Les
bombes à retardement que représentent les économies
européenne et américaine nous posent la question de savoir
laquelle d’entre elles explosera la première. Ces deux derniers mois,
il semblait que l’Europe allait être la première à
s’effondrer. Cependant, le refus d’Angela Merkel
de supporter les plans de sauvetage des pays Européens ainsi que sa
récente déclaration concernant l’absence d’un
bazooka fiscal à la Hank Paulson
dans son sac à main on quelque peu fait se relâcher la pression.
En revanche, l’échec du Super-Comité à trouver une
solution aux problèmes fiscaux des Etats-Unis souligne à
nouveau le fait que les fusibles économiques du pays sont
dangereusement sur le point de sauter.
La
chancelière Angela Merkel déplore le
fait que l’Europe ne jouisse pas d’une béquille
monétaire similaire à celle sur laquelle les Etats-Unis sont en
mesure de s’appuyer. Son objectif serait de limiter la crise à
l’aide de réformes budgétaires et de pousser l’euro
à devenir la devise la plus puissante du monde. On a récemment
beaucoup jugé les obligations Allemandes manquant d’attirer les
investisseurs comme étant la preuve du manque de confiance
porté par les investisseurs aux politiques économiques de la
chancelière Allemande. Personnellement, je pense le contraire :
beaucoup d’investisseurs pensent selon moi que Merkel
ne fait pour l’instant que bluffer et finira par imprimer des devises
de la même manière que les autres. C’est pour moi la
raison pour laquelle les rendements sur obligations allemande ont
récemment modestement augmenté.
Les
Etats-Unis ont su prouver de leur absence de volonté à faire
face au problème de la dette, dans la mesure où
l’échec de leur Super-Comité a été rendu public
en cours de semaine. Les politiciens américains ne confronteront sous
aucune circonstance leur crise de la dette. Alors qu’une telle nouvelle
n’aurait pas dû déboucher sur un tel état de
surprise, elle est apparue comme une véritable
révélation aux yeux de ceux qui se faisaient encore des
illusions. Quelques membres du Congrès, tels que John McCain, sont
allés jusqu’à voter contre la réduction de
dépense de l’ordre de 1,2 trillions de dollars qui devrait
être appliquée par les Etats-Unis dès janvier 2013.
Au
cours de cette prochaine décennie, le gouvernement des Etats-Unis
espère dépenser plus de 40 trillions de dollars. Même si
l’objectif de 1,2 trillion de dollar de réduction de
dépenses était achevé, il ne représenterait que
3% des dépenses totales. Cette réduction de dépenses ne
réduira pas de manière drastique le déficit de notre
pays, qui si l’Histoire venait à se répéter, ne
fera sûrement que continuer à se creuser au fil du temps. Les
dépenses ne feront au mieux qu’être très
légèrement inférieures à ce qui était
prévu par les objectifs budgétaires.
Entre
temps, l’idée grandissante d’un défaut
européen est favorable à la demande d’investissement en
dollars US. Les problèmes de déficits auxquels fait face
l’Europe se prouvent donc temporairement favorables à la bulle
économique Américaine. Cependant, une résolution de la
crise européenne pourrait inverser la tendance. Si l’on observe
ce qu’il se passe à Berlin, on s’aperçoit
très vite qu’une réelle solution n’est pas hors de
question. Si cela peut permettre de restaurer la confiance parmi les
investisseurs, le dollar pourrait vite perdre de son intérêt
pour ces derniers qui auront plus tendance à investir dans des devises
plus stables et permettant de plus importants rendements.
L’ironie
de la situation, c’est que beaucoup critiquent actuellement
l’Europe pour ne pas avoir suivi l’exemple des Etats-Unis. Ces
critiques déplacées sont basées sur le fait que certains
pensent que l’approche des Etats-Unis a fonctionné. Les
Etats-Unis ont bien sûr su retardé l’explosion de leur
économie, qui pourrait dans le futur s’avérer bien plus
importante qu’elle ne l’aurait été
aujourd’hui. Beaucoup ont ici confondu délai avec succès.
Cependant,
si les plans d’Angela Merkel portent leurs
fruits, l’Europe se verra louée pour avoir choisi un chemin
différent de celui des Etats-Unis. L’Euro aura une chance de se
voir réévalué, et le dollar s’effondrera. Les prix
des matières premières flamberont, offrant une pression
supplémentaire aux prix et aux taux d’intérêts aux
Etats-Unis.
Tout
retournement significatif de la tendance haussière du dollar pourrait
offrir un catalyseur pour les nations possédant d’importantes
réserves de dollar. Je pense qu’Angela Merkel
comprend très bien l’avantage qu’on eut les Etats-Unis
à diriger la devise de référence mondiale. Je pense
qu’elle voudrait offrir cet avantage à l’Europe, et si
l’on en croit sa stratégie, elle pourrait bien y parvenir.
On
dit souvent qu’on n’apprécie que rarement les choses que
l’on a jusqu’à ce qu’on vienne à les perdre.
La situation actuelle à Washington pourrait bien finir par pousser le
reste du monde à refuser les privilèges des Etats-Unis en
termes de devise de réserve. Cette perte pourrait offrir aux
Américains une appréciation des plus réalistes de ce
concept.
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