Ce que les
propriétaires d’or peuvent apprendre du marché boursier
des années 1990
L’histoire de l’analyse
contemporaine des marchés commence en 1971, alors que le dollar fut
détaché de l’or et que naquit notre ère de taux de
changes flottants. En 1971, nous avons pu assister au développement
d’un marché haussier de l’or qui a duré
jusqu’en 1982-85. Ce sont les actions qui ont à leur tour
traversé un marché haussier à partir de 1982-85 avant
d’atteindre un record historique en 2000. Le marché haussier de
l’or que nous traversons actuellement est apparu en 2000, et s’il
s’avérait être similaire à celui des années
1970, il devrait prendre fin entre 2015 et 2017.
Il est une leçon très
intéressante à tirer de l’histoire du marché des
actions – tout particulièrement pour ceux qui hésitent
encore à investir sur l’or parce qu’ils considèrent
son prix ‘trop élevé’. L’erreur commise par
ces derniers est de ne penser qu’à court terme. Laissez-moi vous
expliquer pourquoi.
Selon une majorité
d’analystes, le marché haussier des actions aurait débuté
entre 1982 et 1985. En 1982, le Dow Jones se situait aux alentours de 800. En
janvier 2000, il atteint un record intra-journalier de 11,750. Une
majorité d’analystes aperçoivent ce pic comme marquant la
fin de son marché haussier (nous y reviendrons plus tard). Tout au
long du marché haussier des actions, soit sur une période de 18
années, le Dow a été multiplié par 15.
Si l’on appliquait la même
arithmétique au marché haussier de l’or qui est apparu en
2001 (alors que le prix du métal était de 270 dollars
l’once), un pic du Dow Jones comparable à celui
enregistré en 2000 pousserait son prix à 4050 dollars
(270x15=4050).
Vu sous cet angle, un cours de
l’or à 750 dollars paraît plus que raisonnable.
Quelques éléments
à prendre en considération :
1. D’ici un siècle, les
analystes réaliseront sûrement que l’inflation des devises
fiduciaires est la cause commune de l’augmentation du Dow Jones et du
prix de l’or. Si l’inflation peut porter le Dow de 800 à
11.750, pourquoi ne pourrait-elle pas porter le prix de l’or de 270
à 4050 dollars ?
2. Les marchés ont tendance
à suivre des cycles d’une quinzaine d’années ou
plus. Ceci étant dit, la reprise actuelle du marché des actions
pourrait n’être rien de plus qu’un renversement temporaire
du marché baissier - externe à la tendance principale -
plutôt qu’une tendance haussière durable. L’or
apparaît quant à lui comme étant à la
moitié de son cycle de 15 à 18 ans. Inutile de dire qu’il
reste encore assez de temps pour que ce dernier incube et nous fasse la
surprise d’atteindre des niveaux de prix que nous n’oserions
imaginer.
3. Nous n’approchons pas un
marché haussier de la même manière que nous approchons un
marché baissier. Pour poursuivre ma comparaison avec le marché
des actions, disons qu’acheter de l’or aujourd’hui
reviendrait à acheter des actions avec un Dow Jones de 2200 points.
Une fois que vous réaliserez que si l’or augmente, c’est
pour une bonne raison, son prix nominal ne deviendra à vos yeux rien
de plus qu’un problème d’arrière-plan. Le problème
premier, c’est la dévaluation des devises et ses effets sur les
systèmes financier et monétaire. Pour l’investisseur
ordinaire, la première question à se poser est de comment
protéger son capital contre la dévaluation.
4. Comme je l’ai
déjà souligné dans mon article ‘Disturbing Trends
2007 – the Dollar under Siege’, lorsque l’or atteignait un
prix de 650 dollars et le Dow Jones 13.400 points, tous deux avaient
augmenté d’environ 1800% depuis l’abolition de la
convertibilité du dollar en or de 1971. Ce que cela signifie,
c’est que le prix de l’or et l’indice du Dow Jones sont
peut-être influencés par le même fondamental qu’est
l’inflation monétaire, bien qu’ils n’y
réagissent pas forcément en même temps. Les performances
de l’or sont excellentes lorsque le dollar est proche de
l’effondrement et que les taux d’intérêts
réels deviennent négatifs. Les actions et obligations
réalisent quant à elles de bonnes performances lorsque le taux
d’intérêt réel est positif. Aujourd’hui,
c’est au tour de l’or de voir son prix grimper, et il se pourrait
bien que les choses demeurent ainsi pour une dizaine d’années au
moins.
5. L’exemple du marché des
actions n’en est qu’un parmi tant d’autres qui permette
d’illustrer les conséquences de l’inflation. Nous
pourrions également utiliser celui du prix de l’or en Marks
Allemands au cours de l’hyperinflation sous la république de
Weimar. Au début de la période, le prix de l’or
était de 87 Marks par once. A la fin de la période, une once
d’or se vendait 63.000.000.000.000 Marks par once – à
quelques milliards près. Ainsi, comme vous pouvez le voir, le prix de
l’or en termes nominaux n’est autre qu’une question de
relativité. Une étude similaire peut être appliquée
à n’importe quelle période de crise monétaire.
Wikipédia recense plus de trente évènements similaires,
du plus récent –celui du Zimbabwe – au plus
intéressant –celui de l’île de Yap*.
La leçon que nous devons tirer
de l’Histoire est qu’il est impossible de prédire
jusqu’à quel prix l’or sera capable de grimper en temps de
crise de la monnaie fiduciaire. En théorie, aussi longtemps que dure
l’inflation, le prix de l’or grimpe. Et même après
que le système tout entier se sera effondré, l’or
demeurera un actif adéquat pour tout investisseur prudent.
_____________
*Monétairement parlant, tout se
passait très bien sur l’île de Yap, où de grosses
pierres pesant plus de 50 kilos étaient transportées et
utilisées comme monnaie, jusqu’à ce que quelque chose
d’encore jamais vu ne vienne tout changer. Durant des siècles,
les pierres de 50 kilos servaient de monnaie puisqu’il n’en
existait qu’une quantité très limitées sur
l’île de Yap. La dépréciation de la monnaie de
pierre commença lorsqu’un homme d’affaires Occidental
réalisa qu’il pouvait créer de la monnaie de pierre
à faible coût et en d’énormes quantités sur
une île voisine avant de l’acheminer vers Yap, où il
pouvait l’utiliser pour se procurer des biens et services. En
d’autres termes, ce cousin Océanique de John Law fabriqua de la
monnaie de pierre afin d’acheter de la marchandise à ce que
l’on pourrait appeler des ‘tarifs
préférentiels’. Par sa faute, la monnaie de Yap fut
dévaluée jusqu’à ne plus rien valoir. Les citoyens
de l’île n’avaient bien sûr pas conscience du fait
que leur capital leur avait été confisqué et que leur
monnaie avait été détruite par le processus
d’inflation monétaire que nous ne connaissons que trop bien
aujourd’hui.
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