|
Si
vous êtes Français, vous avez entendu parler de HADOPI, la Haute
autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits
sur Internet, une loi qui vise, en principe, à protéger le
droit des créateurs en empêchant le téléchargement
gratuit des œuvres couvertes par le droit d’auteur. En France,
HADOPI a été adopté en 2009 dans une espèce
d’indifférence générale, seul le Conseil
Constitutionnel s’étant montré quelque peu sourcilleux
sur certaines implications. Ceux qui téléchargent à
l’œil des choses qui valent de l’argent, seront
cloués au pilori, et pire encore – pour autant qu’on les
pince.
Il
est question en ce moment d’introduire aux États-Unis,
l’équivalent d’une HADOPI, sous le nom de Stop Online Piracy Act (SOPA), et les
Américains qui, comme chacun le sait, ont bien davantage la tête
près du bonnet que les Français, crient au meurtre et à
l’assassin. C’est une levée de boucliers quasi unanime,
où l’on trouve réunis, excusez du peu : Google, Facebook,
Yahoo, Twitter, eBay, AOL et Wikipedia.
Vous
connaissez l’histoire de la grenouille dans la marmite, qui se laisse
cuire sans broncher, pour autant que la température monte
insensiblement ? Eh bien, les Américains sont de moins bonnes
grenouilles à ce point de vue que les Français – ce qui
est tout à fait logique si l’on pense que les Français
sont appelés Froggies (grenouilles)
par les Américains.
C’est
au point que Wikipedia (version anglaise) lance la
grève générale demain pour toute la journée pour
protester contre l’atteinte aux libertés. Si vous voulez savoir
(en anglais) qui est Franklin D. Roosevelt, vous avez tout intérêt
à vous informer ce soir avant minuit (heure de Washington), parce
qu’après, ce sera trop tard pour vingt-quatre heures.
Jimmy
Wales, le patron de Wikipedia, a
déclaré : « L’une des choses que nous avons
apprises récemment durant le printemps arabe est que l’internet
est un instrument puissant et efficace permettant à l’opinion
publique de s’organiser et de faire entendre sa voix ». Comme
c’est bien dit ! Go Jimmy ! Go, go, go !
Il
peut paraître paradoxal que les marchands aient pu prendre le pouvoir
sur l’internet sans coup férir en France, alors qu’aux
États-Unis ils s’apprêtent à prendre au contraire
une volée de bois vert dans les jours qui viennent, mais que
voulez-vous, on vit une époque curieuse où le paradoxe est au
pouvoir !
(*) Un
« article presslib’ » est libre
de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que
le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’
» qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos
contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait
aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut
s’exprimer ici.
|
|