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Du 9 au 12
juillet avait lieu à Las Vegas, la FreedomFest, la convention nationale annuelle des libertariens et des conservateurs fiscaux
américains. Après « Are we
Rome ? » (Sommes-nous
Rome ?) en 2013, le thème retenu pour 2014
était : « Is Big Brother here? » (Big Brother
est-il parmi nous ?).
La FreedomFest est une occasion unique de
célébrer les grands livres, les grandes idées et les
grands penseurs, dans la cadre d’un forum indépendant et non
partisan où se succèdent les tables rondes, les
conférences et les rencontres autour d’une centaine d’exposants
issus de tous les horizons de la sphère libertarienne,
dans le décor baroque d’un grand hôtel-casino du Strip : le Planet
Hollywood.
Les libertariens ne croient pas au meilleur des mondes. Ils croient
simplement qu'un monde meilleur est possible, un monde fondé sur
l’initiative privée et la responsabilité individuelle. Et
le moyen d'y arriver est d’inventer des solutions de marché aux
problèmes auxquels nous sommes confrontés. Des solutions
fondées sur l’échange volontaire plutôt que sur la
contrainte étatique et le collectivisme. Car les solutions mises en
œuvre au cours du XXe siècle ont échoué. Elles ont
consisté à augmenter toujours plus le pouvoir central et
l’intervention des gouvernements dans nos vies privées, que ce
soit par la fiscalité, la législation, la police et
l’armée. Elles ont conduit à l’État
providence et à l’État de surveillance :
« Big Brother is
watching you »,
comme l’avait si bien prédit George Orwell dans 1984.
Nos
libertés sont plus que jamais menacées par les administrations
en place, que celles-ci se réclament de gauche ou de droite. Le
pouvoir est de plus en plus concentré entre les mains de quelques-uns,
censés représenter le peuple, mais qui n’hésitent
pas à mépriser les droits élémentaires des
citoyens, les libertés individuelles et en particulier les
libertés économiques.
La
stratégie des libertariens consiste à
se demander comment le secteur privé peut réussir là
où l’État a échoué depuis longtemps dans des
domaines tels que l’éducation, la santé, la
prévention et la répression des crimes, l’innovation
technologique, la compétitivité, la solidarité, la finance,
l’épargne et la retraite.
C’est
dans cet esprit que la FreedomFest a
été fondée en 2002 par Mark Skousen,
essayiste, ancien professeur d’économie à la Columbia
Business School, et ancien président de la
Fondation pour l'éducation économique (FEE). Cet événement
annuel invite les participants à réfléchir à des
alternatives privées aux politiques publiques, pour faire face aux
problèmes économiques et sociaux de notre temps.
De grandes
voix de la liberté étaient présentes à cet
événement. Des conférenciers de renom comme Steve Forbes
(fondateur du magazine qui porte son nom), John Mackey
(PDG de Whole Foods Market), P.J. O'Rourke
(essayiste et humoriste), John Stossel (producteur
d’un show libertarien sur la chaîne de
télévision Fox Business), Matt Kibbe
(président de FreedomWorks), George Gilder (économiste et écrivain), Peter Schiff (radio show), Grover Norquist (America for Tax Reforms), Nick Gillespie
(directeur de Reason.com et Reason TV), Mark Littlewood, (IEA), Tom Palmer (Atlas Network), David Boaz (Cato Institute)… Toutes
les interventions sont disponibles à la vente sur un site Web, sous forme de cd, dvd et
mp3.
Des think tanks généralistes étaient
présent, comme Cato, Mises, Atlas, Institute
for Economic Affairs
(Royaume Uni), FreedomWorks, Heritage,
Heartland Institute (qui tenait sa propre
conférence sur le climat quelques jours avant) ; et beaucoup d'autres.
On y trouvait aussi des activistes de la liberté comme le Free State Project,
Students for Liberty, Young American for liberty,
Liberty me, Independent Women’s Forum, Crime Research Prevention Center (sur
le droit de porter des armes à feu).
