John
"Maverick" McCain n'est sans doute pas le candidat
républicain le plus glamour de l'histoire. Mais force est de constater
qu'en 2006, il avait tenté de soutenir une réforme
proposée par un autre sénateur républicain, Charles
Hagel, visant à réformer la tutelle et les conditions
d'exercice de Freddie Mac et Fannie Mae. Tutelle que l'administration Bush avait
déjà tenté de réformer
sans succès en 2003-2004, et qu'un autre sénateur
républicain, Richard Baker, avait déjà essayé de
modifier en 2000. Voici un discours prononcé
par McCain au Capitole en mai 2006 (parties en gras
rajoutées par moi):
"Mr. President, this week Fannie Mae's regulator reported
that the company's quarterly reports of profit growth over the past few years
were "illusions deliberately and systematically created" by the
company's senior management, which
resulted in a $10.6 billion accounting scandal.
The Office of Federal Housing Enterprise Oversight's report
goes on to say that Fannie
Mae employees deliberately and intentionally manipulated financial reports to
hit earnings targets in order to trigger bonuses for senior executives.
In the case of
Franklin Raines, Fannie Mae's former chief executive officer, OFHEO's report
shows that over half of Mr. Raines' compensation for the 6 years through 2003
was directly tied to meeting earnings targets. The report of
financial misconduct at Fannie Mae echoes the deeply troubling $5 billion
profit restatement at Freddie Mac.
The OFHEO report also states that Fannie Mae used its
political power to lobby Congress in an effort to interfere with the
regulator's examination of the company's accounting problems. This report
comes some weeks after Freddie Mac paid a record $3.8 million fine in a
settlement with the Federal Election Commission and restated lobbying
disclosure reports from 2004 to 2005. These are entities that have
demonstrated over and over again that they are deeply in need of reform.
For years I have been concerned about the regulatory structure
that governs Fannie Mae and Freddie Mac--known as Government-sponsored
entities or GSEs--and the sheer magnitude of these companies and the role
they play in the housing market. OFHEO's report this week does nothing to
ease these concerns. In fact, the report does quite the contrary. OFHEO's
report solidifies my view that the GSEs need to be reformed without delay.
I join as a cosponsor of the Federal Housing Enterprise
Regulatory Reform Act of 2005, S. 190, to underscore my support for quick passage of GSE regulatory
reform legislation. If
Congress does not act, American taxpayers will continue to be exposed to the
enormous risk that Fannie Mae and Freddie Mac pose to the housing market, the
overall financial system, and the economy as a whole.
I urge my colleagues to support swift action on this GSE
reform legislation."
Voilà qui
tend à montrer que McCain est un homme de bon sens, capable de
comprendre que les erreurs économiques de l'état finissent
toujours par le rattraper. Malheureusement, ce bon sens n'est pas
universellement partagé au congrès.
Cette
législation a été votée par la chambre des
représentants, mais n'a jamais pu atteindre le stade
de l'agenda parlementaire du sénat, bloquée par une
majorité constituée par bon nombre de démocrates, avec
l'aide bienveillante d'un nombre non négligeable de
républicains, l'argent du lobbying de Fannie et Freddie (170 millions
de dollars en 20 ans !) n'ayant visiblement pas d'odeur ni de couleur
politique. Les tentatives précédentes
n'avaient pas eu plus de succès, pour les mêmes raisons.
Pour la petite
histoire, le Franklin Raines dont il est question dans le discours (Franklin Delano Raines... Pas
une blague) a touché plusieurs millions de dollars en tant que CEO de
Fannie. Lui et un autre CEO de Fannie, James Johnson, également
impliqué dans des soupçons de manipulation des comptes, font
maintenant partie des conseillers de... Barack Obama. Vous avez dit
promiscuité déontologiquement embarrassante ?
Plus
que jamais, cette citation de PJ O'Rourke, journaliste libertarien surtout
célèbre pour... ses citations, est d'actualité : "When buying and
selling are controlled by legislation, the first things to be bought and sold
are legislators". On voit pour quels résultats
aujourd'hui... Trop tard.
La
genèse de la présente crise est
hélas l'illustration trop parfaite des raisons pour lesquelles il
convient d'être plus que méfiant quand le législateur
prétend être le grand régulateur des marchés.
L'obligation faite aux entreprises de survivre dans un environnement
où l'état ne peut venir à leur secours est un bien
meilleur garde fou, même imparfait, contre les comportements
prédateurs (je
reviendrai sur ce problème de la régulation dans un post
ultérieur, qui demande pas mal de boulot de recherche. Je ne
prône pas le zéro régulation, ce serait stupide de ma
part, mais un changement radical de la philosophie et des méthodes de
la régulation).
Pour en revenir
à l'élection américaine, nous avons d'un
côté un type un peu vieux, mal aimé des médias
français, mais qui avait senti venir les ennuis et avait tenté
de les éviter, de l'autre, un type très fashion, mais qui
embauche dans son staff les coquins qui ont profité des
périodes d'excès spéculatifs qui ont
précédé la crise, et qui a bloqué les efforts de
ses adversaires politiques en vue de remettre un peu de transparence dans le
système.
Après bien
d'autres, encore une bonne raison de
préférer McCain.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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