Commençons par établir trois
faits. Premièrement, les volumes de contrats échangés ne se sont pas comptés
en « millions » (comme le prétend au moins un théoricien de la
conspiration). Pendant la minute lors de laquelle le prix de l’or est passé
de 1.254,10 dollars à un bas de 1.236,50 dollars, avant de repartir jusqu’à
1.247 dollars, 18.031 contrats ont été négociés. Les volumes enregistrés par
les contrats d’octobre et de novembre ont été négligeables.
Deuxièmement, la Terre est
ronde. La baisse n’est pas survenue alors que tout le monde était endormi (ce
dont au moins un théoricien de la conspiration voudrait nous convaincre). Elle
est survenue quand l’Europe et le Royaume-Uni ouvraient, à 9h01 du matin
heure de Londres, alors que les marchés de la Chine et de Singapour étaient
également ouverts.
Troisièmement, il n’y a pas eu
de vente unique excessivement large destinée à écraser le prix de l’or, mais
un grand nombre de petites transactions, la plus importante ayant concerné
296 contrats (soit près d’une tonne, ou 36 millions de dollars). Le graphique
ci-dessous montre les millisecondes qui se sont écoulées entre 9h01m00s et
9h01m30s, en l’espace de trente secondes.
Sur une telle échelle, une
majorité des transactions effectuées le sont d’un ordinateur à un autre. Il s’agit
d’une bataille d’algorithmes. Je dis « bataille », parce que les opérations
ne sont pas allées que dans un sens. Il est en effet arrivé que le prix
grimpe.
Que s’est-il donc passé ?
Je ne crois pas qu’il soit
nécessaire de déterminer si le prix au comptant ou celui des contrats à terme
a plongé le premier, pour déterminer lequel en a été la force motrice. Les
deux se sont déplacés quasiment en même temps, en raison des lignes de fibre
optique qui connectent les serveurs des animateurs de marché. Les erreurs de
timing, notamment de la part d’un tiers qui opère depuis l’extérieur, peuvent
être plus importantes que l’échéance des évènements observés.
Il existe un meilleur moyen de
répondre à cette question. Si le prix au comptant plonge par rapport à celui
des contrats à terme, alors nous savons que des ventes au comptant ont été
effectuées. Si le prix des contrats à terme chute par rapport au prix au
comptant, alors des contrats à terme ont été vendus.
Cet écart entre le prix à terme
et le prix au comptant est appelé la base.
Voici un graphique du prix de l’or
superposé à la base de l’or du mois d’août. L’effondrement s’est produit à
8h01 GMT, ou 9h01 BST.
La situation est évidente :
à mesure que le prix a baissé, il en est allé de même de la base. L’évènement
déclencheur a été une vente de contrats à terme. Il ne s’est pas agi d’une grosse
conspiration. Les ventes sont restées très limitées.
Il devrait être noté que la base
n’a pas beaucoup changé. 10 points de base. Voilà qui suggère que bien que
cette fluctuation ait été influencée par les contrats à terme, du métal a
également été vendu.
Bien évidemment, si les gens avaient
acheté du métal sans influencer son prix alors même qu’un parti répréhensible
vendait des contrats à terme pour faire baisser ces contrats de 14 dollars,
il y aurait également eu une backwardation de 14 dollars sur les contrats à
terme du mois d’août. Ce qui représente plus d’1%, ou 6% sur une base
annualisée.
Voyons maintenant un graphique
du prix de l’argent superposé à la base de l’argent du mois de septembre, qui
présente une situation quelque peu différente :
Un déclin de prix de 25 cents et
un déclin de la base de 15 points de base semblent relativement modérés. Les
contrats à terme ont enregistré quelques ventes, mais ces dernières n’ont pas
été exclusives au papier.
Observez l’action de la base une
heure plus tard. Quelqu’un – ou plusieurs personnes – a enchéri sur le
papier. Quelqu’un a acheté au creux du marché. Mais cela n’a eu aucun impact
sur le prix, parce qu’il y a également eu des ventes de métal. Au cours des
cinq heures qui ont suivi, nous avons pu voir d’importants achats d’argent
papier, qui ont porté la base au-dessus de son point de départ, bien que le
prix ait plafonné en-dessous de son niveau de départ avant de décliner à
nouveau.
Voilà ce à quoi ressemble la
rencontre entre l’exubérance du marché à terme et les ventes de métal
physique. Regardez ce qui s’est passé à 13h30 GMT.
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