La Grande récession et
les années qui ont suivi ont représenté une période idéale pour les pays qui
avaient des ressources naturelles à vendre. Les Etats-Unis, l’Europe et le
Japon ont enregistré des records de déficit et réduit leurs taux d’intérêt
jusqu’à plus ou moins zéro pourcent, pour faire fuir le capital
d’investissement vers les projets miniers et énergétiques du monde. La Chine
a quant à elle emprunté 15 trillions de dollars pour développer ses
infrastructures.
La conséquence en a été
une demande robuste et une forte hausse des prix des matières premières comme
le cuivre, le pétrole et le minerai de fer. Le capital a déferlé sur le
Brésil, le Canada, l’Australie et les autres pays producteurs. Beaucoup
pensaient que ces pays étaient bien gérés et destinés à un lendemain toujours
meilleur, ce qui a poussé les investisseurs locaux à emprunter des dollars à
bas prix pour investir sur des mines, des usines et des obligations
gouvernementales domestiques aux taux attrayants. L’heure était aux marges
bien grasses.
Et puis il s’est trouvé
que la dette accumulée par les économies consommatrices de ressources a
généré un courant contraire que personne n’a pu surmonter. Les constructions
chinoises ont pris fin, et le monde développé n’est pas parvenu à atteindre
la vitesse d’évasion. Le dollar a flambé et les marchandises ont plongé. Le
pétrole a perdu 21% rien que ces six dernières semaines, et le Bloomberg
Commodity Index est désormais 42% inférieur à son récent record.
Pour vous rendre compte
de ce que cela signifie, imaginez que vous soyez le Brésil. Quand tout allait
bien, vos exportations de pétrole, de fer et de pousses de soja ont créé sur
votre territoire une génération de millionnaires, et permis à votre
gouvernement d’équilibrer son budget. Vos dirigeants ont accru leurs dépenses,
et vos entrepreneurs ont emprunté ce qui semble aujourd’hui être des
quantités monstres de dollars.
Et voilà qu’aujourd’hui,
votre devise, le réal, est en baisse.
Alors que vos taux
d’intérêt grimpent :
Vous vous retrouvez donc
avec, entre autres, une tonne de prêts en dollars qui devront bientôt faire
l’objet de défauts ; une baisse de vos recettes fiscales qui nécessitera
bientôt une réduction des dépenses gouvernementales et/ou une baisse des
impôts – et le moment ne pourrait pas être plus mal choisi ; et des centaines
de mines et usines qui ne génèrent plus suffisamment de flux de trésorerie
pour couvrir leurs coûts.
Des variations du même
scénario se développent aux quatre coins du monde des ressources. En fonction
des pays, une crise a déjà commencé (Argentine et Venezuela), ou commencera
en 2016 (tous les autres, ou presque).
A condition bien sûr que
la situation se stabilise. Si les prix des marchandises continuaient de
baisser ou que le dollar continuait de grimper, cette crise se transformerait
bien vite en chaos.