Il y avait également
de nombreuses sociétés commerciales spécialisées
dans l’or et l'argent pour faire connaître aux participants une alternative
à l’épargne classique, et surtout une façon
certainement coûteuse, mais probablement prudente, de se
prémunir contre l'inflation et l'effondrement du dollar.
Selon Mark Skousen, Steve Forbes et Peter Schiff,
adeptes de la théorie des cycles de Ludwig von
Mises et Friedrich Hayek, les
États-Unis connaissent aujourd’hui une reprise en grande partie
artificielle, en raison de la politique d'argent facile de la Réserve
fédérale. Ceci entraîne un cycle
d'expansion-récession comportant trois phases. Dans un premier temps,
on observe une phase de marché haussier, avec des taux bas,
c’est la bulle. Dans un second temps, l'inflation reprend et les taux
d'intérêt remontent. Enfin, dans une troisième phrase, apparait
inéluctablement un resserrement du crédit et une courbe de
rendement inversée, qui provoque la récession.
Élément
positif, les économistes autrichiens ne sont plus ignorés par
les keynésiens, et sont en fait considérés par ceux-ci
désormais comme leur principal adversaire, les qualifiant d’ « austeriens », à cause de leur
défense de l’épargne et de la discipline
budgétaire.
L’épouse
de Mark Skousen, Jo Ann, professeur d'anglais,
anime chaque année à la FreedomFest
le festival du film libertarien qui a pris pour nom
le titre d’un roman d’Ayn Rand : Anthem. Le clou du festival fut la
projection en avant-première d’Atlas Shrugged
III: Who is John Galt?, dernière partie de la trilogie, qui sortira
en salle aux USA en septembre. À retenir, parmi les documentaires
passionnants proposés, Freedom
from Choice (avec la
participation de Peter Schiff), Before Snowden: Behind the Curtain
(sur les dénonciations de la NSA par des hauts-fonctionnaires
américains avant l’affaire Snowden) et
Poverty, Inc.,
qui a gagné le premier prix du festival (2500 $) et qui expose les
solutions de marché au problème du développement dans
les pays pauvres.
Last but not
least, Las Vegas reste le symbole d’une liberté intégrale
que les américains continuent de chérir, malgré
l’avancée inexorable de l’État
fédéral « Big Brother
». Une liberté que nous avons perdue chez nous depuis bien
longtemps par excès de lois, de règlements, d’ordonnances
et de décrets inutiles. Malgré ses propres excès et sa
démesure, Vegas
reste un endroit unique où il fait bon vivre, quelques jours, à
un coût très raisonnable, si l’on évite de
dépenser son argent dans les machines à sous. Les hôtels
cinq étoiles sont ultra luxueux et pourtant la nuit ne coûte pas
plus de 50 $. Les buffets à volonté sont accessibles pour 20 $,
nuit et jour. Des spectacles offerts aux clients des hôtels ont lieu
partout. La consommation d’alcool est autorisée dans les rues
(chose qui va de soi chez nous mais pas aux États-Unis…) Et la
consommation de cigarettes est permise dans les casinos. Il y a dans cette
ville un parfum de fête et une joie de vivre qui me frappe à
chaque fois. La classe moyenne américaine, qui ne prend que 2 à
3 semaines de vacances par an, aime à s’y retrouver un week-end
pour décompresser, mais toujours dans la courtoisie, le sourire et la
gentillesse. Après plusieurs séjours, je n’ai toujours
pas vu de geste déplacé, de vulgarité, d’injure.
Les SDF y sont nombreux mais particulièrement bien traités.
J’ai vu un serveur apporter dans la rue une série de hamburgers
non consommés à des misérables, plutôt que de les
jeter à la poubelle. Les gens qui travaillent à Vegas sont
aussi nombreux que ceux qui viennent en vacances et chacun connait le prix du
service rendu.
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