Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
C’est très compliqué ce soir de savoir de quoi je vais vous parler. Pour une fois, ce n’est pas la peur de la page blanche numérique, ni l’absence d’inspiration. Non, pour paraphraser le Général, ce n’est pas le vide qui m’inquiète… Mais le trop-plein ! Trop-plein d’informations aujourd’hui.
Avant de vous détailler tout mon programme, je voulais juste revenir sur le rétropédalage des mamamouchis de la FED qui se sont fendus en urgence de plusieurs conférences de presse (3), qui ont indiqué aux marchés qu’il ne fallait pas suréagir de cette façon-là… que le taux de chômage à 6,5 % était un niveau à partir duquel on pourrait penser imaginer l’esquisse d’une ébauche éventuelle et seulement si tout va bien d’un arrêt trèèèèèès progressif des injections de drogues… pardon, je voulais dire de monnaie !
À ce rythme-là, je pourrai sans doute bientôt écrire un édito intitulé « Le krach obligataire n’aura pas lieu » accompagné d’un « vous voyez, je vous l’avez bien dit, la FED va laisser tomber cette idée morbide de laisser mourir le drogué d’une crise de manque »
Mais pas tout de suite. Avant d’en arriver là, la FED va jouer avec les nerfs des zinvestisseurs et réciproquement. Puis ils rentreront tous gentiment à la niche ronger leur os quotidien imprimé à partir de rien par Ben Bernanke, le faux-monnayeur en chef. Ouf ! J’ai presque eu peur. « Presque » seulement, rassurez-vous.
Au programme ce soir, plusieurs superbes informations que vous devez avoir en tête. Elles seront détaillées dans le reste de l’Édition du Contrarien Matin.
France : trou dans la raquette de 20 milliards d’euros !
« Un cri d’alarme ! Alors que le marathon budgétaire débute le 2 juillet avec l’examen au Parlement de l’évolution des dépenses pour 2014 et que les lettres plafond sont envoyées ce matin aux ministres, les députés UMP et centristes (UDI) de la commission des finances de l’Assemblée, emmenés par son président Gilles Carrez, ont fait un état des lieux précis de l’état des finances publiques. Leur verdict présenté aujourd’hui – que Le Figaro s’est procuré – est accablant : le déficit de l’État, qui devait être de 61,5 milliards d’euros en 2013 d’après la loi de finances votée en décembre 2012, devrait dépasser les 80 milliards en fin d’année. L’impasse budgétaire frôlerait donc les 20 milliards ! On est loin du diagnostic porté par le gouvernement. Dans le cadre du programme de stabilité envoyé fin avril à Bruxelles, l’exécutif a certes revu à la hausse le déficit budgétaire, mais à 68 milliards «seulement».»
C’est un extrait du Figaro. Hausse des zimpôts = Baisse de l’activité économique = Baisse des rentrées fiscales = Nouvelles augmentations d’impôts = Baisse de l’activité économique etc., etc., à l’arrivée : France = Grèce !
Voilà nos sauce-ialistes qui découvrent malgré eux le principe des rendements décroissants et que la Grèce finalement n’est ni plus, ni moins douée que la France.
Au lieu d’un déficit de 3 %, qui était l’objectif intangible et la promesse de début d’année de notre gouverne-ment, ce dernier a été transformé par plusieurs circonvolutions sémantico-médiatiques en « l’important c’est la trajectoire », ce qui a permis de négocier un petit 3,7 % et un report de 2 ans avec le grand méchant Commissaire Politique Barroso. En juin 2013 (une année comptant 12 mois nous n’en sommes qu’à la moitié, ce qui me fait dire que cette année va être très longue pour notre sinistre du Budget et pour celui de l’Économie), nous voilà arrivés à un bon 4 % et quelques de déficit budgétaire. À mon avis, nos grands zamis les Zallemands vont être super contents de la performance de leur voisin français. Du coup, sans trop de risque, on peut prévoir une bonne engueulade mâtinée d’un beau psychodrame pour le 23 septembre, puisque Angela Merkel sera réélue le 22 septembre. Si ce n’est pas le lendemain, ce sera quelques jours ou quelques semaines après.
