La plupart des gens normalement
informés, c'est à dire ceux qui ne regardent que le JT d'un
oeil distrait et lisent plus ou moins souvent un quotidien
généraliste, sont persuadés du bien fondé de la
lutte contre les rejets de CO2 provenant de l'activité humaine,
supposés responsables d'un réchauffement climatique
prétendument dangereux pour l'avenir de la planète. Pour
cette raison, le monde politique, dans sa grande majorité,
considère qu'il faut combattre les rejets de CO2, et dépenser
des milliards du contribuable en ce sens. Ce constat est valable dans la
plupart des pays occidentaux.
Si quelque scientifique de renom vient
à défier le dogme officiel, et si par extraordinaire, il
parvient à obtenir une tribune médiatique significative, alors
une nuée de militants de la lutte contre l'apocalypse climatique
prochaine lui tombe dessus. Quelle que soit la précision des faits
contradictoires présentés, il est accusé d'obéir
aux lobbys pétroliers, aux puissances de l'argent, d'être
aveuglé par l'idéologie, d'être un
"négationniste" – terme habituellement
réservé aux néo-nazis qui nient l'existence des chambres
à gaz... --, ou de commettre un crime contre l'humanité
(cf. les
propos d'un réchauffiste fascisant, James Hansen,
rapportés sur ce blog).
Au contraire, les apôtres de
l'élimination du dioxyde de carbone se présentent comme des
gens désintéressés, animés par la seule foi en la
préservation de l'avenir des générations futures. Comme
c'est touchant...
Les lobbies
"réchauffistes" sont très actifs !
Ayant déjà eu l'occasion
d'exprimer quelques unes des raisons de mon scepticisme, je n'y
reviendrai pas. Mais intéressons nous à ceux qui ont
intérêt à ce que les politiques continuent de
dépenser sans compter l'argent public pour lutter contre les
émissions de CO2.
L'un des grands réseaux
d'investisseurs dits "verts" aux USA est l'Investor Network on Climate Risk (INCR.com
), dont les membres, selon sa page d'accueil, pèsent 7 000 milliards
de dollars d'actifs -- selon leurs courriers, "seulement" 1500
milliards. Dans ce domaine, la désinformation va bon train --. Ce
n'est pas rien.
L'évènement est
passé inaperçu, en pleine débâcle de Fannie Mae et
Freddie Mac, mais voici des extraits de la lettre envoyée le 29
juillet 2008 par ce réseau aux deux leaders de la majorité et de
l'opposition au sénat américain, Harry Reid et Mitch McConell,
dont l'intégralité peut être
téléchargée en PDF.
Pour les allergiques au PDF, voici le communiqué de
presse associé. Extraits du courrier:
Dear
Majority Leader Reid and Republican Leader McConnell:
We
are more than 40 treasurers, comptrollers, institutional investors, asset
managers and other leaders managing collectively over $1.5 trillion in
assets. With a number of the production and investment tax credits for
renewable energy and energy efficiency set to expire at the end of this
calendar year, we are writing to urge you and your colleagues to pass PTC/ITC
“extenders” legislation as soon as possible, so investors and
manufacturers can have greater stability and certainty in the near and long
term. Our ability to continue to invest in the renewable energy and energy
efficiency industries, and to accelerate the growth of these industries, depends
on a comprehensive and stable set of supportive policies, including
long-term extensions of these investment and production tax credits.
We
urge the Senate to pass rapidly both Production and Investment Tax Credits of
at least five years , preferably more. Anything short of this time frame
continues to contribute to the “boom and bust” cycles these
industries have been facing over the past several years. For example, in
2001–2002, a two-month gap between expiration and renewal of these
vital credits resulted in a four-fold decline in new wind capacity.
Not
renewing these critical clean energy tax provisions now will cause similar
negative ramifications. In fact, the lack of certainty surrounding the PTC
and ITC is consistently pointed to as the most significant barrier to entry
and as negatively affecting industry growth. A failure to swiftly enact these
tax credit extensions will result in the loss of more than 116,000 jobs and
$19 billion in investment in 2009 in the solar and wind energy industries
alone, according to the consulting firm Navigant. Conversely, passing all of
these tax provisions soon will help to prevent the cancellation of 42,000 MW
of planned renewable energy projects in development today in 45 states
– an amount equivalent to 75 baseload electric power stations.
These
credits are vital to provide investors with
certainty commensurate to the cash flow cycle for major renewable energy
projects. (...)
Le site
de l'INCR recèle d'autres archives du lobbying intense
auquel il se livre auprès des parlementaires, ou d'agences officielles
telles que la SEC. A part cela, les écolo-intégristes vous
affirmeront sans relâche que seuls les sceptiques sont mus par de
basses considérations financières inavouables ! Mais il est
vrai que dans l'esprit de tout écologiste qui se respecte, manger au
ratelier de l'état est vertueux, alors que quémander quelque
subside auprès d'on ne sait quel lobby privé est honteux.
Début de panique dans le lobby
vert ?
Notez le ton particulièrement
alarmiste du courrier. Certes, on ne peut exclure une part de dramatisation.
