Les marchés craignent que Trump ne puisse mettre en œuvre ses « réformes », c’est-à-dire plus de dépenses publiques. Moins de crédit, donc moins d’argent à brasser…
Selon mon collègue américain Brian Maher :
« Les sondages accordent désormais une probabilité de 33 % à une éventuelle destitution de Donald Trump contre seulement 17 % au moment du firegate (licenciement du directeur de la NSA).
Pour mémoire, cette probabilité s’élevait au maximum à 14 % pour Clinton au plus fort de l’affaire Levinsky. Les sociétés de paris en Grande-Bretagne donnent seulement 45 % de chance que Trump survive à son premier trimestre d’exercice. »
L’indice Dow Jones a reculé hier de 1,78 %, celui du Nasdaq de 2,57 % et celui du S&P 500 de 1,82 %. Une majorité de titres du Dow se trouve maintenant sous leur moyenne mobile de 50 jours.
Nous vivons dans un monde d’ultralibéralisme sauvage et déchaîné, non ?
Trêve de plaisanterie : nous avons sous les yeux la preuve éclatante que le moteur des marchés est politique, que les « capitaux » ne sont que des « promesses de payer un jour » émanant des gouvernements.
Le simple jeu politique fait que du jour au lendemain, les investisseurs n’apprécient plus de la même façon les probabilités de bénéfices futurs d’entreprises cotées qui pourtant publient régulièrement des comptes et communiquent sur leurs perspectives de marché.
Entre hier et aujourd’hui, nul dépôt n’a été détruit, aucun raz de marée n’a ravagé un pays, aucune centrale nucléaire n’a explosé, aucun tremblement de terre n’a détruit un centre de production critique. Non. Tout est politique…
À l’échelle d’une entreprise, et d’un pays, en France, EDF, ce fleuron du capitalisme d’État coté sur les marchés, voit son cours chuter sur la nomination d’un ministre d’un gouvernement provisoire. Trop écolo, pas assez pro-atome…
C’est ce que les grands médias appellent l’ultralibéralisme ou le néolibéralisme : un capitalisme de copinage, de lobbying, de monnayage, d’avantages fiscaux contre des privilèges, des passe-droits, une législation favorable, une « norme » avantageuse.
Ce système prétendument néo- ou ultralibéral contrôle aussi la monnaie, ou plutôt le crédit : qui y a accès (les banques et les multinationales bien en cours auprès des gouvernements) et à quel prix. Au bout de la chaîne, ces crédits sont garantis par vous et moi…
Les obligations d’État, notamment celles de l’État fédéral américain, sont considérées par les copains et les coquins comme ce qu’il y a de plus sûr au monde. Des contribuables dociles et une puissante administration fiscale ne sont-ils pas la meilleure des garanties ?
Selon une dépêche d’ADVFN :
« Les obligations du Trésor américain ont signé mercredi leur plus forte progression en presque une année, portées par les incertitudes politiques aux États-Unis qui ont poussé les investisseurs à privilégier les valeurs refuges.
Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a clôturé à 2,216 %, son plus faible niveau de clôture depuis le 19 avril, contre 2,329 % mardi. Il s’agit de la plus forte baisse en une séance depuis le 27 juin 2016, lorsque les investisseurs s’étaient précipités sur la dette américaine en réaction au référendum en faveur du Brexit au Royaume-Uni. »
Les obligations du Trésor progressaient (de 5 %) et trouvaient de nombreux acheteurs (puisque leurs rendements baissaient) voulant s’abriter de l’incertitude.
Ce qu’oublie de nous dire cette dépêche, c’est que l’or — qui n’est la dette de personne et ne dépend pas de la pression fiscale — progressait lui aussi de 1,02 % en dollar et de 0,68 % en euro.
Entre deux « refuges », cher lecteur, vous le savez, nous préférons celui qui ne dépend de personne, ni des contribuables ni des banques centrales : l’or. Il nous paraît plus « digne de confiance ».
En cas de retournement violent des marchés, l’or pourra dans un premier temps baisser (comme il l’a fait en 2008) car il sera vendu par les détenteurs qui auront besoin de vraies liquidités pour couvrir des pertes. Puis l’or remontera à des sommets jamais encore atteints car les dettes publiques considérées comme de « l’argent » sont irrécouvrables. Le fait que les banques centrales les détiennent maintenant dans leurs bilans ne change rien à l’affaire et ne les rend pas plus saines. Les contribuables ne pourront pas tout payer.
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Article de Simone Wapler, directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l’éclatement de la bulle Internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.