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Qu’on le déplore ou non, la stricte
objectivité consiste à reconnaitre que l’or et
l’argent-métal exprimés en USD ont
enregistré en 2011 un renversement majeur de leur tendance
haussière commencée il y a près de dix ans et que le
dollar US lui-même (considéré sous la forme du US Dollar
Index) a enregistré en 2011 un renversement majeur de sa tendance
baissière ayant également commencé il y a prés de 10 ans. La plupart des investisseurs,
abreuvés de faux signaux contradictoires émis par les banques
centrales comme par les grandes banques privées et de nombreux
gestionnaires, n’en n’ont pas encore tiré les conclusions
qui s’imposent.
A savoir qu’il est fort peu probable que les
résistances respectives vers 1.922 et 50 USD l’once sur
l’or et sur l’argent-métal puissent être franchies
à la hausse tant que le dollar US ne reprendra durablement pas sa
baisse. Et qu’il est prévisible que les deux métaux
précieux précités aient entamé une baisse
d’assez longue période qui pourrait les faire chuter vers
1.200-1.300 et 16-18 USD l’once avant de trouver des supports solides
leur permettant de se stabiliser. Il n’y a qu’en euros et
autres monnaies désormais faibles que l’or et accessoirement
l’argent-métal puissent encore monter, puisque ces deux métaux en
réalité ne voient leurs prix s’apprécier que
lorsque les monnaies dans lesquelles ils sont exprimés baissent.
La hausse du dollar US étant loin d’être
terminée puisque que la zone euro n’est pas viable dans sa forme
actuelle, faute d’acceptation par l’Allemagne d’une
mutualisation complète des dettes actuelles et futures des PIIGS et
autres Etats regroupées en un seul type d’instrument et
nouvellement émises via des eurobonds (avec
garantie inconditionnelle par l’État allemand ou par la BCE de
leur remboursement final), tout permet de penser qu’une chute de la
monnaie unique européenne en direction des 1,15 USD voire à
parité est plus que probable lorsque le processus d’éclatement
de ladite zone deviendra inévitable. Ce qui pourrait alors aussi
provoquer des ventes d’or en panique, tant de la part de certaines
banques centrales nationales européennes, de la BCE ou du FMI, pour
lever du cash en dollars US et faire face à certaines situations
d’urgence liées au risque de défaut sur les dettes
nationales européennes. On notera, enfin, qu’il n’y a pas
que contre l’euro que le dollar US monte mais aussi contre le franc
suisse et plus récemment contre le yen japonais.
Le retournement à la baisse des métaux
précieux exprimés en USD tient également au renversement
des anticipations inflationnistes initialement suscitées du fait de la
création massive de monnaie ex nihilo par les banques centrales (en
particulier les Quantitative Easing aux USA et en
Grande Bretagne et les LTRO en zone euro) qui ne se sont pas encore
concrétisées puisque, cette liquidité
n’étant pas rentrée dans l’économie
réelle mais étant allée sur les marchés financiers
(actions et obligations américaines en dollars US surtout) en ou
étant restée dans les livres des grandes banques privées
qui les ont reçues (voire étant revenue dans les livres des
banques centrales elles-mêmes), il
n’y a pas eu d’accélération de la vitesse de
circulation de la monnaie (condition nécessaire à
l’inflation) qui au contraire est en nette
décélération. Sans compter que le
poids des endettements étatiques massifs et le fort ralentissement
économique (apportant chômage de masse et perte
généralisée de pouvoir d’achat des consommateurs)
ont continué d’exercer une pression déflationniste
globale sur les économies réelles occidentales, même si
la plupart des prix des biens, marchandises et services au détail ne
baissent pas faute d’élasticité de l’offre via plus
de concurrence.
Deux autres facteurs militent pour une correction
baissière durable des métaux précieux exprimés en
dollars US:
- Premièrement, en raison de l’explosion de leurs
coûts de production, la
plupart des sociétés minières ne réalisent plus
de profits si l’or et l’argent ne se maintiennent pas durablement
au dessus de 1.650 et de 28 USD l’once
respectivement, ce qui va les obliger à recourir de
plus en plus à l’arbitrage, c’est-à-dire à
la vente à terme systématique de leur production actuelle et
future. Un facteur éminemment baissier pour les cours de leurs actions
comme des métaux eux-mêmes, comme on a pu le voir dans le
passé. La
situation est même pire pour les sociétés produisant du
platine qui disent avoir besoin d’un prix de 1.900 USD l’once
pour rester rentables alors que le prix actuel du platine
n’est que de 1.600, ce qui explique que ce métal a
été incapable de remonter au delà
de son plus haut à 2.300 atteint en 2008.
