Au
début du mois de septembre 1999, le FMI a proposé de modifier l’évaluation de
« son » or afin de refléter le prix marché. A l’époque, l’or du FMI
était évalué à 46 dollars par once. L’or du FMI n’est pas réellement le sien,
mais demeure la propriété des nations qui ont originellement fait une
« contribution » au FMI. Le prix au comptant des contrats à terme
de l’or fluctuait alors, sur une période d’un mois, entre 250 et 260 dollars
par once. La Banque d’Angleterre avait tout juste commencé ses enchères. Au
cours des trois années précédentes, le prix marché de l’or avait été forcé à
la baisse, et les puissances financières en place commençaient à s’inquiéter
de savoir pendant combien de temps encore il pourrait être maintenu aussi
bas.
Les
25 et 26 septembre 1999, il y a près de 20 ans, le G7 conduisait sa réunion
annuelle juste avant la réunion du FMI et de la Banque mondiale à Washington
DC. A la fin de cette réunion, la déclaration des Européens a fait l’effet
d’une bombe. Ils ont annoncé, le 26 septembre 1999, qu’au cours des cinq
années à venir, les pays européens n’élargiraient pas leurs programmes de
prêts d’or ou leur utilisation d’options et de contrats à terme, et qu’ils
limiteraient leurs ventes d’or à un total n’excédant pas 400 tonnes
(12.860.000 onces) par an.
Cette
déclaration, qui a rapidement été surnommée « Accords de
Washington », est tombée entre la réunion du G7 et celle du FMI et de la
Banque mondiale. Le résultat immédiat en a été une forte hausse du prix de
l’or. Le 26 septembre 1999 était un dimanche. Le vendredi précédent, le 24
septembre, le prix au comptant des contrats à terme sur l’or s’affichait à
269,80 dollars à la fermeture des marchés. En deux jours ouvrables, le prix
de l’or est passé à 329 dollars – une hausse de près de 22%, un record.
Les
Accords de Washington ont été signés par quatorze nations européennes, dont
le Royaume-Uni. Souvenez-vous qu’en septembre 1999, l’euro n’existait pas
encore en tant que devise en circulation. Il est entré en circulation en 2002
– au début d’un long déclin pour le dollar qui se poursuit encore
aujourd’hui.
Cinq
ans après les accords initiaux, le 27 septembre 2004, les Accords de
Washington ont été prolongés pour une durée de cinq ans. Les pays signataires
de cet accord joint sur l’or ont été quelque peu différents, avec l’inclusion
notable de la Grèce, et l’exclusion de l’Angleterre. L’autre différence a été
que les ventes annuelles des pays signataires ont augmenté de 25%, de 400 à
500 tonnes (16.075.000 onces) par an. A cette époque, l’euro était une devise
en circulation, et causait du tort au statut de devise de référence internationale
du dollar. Le dollar lui-même était sur le déclin sur l’USDX depuis le début
de l’année 2002.
Le
7 août 2009, la Banque centrale européenne a publié, pour la troisième fois, un accord
commun sur l'or.
Tous
les signataires des accords de 2004 ont été représentés, et trois nouveaux
s’y sont joints. La seule différence est que les quantités d’or vendables
annuellement sous cet accord s’en sont retournées à leur niveau original de
400 tonnes par an. Une nouvelle clause a rendu cette réduction de 100 tonnes
par an plus importante encore :
« Les
signataires reconnaissent l’intention du FMI de vendre 403 tonnes d’or et ont
noté qu’une telle vente pourrait être accommodée par les plafonds
actuels ».
Les
Européens peuvent donc « accommoder » la vente potentielle de 403
tonnes d’or par le FMI tout en réduisant leur plafond de ventes annuel de 100
tonnes par an pour ces cinq prochaines années. Il est clair que les banques
centrales européennes ne contemplent pas l’idée de vendre beaucoup d’or d’ici
à 2014. A dire vrai, les Européens réduisent leurs ventes d’or depuis un
certain temps déjà. Au cours de l’année dernière, les ventes d’or des banques
européennes ont été 73% inférieures à la période précédente. Les ventes
cumulatives des banques centrales européennes ont manqué d’atteindre les
limites fixées par les Accords de Washington au cours de chaque année depuis
2005.
Le
projet du FMI de vendre 403 tonnes d’or est un thème récurrent depuis un
certain nombre d’année, et a été organisé aux moments les plus
« opportuns » - par exemple, lorsque le prix de l’or a atteint
1.000 dollars en 2008, puis de nouveau en février de cette année. Mais ce qui
était une menace nébuleuse par le passé a gagné en substance au mois de juin
dernier, après que le Congrès a voté une loi permettant aux représentants
américains du FMI d’accorder ces ventes.
Comme
l’a dit un analyste de Londres : « c’est une chose positive pour
l’or ». Peut-être l’est-ce vraiment. A moins que les exercices globaux
d’impression monétaire qui ont jusqu’à présent maintenu la récession à
distance – du moins sur les marchés papier – soient plus positifs pour l’or.
Et
il y a autre chose qui est positif pour l’or. C’est la déclaration par
laquelle les Européens ont introduit le communiqué de presse annonçant
chacune des tranches de cinq ans des Accords de Washington. Ils l’ont répétée
le 7 août :
« 1.
L’or demeure un élément important des réserves monétaires globales ».
Notez
ceci : chaque année depuis que le président Nixon a fermé le guichet de
l’or en août 1971, l’or n’a pas été explicitement reconnu en tant qu’élément
officiel, ou non-officiel, des réserves monétaires des Etats-Unis. Et – sous
l’article IV2b de sa charte fondatrice, le FMI interdit aux nations membres
de lier l’or à leurs devises sous quelque forme que ce soit. La raison en est
que l’or ne puisse pas être perçu comme un actif de réserve et, plus
important encore depuis août 1971, qu’il n’y ait aucune chance qu’une devise
d’une nation membre du FMI (dont celle des Etats-Unis) soit échangeable
(comme autrefois) contre de l’or.
Les
Etats-Unis ne reconnaissent pas l’or comme un actif de réserve. La BCE et les
banques centrales le font. Le dollar n’est pas échangeable contre de l’or.
L’euro ne l’est pas non plus. Mais l’euro – et d’autres devises majeures dont
le rouble et le yuan – sont bien plus proches d’une échangeabilité que le
dollar. Simplement parce que les nations qui les émettent reconnaissent
officiellement l’or comme un « élément important des réserves monétaires
globales ».
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