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Quand tout patine…

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Publié le 01 juillet 2010
1403 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

La Banque des règlements internationaux (BRI), souvent présentée comme le saint des saints du système financier, a enfin trouvé la solution à la crise, ainsi qu’elle vient de l’exposer dans son rapport annuel. Devant le danger que représente l’existence simultanée de déficits publics grandissants et d’une nouvelle bulle d’actifs en voie de formation, elle propose de dégonfler les deux en même temps. Il fallait y penser !

 

La BRI vient en effet d’endosser ce qu’elle présente comme l’habit de la raison pour préconiser une vigoureuse action de réduction des déficits publics, tout en avertissant de la nécessité de restreindre les facilités monétaires des banques centrales. Les mesures de stimulus dans l’un et l’autre des domaines doivent selon elle avoir une fin, en raison de leurs effets ; le temps est donc venu de réfléchir à la manière de les arrêter. Elle précise même qu’il ne saurait être question d’attendre la reprise de la croissance pour agir, c’est à dire de tirer ces deux tapis de dessous les pieds des uns comme des autres  !

 

Cette prise de position remarquée de la BRI ne va pas contribuer à éclaircir une situation déjà passablement confuse à propos de la réduction des déficits publics, dont les chefs d’Etat et de gouvernement ont pris acte à Toronto en décidant pratiquement que chacun faisait comme il l’entendait (ou le pouvait). Car elle contredit les récentes prises de position du FMI, qui, sans être d’une excessive clarté dans l’expression, vont dans le sens opposé. Dominique Strauss Kahn, son directeur général, affirmant pour une fois clairement, au sortir du G20, qu’ « il serait catastrophique que tous les pays resserrent leur politique, cela pourrait détruire totalement la relance ».

 

La situation n’est pas plus claire en ce qui concerne le soutien financier des banques. Celles-ci ont profité des liquidités prêtées généreusement et à bas prix par les banques centrales pour notamment acheter en masse de la dette souveraine à long terme. Elles s’en mordent maintenant les doigts en raison des risques qui s’annoncent grandissant sur le marché obligataire public, alors qu’elles se sont endettées à court terme pour y investir et rencontrent des difficultés à faire rouler leur endettement. Si les banques centrales devaient commencer à restreindre leur soutien dans ce domaine, comme la BCE avait commencé à le faire avant d’être obligée de revenir en arrière, que se passerait-il  ?

 

Le monde financier est partagé par de nombreuses inquiétudes contradictoires. Cela reflète l’extension de la crise de confiance qui le traverse. Elle s’est d’abord manifestée au sein du monde bancaire, où elle grippe le marché interbancaire qui permet au système de trouver son équilibre au jour le jour en temps normal ; elle s’est maintenant étendue au marché obligataire, en raison de la crise de la dette publique.

 

L’annonce que vient de faire Moody’s, qui envisage une « possible dégradation » de la note de l’Espagne en raison de la faiblesse de ses perspectives de croissance, illustre à la fois la spirale descendante dans laquelle les pays européens à risque se trouvent et les risques que cela crée pour les banques : baisse de la valeur des obligations dans un premier temps, décote négociée dans un second. On continue de plus en plus d’en parler à propos de la Grèce, d’ici un ou deux ans peut-être, alors qu’elle se prépare à se présenter sur le marché obligataire pour s’y faire massacrer.

 

L’échéance, demain jeudi, du remboursement des facilités à un an accordées par la BCE à un millier de banques européennes, pour un montant de 442 milliards d’euros, vient de créer de nouvelles tensions boursières en raison de la nouvelle baisse brutale des valeurs financières. Les interrogations ne portant pas sur le risque d’un défaut, dont la BCE s’était prémunie en donnant les moyens aux banques de se refinancer à trois mois au préalable, si nécessaire, mais sur le risque d’assèchement d’un marché déjà bien mal en point. La crainte que s’ajoute à la crise de solvabilité (toujours autant dissimulée) une nouvelle crise de liquidité. Le danger est donc sournois, il n’en est pas moins redouté par ses effets.

