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Je dois partir
quelques jours en déplacement, aussi m'apprêtai-je à vous
laisser, chers lecteurs, en plan pour la semaine, car je n'ai pas encore
terminé quelques articles sérieux, entamés et pas finis.
Notamment, je suis en train de me farcir
la lecture du rapport
Balladur, et j'avoue avoir beaucoup de mal à
garder mon calme devant ce magnifique exercice de conservatisme
interventionniste maladroitement maquillé en "réforme
audacieuse", mais passons. J'y reviendrai. Peut être. Ou peut
être pas. La capacité de notre technocratie politique à
pondre des réformettes d'ajustement du système sans
intérêt camouflées en "ruptures"
m'étonnera toujours.
Non sans avoir
omis de signaler à ceux qui ont oublié de vérifier
à intervalles réguliers le rectangle orange au sommet de ce
blog qu'ils pourront me rencontrer le 7 avril à Aix en Provence
(conférence sur les effets pervers des politiques du logement en
France, voir mon agenda),
je me préparais donc à quelques jours de repos
blogosphérique forcé pour raisons professionnelles.
Et puis, comme
d'habitude, quelque chose est venu me tirer de ma torpeur, provoquant en moi
un de ces accès d'ire qui me font parfois passer pour le plus
grincheux des réacs, rebelle à toute forme de proposition
politique en provenance d'un parti franchouillard.
La source de
cette montée de négativisme urticant est le programme du parti
"nouveau centre" pour les élections européennes.
Vous me direz,
que le nouveau centre, on s'en fiche royalement, comme ils disent dans les
pâturages des deux sèvres.
Sauf que nombre
de libéraux se disent tentés par des alliances avec cette
écurie politique, au motif que leur chef, Hervé Morin, serait
un peu moins illibéral que la moyenne des politicards de ce pays (Et le pire, est que c'est sans
doute vrai). De fait, ils éprouvent pour le NC une
certaine sympathie.
Et ne nous y
trompons pas: il y a des libéraux au Nouveau Centre, j'en ai
rencontrés, j'en apprécie certains, tout comme il y a
sûrement une minorité plus libérale que la moyenne au
Modem... Mais ils ne doivent pas peser bien lourd au sein des appareils de
ces partis.
Jugez en
plutôt à la lecture du programme NC (PDF,
28 pages):
- Appel à un "un vrai plan
de relance européen" (La relââânce, il n'y
a que ça de vrai)
- Promotion béate de
"l'économie sociale de marché", (Nouveau nom du
dirigisme, également appelée "troisième
voie")
- Désignation de la concurrence
comme d'un "dogme" qu'il faudrait cesser de promouvoir
- Besoin d'une "politique
industrielle",
- Protectionnisme mal
assumé (ah oui, pardon, on dit "préférence
communautaire", c'est plus glamour...),
- Maintien d'une agriculture
subventionnée (mais subventionnée différemment en
vue de favoriser le dévelopement durâââble, ce
qui change tout...),
- Aucun recul critique sur la grande foutaise du réchauffement climatique,
malgré l'accroissement exponentiel du nombre de scientifiques qui
affirment que la plaisanterie a assez duré,
- "Espace de Shengen des droits
sociaux" (Tout le monde pourra espérer vivre aux
dépens de tout le monde, oui, mais au niveau européen.
Géniâââl)
- Etc...
Continuons le voyage au nouveau centre de l'enfer:
- Un pacte de coordination des politiques
fiscales (pour permettre aux gros états
taxivores d'imposer le modèle socialiste aux nations qui
oseraient jouer la carte du moins disant fiscal...),
- Une agence commune du renseignement
(Nouveau Centre Inintelligence Agency ?),
- un service
civil européen, autrement dit, le vol d'une
année (grosso modo) de chaque vie au nom de la
préférence bureaucratique...
Ah tout de même, une vraie mesure de progrès libéral :
nous pourrons nous distraire grâce à...
- "l'ouverture du capital
d'Arte" !!
Voilà une
vraie mesure d'importance européenne, à n'en point douter, qui
mérite bien sa place auprès du service civil ou de la
réforme de la PAC.
"Ouverture
du capital" ! Quoiqu'un doute m'étreint soudain : une
privatisation se serait-elle insidieusement glissée dans ce programme
qui fait la pige à l'aile, disons, "modérée"
du PS ? Les commissaires politiques du parti auraient ils laissé par
inadvertance passer un amendement pro-marché au sein d'une plateforme
socialement dégoulinante de correction ?
Ah non,
l'ouverture du capital en question concerne "l'ensemble des chaines
publiques européennes". Ouf, pendant quelques secondes, j'ai eu
une petite frayeur.
Le parti
représenté à l'assemblée, qui, sur le papier,
aurait pu avoir le moins d'antipathie pour le libéralisme nous sort
une plateforme européenne constructiviste, étatiste, néo
keynesienne aux relents autoritaires. Je tremble déjà
à l'idée de découvrir les propositions de l'UMP ou du
PS. A ce train là, le NPA ne pourra plus faire de surenchère
à l'extrême gauche.
Ce pays est
fichu.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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