Selon Mediobanca, l’Italie pourrait avoir besoin de sauvetage de l’UE dans les six mois
C’est comme d’habitude un excellent article écrit par l’un des meilleurs fouineurs actuels, toujours mon bien respecté Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph de Londres.
Pour lui qui relate une étude confidentielle de la banque italienne Mediobanca, l’Italie est susceptible d’avoir besoin d’un sauvetage de l’UE dans les six mois puisque le pays est en profonde crise économique et fait face à un « crédit crunch » (contraction de l’accès au crédit en français) également pour les grandes entreprises dont plus de 160 sont désormais passées en mode « administration spéciale de crise ».
Comprenez par administration spéciale de crise que les entreprises (les grandes) réduisent la voilure vitesse grand V, licencient, ne paient plus fournisseurs, renégocient tous leurs contrats, et coupent toutes les dépenses non-indispensables… Évidemment, cela n’aide pas vraiment à relancer la crôassance, si vous voyez ce que je veux dire.
Inutile de vous préciser – mais je le fais quand même, c’est comme la formule « cela va sans dire », raison pour laquelle je suppose qu’il faut quand même le dire – que si l’Italie tombe, l’Europe tombe, ce qui pourrait pour certains s’apparenter finalement à une bonne nouvelle.
N’oubliez pas que les machins de secours européens fonctionnent toujours sur le principe où des pays surendettés empruntent de l’argent qu’ils n’ont pas, pour le donner à des pays complètement en faillite.
Mais tout cela ce n’est pas ce qui vous concerne le plus. Non, le plus important pour vous, c’est sans doute la vision allemande de la façon dont on va vous plumer.
L’Allemagne veut sauver les banques en difficulté en opérant une ponction sur les dépôts et les actifs de 8 %
Samedi dernier, les ministres des Finances européens ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur les modalités de faillite des banques en difficultés en attendant le rattrapage de la réunion de mercredi.
En attendant, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, qui est un grand créatif avec l’argent des autres (comme c’est le cas pour tous nos mamamouchis), a proposé que « les actionnaires, les créanciers, les déposants et les titulaires de comptes subissent une ponction de 8 %, affirmant que cette solution demeurait plus favorable pour eux, car leurs pertes seraient beaucoup plus importantes si les banques faisaient faillite ».
Je vous propose donc de faire vos comptes. Combien avez-vous en banque ? Parfait ! Maintenant, vous pouvez retirer au bas mot 8 % du total. Vous allez vite découvrir ce que c’est que le concept de rendement négatif de l’épargne. Vous déposez 100 €, vous allez récupérer au mieux 92 € auxquels il conviendra également de défalquer les frais bancaires, l’inflation et sans doute un peu de fiscalité…
Enfin, heureusement pudiquement, comme le dit cet article de L’Express belge, « son collègue français Pierre Moscovici juge que cette mesure va trop loin ».
Comment oser dire que cela va trop loin. C’est au contraire très raisonnable. On parle de seulement 8 % de moins, c’est mieux que de tout perdre n’est-ce pas ? Relisez encore et encore cette phrase : seulement 8 % de moins, c’est mieux que de tout perdre, seulement 8 % de moins, c’est mieux que de tout perdre, seulement 8 % de moins, c’est mieux que de tout perdre, seulement 8 % de moins, c’est mieux que de tout perdre, seulement 8% de moins, c’est mieux que de tout perdre, seulement 8% de moins, c’est mieux que de tout perdre, seulement 8 % de moins, c’est mieux que de tout perdre, seulement 8% de moins, c’est mieux que de tout perdre….