Mais tout de même, les investisseurs concernés semblent craindre
que, dans la tourmente financière, le congrès ne soit
amené à sabrer dans certaines dépenses jugées non
prioritaires, et il ne voudraient surtout pas que le couperet tombe sur les
dépenses climatiques.
Ce courrier tend à
accréditer la thèse que toute baisse dans les subventions ainsi
accordées (un crédit d'impôt est une subvention,
puisqu'il oblige à augmenter d'autres impôts...) remettrait en
cause la santé financière du secteur. Il y a de quoi !
Car l'état fédéral
n'est pas le seul à cracher au bassinet. De nombreux états
fédérés ont aussi très fortement
subventionné la R&D et la consommation finale de produits
"climatiquement corrects". La Californie du gouverneur Arnold
Schwarzenegger était en pointe sur ces questions. Or, la
Californie est menacée de faillite, et en appelle à
l'état fédéral pour la renflouer. Encore une menace
supplémentaire pour les subventions de certains membres de l'INCR.
Justement, qui sont ils ? La liste des 40
signataires de la lettre donne la mesure de la puissance des
intérêts en jeu. Citons seulement: CalPers, le fonds de
pension des fonctionnaires californiens, de loin le plus gros
fonds de pension aux USA, CTR, le fonds de pension des enseignants du
même état, une grosse poignée de directeurs des finances
d'états fédérés, de la Californie au Rhode
Island, une Floppée de fonds d'investissements, et le président
de la très riche et influente fondation des nations unies.
Bref, un certain nombre de financiers
publics et de professionnels de Wall Street réunissent leurs force de
persuasion pour continuer à prélever sur le dos des
contribuables de quoi maintenir leurs activités à flot.
Les subventions sont contre-productives
quelle que soit la réalité de la menace carbonique
Au delà de l'absence de pudeur de
ses rédacteurs, ce courrier révèle que
l'intervention publique, à tort ou à raison (et selon de
nombreux scientifiques
et économistes, à tort), a gonflé artificiellement
l'activité d'un secteur qui, sans ces aides, ne serait pas rentable,
et n'aurait donc pas atteint la même taille. Autrement dit, les
états ont prélevé d'importantes ressources dans les
poches de leurs contribuables pour financer des activités non
rentables économiquement, ce qui correspond, une fois de plus,
à une bien mauvaise allocation des ressources disponibles.
Naturellement, si les craintes concernant
le climat s'avéraient fondées, certains pourraient dire que les
"externalités positives", c'est à dire les gains
collectifs nés de la mesure, mais non attribuables à un agent
économique en particulier, seraient suffisants pour justifier la
mauvaise allocation comptable de ressources opérée par
l'état.
Quand bien même les craintes sur le
rôle du CO2 se révèleraient finalement fondées,
cette approche est discutable: en subventionnant lourdement des
technologies que sans cela, le public n'achèterait pas, faute de
rentabilité, l'état augmente certes les ventes de ces technologies,
mais réduit la part de marché des technologies de demain, qui
répondront mieux au problème posé. En effet, quand
quelqu'un a déjà investi plusieurs dizaines de milliers de
dollars dans des panneaux solaires de génération ancienne, il
ne va pas les remplacer du jour au lendemain par la première
génération rentable... Sauf nouvelle aide publique ! Et donc le
parc de cellules solaires réellement installé au final,
répondra moins bien à la problématique du
réchauffement anthropogénique si elle se vérifie.
Les subventions aux technologies
immatures orientent donc les industries concernées vers plus
d'investissement dans le lobbying et moins dans la R&D... Elles agissent comme une force inhibitrice du
progrès technologique à long terme, même si
les premiers mois de leur mise en oeuvre peut donner une impression
contraire.
Or, les technologies limitant les rejets
de CO2 ont pour corolaire intéressant d'abaisser nos consommations
d'énergie fossiles, ce qui est en soi un facteur suffisant pur
susciter des motivations d'achat, pour peu que les économies
réalisables soient amortissables sur un nombre d'années court.
Par conséquent, les subventions envers ces technologies sont inutiles:
il suffit d'attendre quelques années de progrès technologiques
pour que les produits en question deviennent désirables pour leurs
qualités économiques, et de fait, réduisent les
consommations d'énergies fossiles bien plus que ne le permettent les
produits actuels.
Quand la bulle éclatera...
Mais imaginons maintenant que les
Spencer, Lindzen, Pielke, Jaworowski, Miskolczy et autres (la liste des
scientifiques sceptiques de très haut niveau s'allonge de jour en
jour. En voici une
très partielle en Français) aient raison, et
que cela finisse par se savoir et par être admis par une grande partie
de l'opinion. Après tout, si nous vivons encore une ou deux
années nettement plus froides que les précédentes, les
opinions finiront tout de même par vouloir écouter d'autres voix
que celles du GIEC, non ?
Dans ce cas, les politiques, qui
soutenaient les subventions publiques, commenceront à lâcher les
ministres et leaders d'opinion qui poussent à la roue de
l'intervention de l'état pour limiter les rejets de CO2. Les
subventions au lobby vert risquent de chuter, malgré le soutien promis
par Barack Obama.
