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Quand les prévenus prononcent leur propre réquisitoire

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Publié le 06 juillet 2010
1116 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Les dirigeants européens vont-ils réussir leur opération de relations publiques des stress tests de leurs banques, comme les Américains y étaient parvenus ?


A en croire Christine Lagarde, l’affaire est dans le sac, puisqu’elle a sans attendre annoncé lors des Rencontres d’Aix-en-Provence que les banques en triomphaient haut la main. Suscitant les commentaires sceptiques des esprits chagrins qui ont fait valoir qu’il paraissait prématuré d’en annoncer le résultat, alors que leurs paramètres mêmes semblaient faire encore l’objet d’ajustements.


L’affaire est mal engagée, ce qui tend à devenir une constante de toutes les opérations de sauvetage européennes de ces derniers temps. Non pas tant en raison de toutes les interrogations qui circulent – et pour lesquelles aucune réponse claire n’est disponible – que pour une simple et unique constatation.


De deux choses l’une, soit ces stress tests vont être l’occasion d’afficher la bonne santé des banques, et ils ne seront pas crédibles, ne serait-ce qu’en raison des précédents tests, dont c’était la conclusion avec la suite que l’on sait ; soit ils mettront en évidence des signes de faiblesse, soigneusement calibrés, et ils appelleront des recapitalisation pour lesquelles rien n’est prévu. Tout portant à croire que les paramètres des tests auront été déterminés en fonction du résultat que l’on voulait obtenir à l’arrivée.


Dans un article particulièrement corrosif du Financial Times de ce lundi matin, et sur le mode faussement dubitatif, Wolfgang Münchau demande s’il va falloir en venir à tester les tests …


Quoiqu’il en soit, il se confirme au fil du temps qui passe et alors qu’il est annoncé une publication des résultats « aux alentours du 23 juillet » par Christine Lagarde, qu’il y a plus de questions que de réponses qui circulent dans la presse, pour qui en fait la revue.


Quelle va être la portée des tests dans ces conditions, quel que soit ce que l’avenir leur réserve  ? Rassurer l’opinion publique ou les marchés ? Qui espère-t-on encore tromper ? Il est de moins en moins probable que ces derniers se laissent ainsi manoeuvrer, condamnant toute l’opération avant qu’elle soit menée à sa fin.


Le Crédit Suisse, profitant sans doute de la neutralité de son pays d’accueil, a mené en parallèle des tests, dont le résultat n’est pas en faveur de certaines banques françaises, le Crédit agricole et la Société générale pour ne pas les nommer. Si chacun y va de son test, que vaudra à l’arrivée celui qui bénéficie de l’imprimatur ?


Tout semble encore à géométrie variable, si l’on met le dossier à plat. Le nombre de banques convoquées pour le test, qui est passé de 25 à une fourchette de 70 à 120, pour atteindre la centaine et redescendre aux dernières nouvelles à 80. La volatilité de son périmètre, pour utiliser une notion chère aux analystes boursiers, permet de croire que celui-ci est ajusté en fonction de choix d’inclusion et d’exclusions qui ne sont pas clairs. S’agirait-il, afin d’expliquer la dernière diminution du nombre de banques, d’écarter des tests les banques les plus mal en point, par exemple certaines Landesbanken allemandes  ?


La publication des résultats d’ici la fin du mois, qui semble encore faire débat en Allemagne (où il se confirme que leur situation est contrastée, suivant une litote qui, elle, est consacrée), est-elle acquise pour la totalité des banques, ou seulement pour une partie d’entre elles ? On recherche toutes les roublardises, lorsque l’on a été déjà échaudé.


Quels paramètres et situations extrêmes ont été choisies – si c’est déjà le cas – afin de réaliser ces simulations  ? En particulier, d’éventuelles décotes des obligations souveraines de certains pays comme la Grèce sont elles prises en compte et selon quelle ampleur ? Pour mémoire, les analystes ne font pas dans le détail quand ils en annoncent l’inéluctabilité et parlent de décotes de l’ordre de 40%… Un fort impact en résulterait alors, mais est-il étudié ou bien écarté  ?


Il est étonnant de lire l’argumentaire de ceux qui s’opposent à ce que de telles éventualités soient prises en compte, car cela serait selon eux conforter les inquiétudes des marchés. Ils semblent confondre prévision financière – bâties avec la conviction qu’elles se réaliseront – et test d’effort, dont l’objet est au contraire de prévoir le pire en espérant qu’il ne surviendra pas. En réalité, ils ne veulent pas avoir à faire face à la nécessité d’une recapitalisation, toujours la même chanson.


Affronter la vérité est impossible, la cacher également : comment sortir d’une telle scabreuse situation ?


Cerise sur le gâteau, les analystes s’interrogent enfin à propos des critères de solidité des banques qui ont été retenus pour ces tests. Ceux de Bâle II – qui ont totalement failli – ou bien ceux qui sont encore en discussion et devraient prendre leur succession sous l’appellation de Bâle III  ? Cette question de méthodologie étant la pire de toute, sous couvert de sa parfaite innocence : en fonction de quels critères une banque est-elle déclarée bonne pour le service ? Celle ou celui qui a la bonne réponse n’a plus de soucis à se faire pour sa retraite.


Dans ce contexte flou, une chose est au moins certaine, ce qui va être testé est moins le système bancaire européen que les capacités des autorités à faire croire qu’elles maîtrisent la situation.

 

La pente qu’ils doivent gravir est rude : l’usure de la parole des dirigeants s’accentue, au fur et à mesure qu’elle est utilisée pour afficher de fausses certitudes. Le meilleur candidat dans ce domaine est Jean-Claude Trichet, qui passe son temps à expliquer que la réduction des déficits et l’adoption de réformes structurelles (destinées à diminuer le coût du travail pour améliorer la compétitivité) sont les clés de la confiance et de la croissance retrouvées. Est-ce que parce qu’il s’approche de la fin de son mandat que le président de la BCE se permet ces faux truismes, ou bien parce qu’il s’accroche à des vérités d’hier ? Un banquier central devrait savoir qu’elles n’ont plus cours.



 

Billet rédigé par François Leclerc

 

Paul Jorion

pauljorion.com

 

 

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

 

Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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