Encore un sujet difficile sur lequel
prendre le risque d'être publiquement à contre-courant de
l'actuelle bien-pensance anti-mondialiste française ne peut que rapporter
des ennuis, mais tant pis, je dois être masochiste...
Les bonnes intentions ne suffisent pas
à promouvoir de bonnes politiques. Aussi contre-intuitif que cela
puisse paraître, la croisade des associations occidentales contre le
travail des enfants dans le pays du tiers monde aboutit souvent à
détériorer gravement les conditions de vie de ces mêmes
enfants. Les employeurs occidentaux refusant désormais cette main
d'oeuvre par peur de campagnes de boycott, ces enfants se retrouvent
fréquemment contraints à devoir travailler dans des conditions
bien plus mauvaises pour des employeurs locaux (photo), voire, pire
encore, à se prostituer.
Selon une ONG danoise (traduit en anglais
par Johan
Norberg):
"Due
to Western pressure, Bangladesh outlawed work in garment factories for
children under 14.
-
When the children lost their jobs, many of them ended up on the streets, as
prostitutes. We know that much, says Rasmus Juhl Pedersen, adviser in Save
the Children, Denmark.
Somewhere
between 30.000 and 100.000 children lost their jobs when the garment
factories introduced the age limit.
To
work as a prostitute, maid or further down the line of production is much
worse than working in the garment industry, according to Juhl Pedersen.
Western
companies are so afraid of being associated with child labour that the children
are thrown out of the factories even though no one has prepared any
alternatives.
Well-meaning
western consumers who boycott products that can be tied to child labour can
do more harm than good, according to Save the Children, Denmark.”
Il nous est pénible de
considérer que des enfants en âge scolaire sous nos latitudes
soient ailleurs obligés de travailler à la chaîne pour
subsister, mais cette situation était encore celle de nombreux pays
occidentaux au milieu ou à la fin du XIXème siècle. Plus
récemment, en Inde, ce n'est que très récemment (une
vingtaine d'années) que l'on a observé une forte augmentation
de la scolarisation des enfants et un reflux de leur travail. Les pressions
internationales n'y sont pour rien: c'est l'élévation de la
productivité, donc du niveau de vie en Inde qui a permis à des
parents de se passer du revenu du travail de leurs enfants, et donc de les
scolariser. Quand bien même cela nous peine et nous choque,
l'éradication du travail des enfants ne passe pas par des
décrets et des oukases à effet immédiat, mais ne
s'obtiendra que par des politiques de moyen et long terme.
C'est lorsque nous avons réussi a
mettre en place des systèmes de droit de propriété
fonctionnels garantis par le règne de la loi dans un état de
droit, que nous avons connu les progrès économiques qui ont
transformé nos pays autrefois pauvres en nations prospères
pouvant se passer du travail des plus jeunes. Les pays où les enfants
doivent encore travailler pour vivre doivent suivre la même
évolution, tout en s'insérant dans le commerce mondial pour
tirer le plus de valeur de leur production. Cela prendra plusieurs
années. Mais sanctionner aujourd'hui ces pays ou les employeurs de ces
mains d'oeuvre, via des mesures protectionnistes déguisées ou
des boycotts, revient condamner leurs populations à rester très
pauvres plus longtemps.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France,
"Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à
l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose
proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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