- Deuxièmement, les
bullion banks,
qui opèrent pour leur propre compte sur les marchés des
métaux précieux pour accumuler des profits financiers à
la hausse comme à la baisse comme pour se financer (carry trade) à partir des métaux qu’elles
empruntent à des taux très bas aux banques centrales
(lesquelles les leur louent via les gold ou silver loans) puis qu’elles vendent aussitôt
à terme, ont
repris ces ventes à découvert à grande échelle
dans le but de “squeezer” les sociétés
minières en les forçant à vendre leur production ce qui,
faisant chuter les prix des métaux, assurerait auxdites bullion banks des profits
importants.
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A noter que les opérations des bullion banks, américaines pour la plupart, se font avec
la “bénédiction” de la Federal
Reserve qui s’oppose à l’appréciation des prix de
l’or et accessoirement de l’argent-métal dans la mesure
où elle pourrait remettre en question le rôle du dollar US comme
monnaie mondiale, en précipitant une réforme du Système
monétaire international dans le sens du rétablissement de
l’étalon-or ou du bimétallisme, dont les banquiers
centraux ne veulent évidemment pas parce qu’elle les priverait
de tout pouvoir monétaire et donc de leur possibilité de
manipuler les économies et les marchés. A ce sujet, on doit
bien convenir que nous
ne vivons évidemment plus en Occident dans un système
démocratique et décentralisé libéral
d’économies de marché où les prix sont
fixés par la loi de l’offre et de la demande, mais dans des économies
fortement étatisées et centralement planifiées (proches
de celle de l’ex URSS) gérées par des banquiers centraux
keynésiens non élus (les nouveaux apparatchiks) qui
décident seuls des taux d’intérêt, de la
quantité d’argent émise et du prix des principaux actifs
pour le plus grand bénéfice des grandes banques privées
et de quelques super riches, sans avoir à en rendre compte ni aux
gouvernements ni aux peuples. Pour ces banquiers centraux, la
conjoncture actuelle est hélas idéale pour qu’ils donnent
un coup de massue sur les métaux précieux, une classe
d’actifs dont ils espèrent détourner les investisseurs
puisqu’ils veulent promouvoir les actifs de papier qu’ils
émettent et non pas les actifs réels, comme l’or qui
reste pour eux “la relique barbare” ainsi que la stigmatisait le calamiteux Keynes
alors même que le métal jaune, n’étant pas
imprimable par nos manipulateurs, constitue l’expression de la
Liberté (une valeur qui ne figure évidemment pas dans les
politiques dirigistes qu’ils poursuivent).
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Plus que jamais, une stratégie Long+Short,
comme celle que nous pratiquons, s’impose sur les marchés des
métaux précieux. Si l’on a des actifs importants en
métaux précieux physiques exprimés en USD, il est
à conseiller de les arbitrer sans tarder via l’achat d’ETF
ultra short métaux en dollars US (comme les GLL et ZSL). Quant aux
actions des sociétés minières, qui ont d’ailleurs
constamment sous performé la hausse des métaux depuis plusieurs
années (comme le montrent leurs indices GDX ou HUI), il importe d’en
sortir et de les oublier pour longtemps en raison du risque de forte chute
qui ne manquerait pas d’affecter leurs cours en cas de baisse
additionnelle sensible des prix des métaux eux-mêmes, sans
parler d’une forte correction des marchés d’actions en général
(actuellement surachetés) qui affecterait négativement les
actions des sociétés minières beaucoup plus que
d’autres en raison de la stagnation voire de la disparition à
venir de leurs profits.
A lire:
Objet : Gold miners need gold above
$1650 to keep nose above water
- Mining | Moneyweb
http://www.moneyweb.co.za/mw/view/mw/en/page292523?oid=561612&sn=2009+Detail
Objet : Platinum
industry needs $1 900/oz – Amplats
http://www.miningweekly.com/article/platinum-industry-needs-1-900oz-amplats-2012-02-13
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Prochains objectifs: 1.670 sur
l’or en USD et 31 sur l’argent-métal en USD puis,
s’ils cassent à la baisse, retour aux plus bas de 1.520 et 26.
Depuis mai 2011, le dollar US s’est
retourné à la hausse et tout indique que cette tendance va se
poursuivre.
Il n’y a qu’en euros et autres
monnaies désormais faibles que l’or peut continuer de monter,
surtout si la zone euro sous sa forme actuelle implose. L’achat
d’or en euros ne permettra peut être
pas de réaliser des gains réels puisque la valeur de cette monnaie
et son pouvoir d’achat baissent (ce qui est loin d’être
fini) mais de se protéger desdites baisses en maintenant le pouvoir
d’achat de son capital placé en euros, ce qui n’est pas
rien et constitue le but recherché lorsque l’on achète de
l’or.
Pierre
Leconte
Article originellement
publié
ici
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