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Stabilisation très précaire à Fukushima

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Publié le 10 avril 2012
896 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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SUIVRE : Fukushima
Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

La catastrophe de Fukushima entrée dans sa deuxième année, il se confirme que la centrale reste vulnérable aux événements climatiques et sismiques, dans un pays où ils sont nombreux et violents. En premier lieu parce que ses installations ont déjà été très éprouvées, aux dommages impressionnants visibles pouvant s’ajouter d’autres qui ne sont pas apparents et affectent les structures. En second parce que les installations de secours, improvisées, se révèlent fragiles. Notamment les très nombreux tuyaux assurant la circulation de l’eau de refroidissement des réacteurs et des piscines. Or, ce provisoire est destiné à durer de très nombreuses années.


Il se vérifie également que la centrale continue d’être à l’origine d’une importante pollution radioactive de son environnement, aux effets cumulatifs, en particulier en raison des masses d’eau radioactive de refroidissement des réacteurs qui ne sont que partiellement décontaminées ou stockées et se répandent dans les sous-sols techniques et dans le sol, une partie se déversant finalement dans la mer. L’image du circuit fermé s’estompe, celle de la bouilloire qui fuit s’impose.


Douze tonnes d’eau contaminée se sont ainsi partiellement répandues dans la mer, le 5 avril, à la suite de la rupture d’un joint de canalisation. Parmi les autres dysfonctionnement récents : la panne des systèmes d’injection d’azote dans les enceintes des réacteurs, afin de prévenir de nouvelles explosions dévastatrices d’hydrogène. Il a fallu d’urgence y suppléer après un arrêt de plus d’une heure et demie.


Les tentatives de mieux cerner la situation au sein d’installations en état critique rencontrent de nombreux obstacles, en raison d’un haut niveau de radioactivité au sein des réacteurs qui proscrit non seulement les interventions humaines, sauf quelques rapides incursions dans des secteurs délimités, mais également celles d’équipements qui ne résistent pas longtemps aux conditions extrêmes régnantes .


L’inventaire de l’existant reste donc très sommaire, tendant à faire apparaître une dégradation de la situation, soit par rapport à des observations précédentes, soit par rapport aux prévisions. Il en est par exemple de l’absence de visibilité au sein de la piscine n°4, qui dans l’état rendrait impossible toute tentative d’enlèvement du combustible nucléaire, ou bien du niveau bas inquiétant de l’eau de refroidissement dans le réacteur n°2 (60 centimètres seulement), avec pour conséquence une élévation de la température, dont l’origine a été incriminée dans un premier temps à une panne de certains instruments de mesure. Les trois réacteurs sont le siège de phénomènes dont seuls les effets peuvent se faire sentir et qui restent largement méconnus.


Cette situation illustre on ne peut plus clairement la nature des difficultés qui vont devoir être surmontées quand il s’agira de commencer d’abord l’enlèvement du combustible nucléaire, puis le démantèlement de la centrale, pour lesquels un calendrier purement estimatif a été fourni à la va-vite, qui s’étale sur des décennies. Il va falloir commencer par concevoir les outils techniques qui permettront d’y procéder, et élaborer les procédures qui devront être suivies. Tout reste à inventer, sans certitude sur la possibilité de trouver des solutions pour les questions les plus épineuses.


Ce tableau est déjà assez inquiétant, en raison des risques de dérapage de la situation et d’une manière générale des incertitudes qui se multiplient. Mais il doit y être ajouté pour le compléter l’inconnue majeure que représentent les trois coriums, le mot même étant tabou pour l’opérateur Tepco, ce qui n’est pour le moins pas signe de transparence. Le début des investigations au sein du réacteur n°2, rendu possible car c’est celui où la radioactivité est la moins élevée, tend à montrer que le corium a effectivement percé non seulement la cuve du réacteur mais également celle du confinement et qu’il doit s’être répandu sur la semelle de béton, dernière protection avant le sol sur lequel repose la centrale, selon toute probabilité elle-même attaquée. On comprendrait mal, sinon, la contradiction relevée entre la température modérée et le faible niveau de l’eau de refroidissement dans l’enceinte de confinement, étant donné celle du corium s’il était présent.


Une telle situation est totalement inédite dans l’histoire de l’industrie nucléaire, expliquant qu’elle soit l’objet d’une totale rétention d’information, si tant est d’ailleurs que l’opérateur en dispose de fiable. Le danger ne provient pas seulement de ce que l’on appelle le « syndrome chinois » – l’enfoncement progressif du corium dans le sol – mais de son contact avec les masses d’eau utilisées pour refroidir le réacteur, qui se répandent elles aussi d’une manière non maitrisée, le contact de l’un avec les autres étant susceptible de provoquer des explosions et dégagements de radioactivité importants. Il n’est d’ailleurs pas exclu que cela ait été le cas à une échelle restée limitée au sein de la piscine torique du réacteur n°2, le 15 mars dernier.


Toute attente de la suite des événements est par nécessité, passive, aucun moyen existant ne permettant de maîtriser les trois coriums afin de les cantonner en attendant que, progressivement, ils se refroidissent, ce qui supposerait en premier lieu d’avoir une idée précise de leur situation, qui semble faire totalement défaut. L’hypothèse de la réédition de la fabrication d’un gigantesque sarcophage, façon Tchernobyl, étant totalement inadaptée à la situation, il ne reste plus qu’a espérer que l’ensemble de ces problèmes trouvera à terme solution, sans qu’aucun nouvel épisode aigu n’intervienne entre temps. La vérité est qu’aucune garantie ne peut à cet égard être donnée. L’improvisation, quand ce n’est la dissimulation, reste le lot commun.




Billet rédigé par François Leclerc

 

 



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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Je cite : "l’enfoncement progressif du corium dans le sol – mais de son contact avec les masses d’eau utilisées pour refroidir le réacteur, qui se répandent elles aussi d’une manière non maitrisée, le contact de l’un avec les autres étant susceptible de provoquer des explosions et dégagements de radioactivité importants."

Qu'appelle t'on des niveaux de radio activité importants ? Degagements dans l'atmosphère ? Si oui, en quelle quantité ? Dans l'océan, et si oui, quelles conséquences sur la chaine alimentaire et la pluviométrie.

La vie des organismes avec une chaine carbonée pourrait bien s'arrêter sur terre face à un énorme dégagement de radioactivité.

Compte tenu des risques encourus si le pire se produisait, la planète tout entière ne devrait elle pas se mobiliser pour mesurer les risques et tenter, autant que faire se peut, d'éviter une telle catastrophe ?
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Je cite : "l’enfoncement progressif du corium dans le sol – mais de son contact avec les masses d’eau utilisées pour refroidir le réacteur, qui se répandent elles aussi d’une manière non maitrisée, le contact de l’un avec les autres étant susceptible de  Lire la suite
ELS - 10/04/2012 à 04:37 GMT
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