Dans quelques jours, les
Français choisiront leur président. Mais comment choisir entre
les politiques étatistes de droite ou celles de gauche ? Petit
décryptage hebdomadaire de la langue de bois et de la mauvaise foi habituelle
de nos politiciens.
• La
campagne officielle vient à peine de débuter qu'elle a
déjà son héros : Jean-Luc Mélenchon, l'ancien
lambertiste, devenu élu socialiste et aujourd'hui candidat communiste non
avoué mais exalté. Les sondages les plus optimistes le donne
à 15%. Si ce niveau est confirmé dans les urnes, ce serait la
première fois depuis 1981 que le PCF atteint de tels sommets. Les
médias évoquent la dynamique du «Mélenshow»,
les militants de gauche se laissent séduire par la fougue du tribun
qui s'autoproclame troisième homme du scrutin, en rêvant
évidemment d'être le deuxième. Bref, c'est la grande
vague rouge. La Bastille tombera de nouveau et les têtes suivront...
Charmant paysage de campagne, mais l'esquisse est sommaire. Un regard attentif
permet de mieux comprendre le phénomène.
Son niveau
dans les enquêtes d'opinion varie entre 12,5 et 15%, ce qui ne l'assure
pas de cette fameuse troisième position qu'il réclame. Ce score
s'explique surtout par l'absence de la faucille et du marteau sur ses
affiches, par le manque de concurrence des candidats invisibles du NPA (Nouveau
parti anticapitaliste) et de LO (Lutte ouvrière) et par la campagne
ratée des Verts. Le Front de Gauche se présente comme un
fourre-tout vaguement marxisant qui absorberait toutes les voix de la gauche
extérieure au PS. Si Mélenchon cristallise sur sa personne
environ 15% des scrutins exprimés au soir du premier tour, il sera
finalement dans la fourchette traditionnelle de l'extrême-gauche
française à la présidentielle. Pas plus. On est bien
loin du Grand Soir. Ce qui serait vraiment révolutionnaire,
c’est que la France en finisse avec cette sympathie anachronique pour
l’extrême-gauche…
Si la
Mélenchon-mania apparaît plus importante qu’elle
n’est, c’est avant tout grâce au regard complaisant que lui
portent les médias. Pas de quoi s’étonner : si les
organes de presse de gauche peuvent se laisser séduire par une
énergie qui semble faire défaut à François
Hollande, pour la presse sarkozyste,
Mélenchon a le double mérite de pénaliser le candidat
socialiste tout en rognant sur l'électorat de Marine Le Pen.
Formé en politique à l’UNEF et à l'Organisation
communiste internationale, Mélenchon affiche des convictions anciennes
(archaïques ?), attirant inévitablement à lui la frange
rose vif du PS. Double impact sur François Hollande : le socialiste
voit son socle de voix s'éroder et s'il gauchise son discours, il perd
ses appuis au centre. Mais Mélenchon est également gênant
pour Marine Le Pen qu’il empêche de prendre trop d’importance.
Car c'est bien lui qui joue actuellement le rôle du « candidat anti-système », grâce à son
personnage populiste, cabotin et râleur, en s’opposant à
tout : le capitalisme, la finance, le remboursement de la dette, le
libre-échange, la mondialisation...
In fine,
Mélenchon n’est qu’un épouvantail très utile
à Nicolas Sarkozy. Et dire que le peuple de gauche français espère
sans doute que son apparente montée en puissance puisse être le
début d’une grande vague rouge...