 

A ce propos, l’échec des mesures de « stérilisation » prises par la BCE, n’est pas pour rassurer – les banques n’ont que partiellement répondu à l’appel de la banque centrale européenne de placer 55 milliards d’euros auprès d’elle, une somme permettant d’équilibrer ses achats d’obligations souveraines. La bonne nouvelle d’une demande plus faible qu’anticipée dans le cadre de l’émission de liquidités à trois mois ne venant pas contrebalancer ce raté, attendons la suite.

 

Les épisodes se suivent à un rythme soutenu dans le monde bancaire. Des fuites publiées sur un blog du Wall Street Journal à propos des stress tests des banques – destinées à rassurer à propos de l’état réel des banques européennes – ne vont toutefois pas y contribuer. Il aurait certes été décidé d’étendre les tests à 60 ou même 120 banques, mais il n’est pas formellement acquis, en dépit de recommandations d’experts travaillant sur le sujet, qu’ils vont prendre en compte les risques liés à la détention d’obligations souveraines. A moins d’un mois de la date annoncée de leurs résultats, l’absence de mécanisme soutenant si besoin les banques n’étant toujours pas réglé.

 

Par ailleurs, une offensive des Ländesbanken se développe en Allemagne, afin d’éviter la publication intégrale des résultats des tests, qui les concernent maintenant aussi, et qui pourraient les rendre très vulnérables. Tandis que les Espagnols maintiennent pour leur part leur cap, en indiquant être déterminés à en publier les résultats, alors qu’ils annoncent la fin de la restructuration de leurs caisses d’épargne. La confusion ne se dissipe toujours pas, comment le pourrait-elle dans un tel écheveau de contradictions ?

 

Aux Etats-Unis, une réunion en urgence de la Conférence destinée à finaliser le projet de loi de régulation financière aurait abouti à la suppression de la taxe bancaire, dont le produit sur cinq ans était estimé à 19 milliards de dollars. Le refus de dernière heure d’un sénateur républicain de voter la loi, si cette disposition était maintenue, serait à l’origine de cette volte-face. Les Européens réaffirmant de leur côté, par la bouche de Michel Barnier, commissaire européen, que le trio formé par les Allemands, les Britanniques et les Français était pour sa part décidé à instaurer une taxe au niveau européen. Le caractère cosmétique de l’opération n’échappant à personne, en ces temps où les mesures symboliques aux effets limités font office de politique.

 

La faible limitation des bonus des banquiers et des traders qui devrait être confirmée par le Parlement européen ne dépare pas de ce point de vue. Présentée comme devant mettre fin aux prises de risque excessives, elle souligne au contraire l’absence de mesures conséquentes sur les instruments financiers qui en sont la véritable cause. La Fédération bancaire européenne s’élevant néanmoins contre la mesure et le désavantage compétitif qui va être instauré vis à vis des Américains….

 

La crise des banques a ravi la vedette à celle de la dette publique, comme dans un numéro de duettistes. En préconisant de faire face à la double addiction des banques aux liquidités des banques centrales et des Etats aux déficits, la Banque des règlement internationaux ne peut que précipiter un rebondissement que certains analystes croient pouvoir déjà annoncer : l’entrée en récession des économies suivie d’une relance de la politique de création monétaire à grande échelle des banques centrales, la BCE plus que jamais à la croisée des chemins après tant de renoncements…

 

La fameuse « trappe à liquidité » de Keynes, déjà à l’oeuvre au Japon, pourra alors trouver de nouveaux terrains d’élection. La zone euro sera quant à elle arrivée au fond de l’impasse dans laquelle elle s’est engagée.

 

Billet rédigé par François Leclerc

 

Paul Jorion

pauljorion.com

 

 

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

 

Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).

 

 

 

 

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