César prononce ces mots alors
qu’une longue épée est plongée dans ses entrailles, pour signifier dans le
folklore moderne la trahison ultime d’un ami proche. Et au vu du comportement
des banques commerciales tel que le mesurent une vaste majorité des analystes
d’aujourd’hui, je suis d’avis qu’un grand nombre d’investisseurs au détail
imploreront bientôt du regard leurs conseillers financiers, les mêmes mots au
bord des lèvres : « Et tu, buveur de Koolaid ? »
Le 4 décembre 2015, le rapport
du Commitment of Traders rapportait que les négociants commerciaux du Crimex
ont réduit leur position à découvert depuis 166.000 contrats le 15 octobre
jusqu’à 2.911 contrats le jour de sa publication. Il s’agit là de la position
à découvert la plus restreinte enregistrée en plus de quinze ans, et d’un
signal d’achat incroyable capturé dans mon email daté du 4 décembre et par
les contrats GDX/GDXJ et NUGT/JNUG que j’ai achetés les trois jours suivants.
Le reste est de l’histoire ancienne. La régurgitation/capitulation de 82% sur
le HUI le 19 janvier, suivie du plongeon de 23% du YTD, a transformé la
blogosphère financière en une meute de haussiers qui, la salive aux lèvres,
se pressent de clamer la couronne du « roi de l’or ». Les roues du
wagon de l’or sont désormais plus plates que celles des wagons de foin venu
le mois d’octobre, à mesure qu’une célébrité après l’autre se vante d’avoir
vu l’or venir et se presse de lister les raisons d’en acheter.
Mais comme vous pouvez le voir
sur le graphique publié plus haut, les négociants commerciaux se sont
complètement retournés depuis leur couverture de positions à découvert du 4
décembre, un évènement que j’ai noté au cours de la troisième semaine de
février, alors que les positions à découvert nettes rapportées par les
commerciaux s’affichaient à 131.984 contrats. J’ai ensuite décidé de ne pas
adopter de nouvelle position à la vente et ait même parlé de réduire
certaines positions et de me couvrir si le chiffre continuait de s’éroder. Le
26 février, ce chiffre est passé à 163.149 contrats. « C’est un chiffre
très baissier », ai-je alors fait remarquer, malgré une hausse du prix
de l’or de 1.235 à 1.265 dollars. J’ai donc publié mon rapport intitulé Quietly
Climbing Aboard the New Golden Bull, mais bien que j’étais alors (et sois
toujours) heureux de voir arriver un marché haussier multi-annuel, j’ai
conseillé à tout le monde de se montrer prudent en raison de l’escalade
rapide des positions à découvert couvertes par les béhémoths bancaires. Et le
4 mars, le prix de l’or a atteint 1.280 dollars. Le même jour, les positions
à découvert des commerciaux ont atteint 171.431 contrats.
Inutile de dire que nous en
sommes aujourd’hui à un moment que les Empereurs romains appelleraient les
« ides de mars ». Les contrats à terme viennent d’atteindre 1.229 dollars
sur le Crimex, ce qui représente un plongeon de 37 dollars depuis jeudi soir
et très certainement un « plafond de long terme ». Bien que je me
ferais une joie d’avancer, ballon au pied, prêt à frapper, je suis assis à
mon bureau, nauséeux face à l’abjecte criminalité de cette exercice. Je suis
aussi étonné que tant de gestionnaires de portefeuilles financiers qui sont
payés des dizaines de millions de dollars de frais et de bonus chaque année
se soient laissés attirer dans cette toile d’araignée gigantesque par les
dynamiques générées par les banques commerciales et leurs confrères. Mesdames
et messieurs, tout n’était qu’une farce depuis le début, et j’ai l’impression
d’avoir observé une bouteille de vin tomber par terre au ralenti après une
nuit de débauche, trop saoul pour l’attraper en vol et trop détendu pour m’en
soucier. Les commerciaux ont joué l’Acte III scène 1 de l’assassinat de
l’empereur, de leur main de maître habituelle.
Nous avions quatre semaines
pour nous préparer à cet évènement, certains l’ont fait et d’autres non. Mais
ce qui est certain, c’est que vous devriez absolument tirer avantage de tout
rebond du pris de l’or et du HUI en achetant des actifs de protection ou en
réduisant votre exposition. Il a fallu six semaines en octobre et novembre
pour que la machine à laver finisse son cycle de lavage-rinçage, et nous
pourrions aisément voir arriver le mois de mai avant que le jour ne se lève à
l’horizon. Il est certain que Goldman Sachs mobilisera ses engins de
retournement de terrain peu de temps après afin que ses prévisions du prix de
l’or inférieures à 1.000 dollars deviennent une réalité. De tous les voleurs,
el est celle qui a poudre magique capable de faire naître la peur sur les
marchés, et nous devrions nous attendre à ce qu’elle y ait recours.
Lorsque vous regarderez la
première image, et que vous verrez ce pauvre empereur couché sur le dos et se
préparant à être assassiné par les membres d’une conspiration ignoble, pensez
aux fonds mutuels, aux fonds de pension, aux fonds souverains, aux
investisseurs privés et aux petits spéculateurs aujourd’hui dans la même
position, impuissants, désarmés et qui se tiennent devant des banques
commerciales dérégulées et bénies par la SEC, capables de vendre 5% de la
production annuelle sur le Crimex en seulement cinq semaines. Avec une
position à découvert nette de 195.000 contrats, les commerciaux sont armés
pour un nouveau jour de paie. J’espère que nous sommes tous positionnés en
prévision de cet évènement. Sans quoi j’entendrai vos « Et tu,
Brute », et vous répondrai par trois « caveat emptors ».