Les conséquences seront dures: des
dizaines d'entreprises qui n'affichent une profitabilité que parce
qu'elles bénéficient de subventions ou de conditions fiscales
discriminatoires, donc une rentabilité tout à fait factice,
devront soit déposer le bilan, soit réduire considérablement
leurs activités.
Et voilà pourquoi dans le monde
entier, tous les lobbies du climat font pression auprès de leurs
parlements pour que les subventions fiscales envers leurs activités
soient pérennisées.
Combien de pertes nos banques peuvent
elles encore encaisser ?
Or, si l'état a amorcé la pompe
par ses subventions, ce sont des milliers d'épargnants privés,
ou des fonds de pension en charge de leur épargne, qui ont
alimenté le flux qui irrigue les membres de l'INCR. Mal
orientés par ces incitations fiscales, et par le matraquage
médiatique pro-réchauffiste dont on peut se demander dans quel
mesure il n'est pas directement financé par des réseaux de type
INCR, qui jouent leur survie sur le maintien des subventions, des braves
"Joe le Plombier" de tous les USA, et sans doute du monde
entier, ont investi dans ces fonds faussement rentables, et qui en plus
permettent de se donner bonne conscience.
Pis même, des hedge funds se sont
endettés lourdement pour profiter de la vague verte. Je n'ai aucune
sympathie pour les fonds spéculatifs qui ont investi sur la foi des
inepties propagées par Al Gore et ses amis, mais si les banques qui
leur ont prêté cet argent devaient faire face à une
seconde série de sinistres de grande ampleur, juste après la
bulle des subprimes... Je vous laisse imaginer la suite.
Naturellement, les banques risquent
d'enregistrer une hausse des sinistres de crédit liés aux
faillites d'entreprises subventionnées. Espérons que les taux
auxquels elles leur ont prêté reflétaient effectivement
le niveau réel de risque encouru. Mais j'ai tendance à croire
que la subvention publique a plutôt diminué la perception du
risque vis à vis de ces entreprises...
La bulle verte ne m'apparait sans doute
pas d'aussi grande ampleur que ne l'était la bulle immobilière,
pour l'instant tout du moins, encore que je manque de données
chiffrées permettant d'étayer cette intuition. Mais son
éclatement, inéluctable, ne fera qu'affaiblir un secteur
financier déjà exsangue.
L'état interventionniste,
destructeur net de valeur
En dirigeant des flots importants d'épargne
vers des secteurs structurellement non rentables, et de fait peu
incités à le devenir, l'état favorise la formation de
capital dans des secteurs qui ne le mériteraient pas sans son
intervention. Il crée l'illusion d'une création de richesse
à court terme, mais favorise en fait une création de
"non-valeur", par des ressources que l'économie
réelle, dirigée par les souhaits individuels de milliers de
consommateurs et d'épargnants, aurait bien mieux allouées. Et
il favorise la formation de bulles d'actifs dont l'éclatement donne
toujours lieu à des phases d'adaptation douloureuses tant pour les
épargnants, que pour les personnes qui ont le malheur de s'être
trouvé employées par la mauvaise entreprise, au mauvais moment.
Les bulles d'actifs finissent toujours
par éclater, telle est l'une des nombreuses bonnes leçons
dispensées par les maîtres de l'économie autrichienne,
Mises et Hayek, que la crise actuelle nous rappelle douloureusement. Lorsque
les investisseurs se rendent compte qu'ils ont mal alloué leurs
ressources, vers des secteurs dont la création de valeur se
révèle inférieure aux attentes, alors ils tendent
à sortir en masse des secteurs considérés. Le
marché, même distordu, contrarié, manipulé, finit
toujours par sanctionner les investissements qui ne créent pas la
valeur attendue.
La compétition entre lobbies pour accaparer
les largesses des états est féroce, et les sommes en jeu sont
telles que tous les coups semblent permis à certains, y compris
entretenir un... climat de peur irrationnelle, afin de forcer la
main des décideurs. Pour empêcher ce type de comportement de
prédateur, il est urgent que les états reviennent à des
règles beaucoup plus strictes, constitutionnellement bien
protégées, en matière de dépense publique: toute
mesure prenant aux uns pour arroser d'autres intérêts
particuliers devrait être tout simplement interdite, les
dépenses redistributives devant se borner à des aides d'urgence
envers des personnes en situation difficiles. En tout état de cause,
toute aide, toute niche fiscale, toute subvention, qui vise à
modifier les comportements qui naîtraient de la confrontation des
offres et des demandes sur des marchés libres doit être bannie.
Les personnes et les entreprises doivent
être libres de l'usage qu'elles font de l'argent qu'elles ont
gagné. Tout expert, tout politicien, qui croit savoir mieux que nous
comment cet argent devrait être dépensé, et qui oriente
en conséquence notre consommation ou notre épargne, ne
fait que réduire la valeur, c'est à dire la mesure de la
satisfaction de nos besoins et envies, créée par la
société dans son ensemble.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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