• A
l’approche du premier tour, les médias commencent à
pointer du doigt le risque d’une forte abstention. Ce n’est pas
une surprise. Depuis 1988 et la réélection de François
Mitterrand, la France connaît une mobilisation électorale
toujours moins forte. A partir de cette date, tous les scrutins ont
été affectés par une progression d'environ dix points de
l'abstention. L'élection présidentielle est seule à
avoir échappé à cette tendance. Le
phénomène est devenu un marronnier que la presse décline
invariablement selon deux angles : l’aspect sociologique, qui
pointe souvent le manque de participation civique des couches les plus
populaires de la population, et l’aspect citoyen-moralisateur, qui veut
que « si vous ne vous acquittez pas de votre devoir de citoyen, vous
êtes un salaud parce que des gens sont morts pour que vous ayez ce
droit. »
Oui, voter est
un acte important. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on
doit accepter qu’un citoyen ne veuille pas accorder sa voix à un
candidat qui ne le convainc pas. Quant au fait que des gens soient morts pour
l’obtention de ce droit, ça n’oblige à rien. Dans
l’histoire, des tas de gens ont donné leur vie pour des causes,
elles n’en deviennent pas toutes respectables pour autant.
La
démocratie offre la liberté de choisir ses représentants
comme celle de les dédaigner. La principale cause de
l’abstention est d’abord la médiocrité des
candidats.
• Il est
un candidat originaire du Sud-ouest dont les médias parlent peu. Il refuse
le clivage droite-gauche et propose un vrai programme libéral, humaniste,
simple, intelligible, sensé et certainement salutaire. Qui cela
peut-il être ? Si vous avez répondu François Bayrou,
c’est que vous n’avez pas lu la description du programme…
Ce candidat mystère est Frédéric Bastiat, grand
économiste français du début du XIXe siècle, dont
les écrits sont considérés comme incontournables dans de
nombreux pays sauf le notre.
Cette
candidature est évidemment due à l’espièglerie
d’un petit groupe de libéraux, navrés de la
pauvreté des idées des candidats officiels, tous étatistes.
L’initiative est louable : la France a un besoin urgent de
redécouvrir l’un de ses plus brillants penseurs.
http://bastiat2012.fr/
•
François Hollande a décliné implicitement la proposition
de Nicolas Sarkozy de deux débats entre les deux tours. Normal. François
Hollande a bâti sa campagne comme un référendum
anti-Sarkozy. Le face-à-face l’oblige à entrer dans la
confrontation, de se mesurer directement à son rival et donc
d’exposer ses propres faiblesses, notamment en matière
d’expérience et de crédibilité régalienne.
En refusant l’idée d’un double débat, le candidat
socialiste est d’ores et déjà piégé. Il
avoue l’idée qu’il a tout à perdre en
répétant cet exercice. Evidemment, ça aurait
été différent s’il avait eu une vraie stature
présidentielle et un vrai projet à présenter aux
électeurs.
Le pensionnat
catholique St Jean-Baptiste de La Salle, à Rouen, n’était
peut-être pas le meilleur endroit pour apprendre une grande
leçon de vie : quand on veut faire taire la petite brute de la
cour de récré, il faut provoquer soi-même la
confrontation musclée…
• Méthode Coué
« On
n'est pas loin du moment où les Français vont dire stop,
ça suffit, tout ça n'est pas sérieux. » François
Bayrou, dans un article paru sur le site du Figaro
le 6 avril.
Cette semaine,
le candidat centriste est passé sous les 10% des intentions de vote au
premier tour. Effectivement, les Français disent « stop,
ça suffit, tout ça n'est pas sérieux ».
• Soit dit en passant
La Pologne est
le seul pays européen à ne pas avoir connu de récession
en 2009. (Le
Monde)
Comme quoi,
avoir un chef de gouvernement libéral n’est pas si dommageable !
• Les chiffres ne mentent jamais
Le coût
du programme socialiste serait de 255 milliards selon l'UMP, 30 milliards
selon l'Institut de l'entreprise et de 25 milliards selon le PS.
Et si voter
François Hollande permettait à Christine Lagarde de prendre la
tête du pays ?
• Le grand mystère de la foi en
soi-même
Jacques
Cheminade veut sortir du court terme. (Ouest-France)
Diable, le
candidat de Solidarité et
Progrès viserait-il déjà l’élection
de 2017 ?
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