Non, je ne me répète pas inutilement, je vous exerce. Car dans les prochains jours, vous risquez d’entendre cette phrase comme un mantra repris plusieurs fois par jour afin que ce slogan vous pénètre le cerveau et qu’il atteigne votre inconscient au plus profond.
Comme ça, au bout de quelques mois, vous remercierez même vos gouvernements de ne vous avoir pris « QUE » 8 % !
L’autre élément important que nous apprend cet article, c’est qu’il revient sur une étude très sérieuse du très sérieux Boston Consulting Group. Il avait estimé en 2011 qu’imposer une taxe de 30 % sur tous les actifs serait la seule façon de sortir de la crise de l’euro ! Et de préciser que selon « certains économistes », il n’y a pas d’autre solution que de prendre l’argent là où il est : sur les comptes des épargnants !
La crise n’est pas finie. Elle revient à grands pas et ne s’est jamais vraiment éloignée de nous. Nous avons vécu depuis quelques mois avec la volonté de croire que tout allait mieux. La plus grande majorité a voulu se rassurer en se disant que voilà, ce n’était finalement qu’une crise comme toutes les autres, certes plus longue, mais que finalement on allait s’en sortir.
On a voulu croire que l’on pouvait payer une montagne de dettes en créant encore plus de nouvelles dettes. On a voulu croire que nous ne serions pas grecs, que les Grecs c’était pas pareil, qu’ils l’avaient bien cherché.
On a voulu croire que la France ne risquait rien, juste devoir faire un peu d’efforts et encore, c’est le voisin qui doit faire des efforts.
On a voulu croire que les zimpôts allaient rentrer sans problème même en cas de récession.
On a voulu croire qu’en augmentant tout, les comportements des gens allaient rester constants, mais c’est l’inverse qui se produit. Taxez encore plus les plus-values et les gens ne revendent tout simplement pas. Ils gardent. Résultat : la taxe sur les résidences secondaires n’a jamais aussi peu rapporté…
On a voulu croire aux âneries, aux bêtises, on a voulu se rassurer, on a voulu faire l’autruche et franchement, pendant ces 6 derniers mois, que n’ai-je pas entendu. « Tu vois bien, la crise est finie, les États-Unis sont en croissance, l’or baisse, tu t’es trompé. » J’aimerais me tromper.
Mais ce que je vois, c’est qu’à force d’avoir mis la poussière sous le tapis, eh bien, on vient de se prendre les pieds dans le même tapis !
Rien n’a changé en 2013, les mêmes risques sont toujours là, en pire même, car nous avons encore moins d’argent, raison pour laquelle… on envisage très sérieusement de venir vous piquer directement les sous sur le compte, sans même à avoir à s’emmerder à discuter d’une loi qui déciderait d’augmentation d’impôts dans le cadre des parlements élus… Non, tout cela n’est plus valable. La démocratie n’est plus valable.
Nous rentrons dans le moment d’une forme de dictature qui ne dit pas son nom, d’une répression financière sans précédent et de la fin de beaucoup de libertés individuelles.
Nous allons tous nous faire chyprer les comptes et nos « zélites » préparent le cadre juridique pour le faire. C’est évidemment un cadre juridique supra-national, histoire que la « démocratie » ne puisse pas venir s’y opposer.
Cela fait 6 mois que je dis et que j’écris – pour ne pas dire parfois que je crie – qu’il faut débancariser. DÉ-BAN-CA-RI-SER, car lorsque nous aurons accepté 8 % de ponction, ce sera la porte ouverte à 30 % comme le préconise le Boston Consulting Group, ou encore à une ponction de 80 %… Comme c’est le cas à Chypre.
Ne soyez pas dupes. Encore une fois, rien n’a changé. Sauvez ce que vous pouvez, il y a encore un peu de temps… Mais plus beaucoup.
Charles SANNAT
Éditorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des études économiques AuCOFFRE.com
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