Doug Casey aime beaucoup nous
répéter que ses trois plus grands succès en tant qu’investisseur ont été la
conséquence d’un accident, d’une crise psychotique et d’une fraude – qui n’a
bien entendu pas été commise par lui, mais concerne les évènements qui ont
poussé ses actions vers des sommets incroyables. Je parle ici de gains de
cinquante à cent fois l’investissement initial.
Voici ce qu’ont été les
spéculations en question :
- L’accident : Diamondfields. Il s’agissait
d’une société d’exploration diamantaire active dans diverses régions du
monde. Alors que ses derniers géologues qui travaillaient sur un projet
dans le Newfoundland partaient pour la dernière fois les mains vides, ils
sont tombés par hasard sur des roches altérées qui leur ont permis de
découvrir la mine de nickel de Voisey’s Bay, l’une des plus riches et
des plus importantes du monde.
- La
crise psychotique :
Nevsun. Cette même société gère aujourd’hui une mine de cuivre très
profitable en Erythrée, mais la découverte est vieille de plusieurs
décennies, et à l’époque, un courtier de Chicago – pour une raison que
personne n’a jamais pu comprendre - s’est exterminé lui-même ainsi que
ses clients pour faire flamber l’action Nevsun.
- La
fraude :
BreX. Il s’agit ici d’une affaire assez affreuse, truffée de résultats
de forage truqués et de personnes d’intérêt tombant d’hélicoptères. Les
répercussions de cette fraude ont été l’hiver nucléaire du secteur
minier de la fin des années 1990, et les régulations 43-101 mises en
place par le Canada pour éviter que ce scénario se répète.
La raison pour laquelle
j’aborde ce sujet est que de nombreuse investisseurs et experts de
l’industrie se concentrent trop sur les détails techniques des projets, ne
réfléchissent qu’à leur mérite technique en termes d’extraction d’or, de
cuivre, de lithium, de dysprosium, d’uranium et de je-ne-sais-quoi d’autre.
Ils passent à côté d’un élément critique d’une spéculation à succès :
l’historium.
Je n’essaie pas de suggérer
qu’une bonne histoire puisse ou devrait remplacer le mérite technique.
Mais le mérite technique
n’assure à lui seul aucun succès. Comme nous le montre l’exemple de Doug, une
bonne histoire peut parfois mener vers le succès une société sans mérite
technique – et vous faire profiter de la fraude si tant est que vous vous
échappiez à temps.
C’est pourquoi Promotion est
l’un des huit
P de la spéculation sur les actions sur les ressources.
Notez qu’à Vancouver, le terme
Promoteur est péjoratif, et signifie quelqu’un qui promeut une action sans
valeur qui n’ira jamais nulle part. Et c’est vrai : c’est un danger que
nous ne voyons que trop souvent apparaître sur le secteur des juniors. Nous
avons en revanche aussi pu voir des sociétés aux projets prometteurs ne mener
nulle part parce que leur équipe de gestion n’a pas su promouvoir leur
histoire – ce qui est une étape nécessaire à la levée du financement pour le
développement du projet.
Pour prendre un exemple, le
projet Karma de True Gold Mining’s (TGM.V), au Burkina Faso, est vraiment du
solide. C’est un projet aurifère aux avantages de production indéniables qui
lui offrent d’excellentes marges et un potentiel d’exploration qui pourrait
encore l’élargir. La construction de la mine est en cours et entièrement
financée. Le cheveu dans la soupe, c’est que ce projet se trouve au Burkina
Faso, un pays dont le gouvernement s’est récemment effondré – sans trop de
violences.
Peu importe l’idée que l’on se
fait d’un investissement au Burkina Faso, en Afrique de l’ouest ou en Afrique
en général, le fait est que les Personnes (un autre des huit P) qui gèrent
True Gold savent non seulement ce qu’elles font d’un point de vue technique,
elles ne manquent pas une occasion de parler de l’historium de leur société,
c’est pourquoi elles ont pu lever suffisamment de fonds pour construire Karma
(cette dernière phrase devrait peut-être être relue deux fois).
J’aime beaucoup cet exemple,
parce que ce même projet a autrefois appartenu à une autre équipe de
géologues à la réputation solide – mais qui n’avaient aucun talent pour ce
qui était de raconter l’histoire de leur projet au marché. La société
s’appelait Riverstone. Elle a été responsable de la découverte de Karma et a
effectué les travaux préliminaires qui ont déterminé que le dépôt était
financièrement viable. Mais personne ne l’a écoutée.
L’idée est que nous ne
puissions pas blâmer entièrement l’échec de Riverstone sur la faiblesse du marché.
Quand Riverstone a été rachetée pour devenir True Gold, le marché n’a fait
qu’aller de mal en pis. Et pourtant, True Gold a pu lever des fonds,
développer son projet, découvrir plus d’or et lever plus de fonds – le tout
au cours de la période la plus baissière enregistrée depuis l’effondrement de
2008.
J’irai encore plus loin en
disant que ce n’est pas mon travail de déterminer quels projets ont le plus
de mérite technique et de chances de vraiment devenir une mine. Mon travail
est de déterminer quelles actions sont les plus susceptibles de grimper – ce
que veulent mes lecteurs, c’est savoir quelles actions ont le plus de chances
de monter, quelles qu’en soient les raisons.
Il est clair que je dors mieux
la nuit lorsque le mérite technique d’une société est aussi bon que son
historium. Lorsque le secteur devient le paradis des chasseurs de bonnes
affaires, comme aujourd’hui, nous avons le luxe de pouvoir acheter des
sociétés qui représentent le meilleur des deux mondes à des prix susceptibles
de nous offrir des gains importants.
D’autre part, lorsque les
haussiers arrivent et que le marché monte, les actions de ce genre ne se
vendent plus pour trois sous, et nous devons aller voir plus loin pour
trouver du potentiel.
Il y a eu des projets qui
selon moi n’auraient pas pu devenir des mines, mais avaient un tel historium
qu’ils ne pouvaient que s’en sortir en période de marché haussier. C’est
l’une des raisons pour lesquelles mon communiqué s’appelle Casey
International Speculator et pas Casey Safe Investor.
J’ai été beaucoup critiqué
pour cela, mais plus souvent que non, j’ai permis à mes lecteurs de faire de
l’argent.
La donne change complètement
lorsque le marché devient baissier, mais c’est une bonne chose pour ceux qui
ont du capital à déployer. Et encore plus pour les nouveaux arrivants.
Ironiquement, pour les bonnes sociétés aux excellentes équipes et projets qui
disposent de fonds importants, la hausse est moins prononcée en période de
marché baissier.
Après un marché baissier vient
un marché haussier, et c’est à ce moment-là que l’historium brille le plus
fort.
N’oubliez pas l’historium.
Haussier comme baissier, il est un élément essentiel à une spéculation
profitable.