sorte de film à la Michael Bay et de tout faire sauter ? Ou entamerons-nous une
descente gracieuse en ne retenant que ce qu’il y a de meilleur dans
l’humanité ?
2012 sera l’année de conflits infernaux au
sein de ces nations ‘avancées’, de combats se tenant
autour de débris de modernité dans une tentative
désespérée d’en organiser les vestiges. Je ne
pense pas que nous assisterons à des combats entre nations
Européennes avant que les conflits intérieurs soient
résolus, et cela pourrait prendre plusieurs années.
Le point-chaud de cette nouvelle année se situera
selon moi au Moyen-Orient. Mais ça, il ne fait aucun doute que vous le
sachiez déjà. Qu’espérer de plus de la boîte
d’amadou qu’est cette région du monde ?
L’Islamisme extrémiste est sur le point de prendre le dessus sur
les gouvernements (et les armées) en Egypte aussi bien qu’en
Syrie, en Lybie, en Algérie, voire même possiblement au
Pakistan. L’Iran a perdu la boule il y a bien des années et
semble déterminé à imposer sa domination par des moyens
stratégiques qui ne pourront que lui causer du tort (voire causer du
tort au monde entier si les choses tournaient mal). L’intimidation par
l’utilisation de la force est une chose ; entreprendre de réelles
actions en est une autre. Prendre les détroits ou Hormuz ?
Uniquement si vous désirez que Téhéran soit
réduite en cendres. Cela pourrait cependant se produire si
l’Iran déployait sa force nucléaire. L’Allemagne, la
France, l’Angleterre et l’Italie, toutes trop occupées par
leurs problèmes internes, pousseraient un soupir de soulagement si les
mollahs venaient à être assagis. Sur internet, les papotages au
sujet d’une attaque préemptive par Israël ne prennent
jamais fin. C’est là en effet une possibilité.
Oh, et n’oublions pas de parler de la Turquie.
Anciennement ‘membre malade’ de l’Europe, la Turquie a
connu un regain étrange, alimenté par le souvenir que
l’Empire Ottoman avait un contrôle sur une grande partie du
Moyen-Orient jusqu’en 1914, et ce sans incompétence notoire. Il
a simplement fini par s’essouffler, ce qui n’est en rien la pire
manière de tomber. Mais les Empires aussi renaissent, et ce qui se
passe aujourd’hui en Turquie est la réincarnation d’un
Etat ayant survécu depuis la Grèce antique et qui demeura
durant longtemps une sorte de Rome Version 2.0.
2012 sera l’année au cours de laquelle la
Chine prouvera qu’elle est une nation mortelle et se couchera,
touchée par une forme sérieuse de maladie cardiaque. Son
système bancaire est une imposture. Son gouvernement n’a aucune
légitimité formelle, et mettra en place un nouveau groupe
dirigeant en cours d’année, alors que les exportations chuteront
et que des vagues de licenciement frapperont son marché de
l’emploi. Il y aura alors de nombreux énervés à
l’intérieur des frontières Chinoises, et ces derniers
pourront s’exprimer politiquement de manière qui aura
semblé absolument impensable au cours des décennies
précédentes. L’aura du contrôle social se profile
en Chine, mais une aura n’est qu’un vêtement léger
vivement déconseillé en temps de météo politique
perturbée. 2012 pourrait être l’année au cours de
laquelle la Chine commencera son voyage vers une collection Balkanisée
de petits organismes autonomes, ce qui semble être la tendance
générale pour toutes les nations du monde, y compris les
Etats-Unis.
Il est
difficile de se pencher sur cas bizarre de l’Inde
d’aujourd’hui, une nation avec un pied dans l’ère
moderne et l’autre dans un monde peuplé d’hallucinations
enchantées. Le changement climatique contrarient
fortement ses besoins de réserves alimentaires. Ses nappes
phréatiques ont quasiment disparu. Les oscillations économiques
à l’échelle globale mettront un coup à son punch
technologique. Je ne serai pas surpris que de telles circonstances la
poussent à se lancer dans des hostilités distrayantes avec son
voisin raté qu’est le Pakistan. Le Pakistan, avec ses
réserves infatigables de maniaques islamistes, pourrait
aisément se lancer dans des assauts tels que celui s’étant
produit dans un hôtel de Mumbai il y a de
cela deux ans. Cependant, l’Inde répondra cette fois-ci à
grands coups de gourdin, voire même grâce à une
intervention nucléaire qui neutraliserait les dangereux soldats
Pakistanais une fois pour toutes. Et ce serait tout. Ce serait comme nettoyer
un squat du voisinage. Ce n’est pas là un scénario des
plus réjouissants, mais à quoi pouvons-nous nous attendre de
plus de la part d’états ratés armés de missiles
nucléaires.
Mes lecteurs de longue date savent très
certainement à quel point j’aime prédire chaque année
le crash du Dow Jones en dessous des 4.000 points. Je ne déçois
jamais, bien que je sois souvent déçu. En 2011, l’indice
SP est parvenu à finir l’année une fraction en-dessous de
ce qu’il était en janvier dernier. Les marchés boursiers
se sont lancés dans un purgatoire bas-de-gamme dans le même
temps que le prix des boîtes de cornichons était
multiplié par quatre. En faisant quelques calculs, et en prenant en
ligne de compte le ratio
Dow-cornichons, je dirai que ma prévision était
plutôt bonne. Dans tous les cas, je me suis décidé cette
année à changer de disque : je prévois que
l’indice DIJA passe à 4.000 d’ici à 2014, si tant
est que ce nombre soit actuellement une première étape vers les
1.000 points.
Je vous souhaite à tous bonne chance et mes meilleurs
vœux pour cette nouvelle année !
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