Vous êtes certainement familier
avec le jeu des chaises musicales. Dix enfants dansent autour de neuf chaises
en écoutant de la musique. Quand la musique s’arrête, chaque enfant doit
courir vers une chaise et s’y asseoir. Celui qui se trouve sans chaise est éliminé.
Puis une chaise est retirée, et les neuf enfants qui restent dansent autour
des huit chaises restantes, jusqu’à ce que la musique s’arrête encore une
fois.
L’économie ressemble un peu à un
jeu de chaises musicales. En période de récession, l’économie prend un coup,
et de nombreuses victimes sont à déplorer. Certains joueurs ne parviennent
pas à obtenir une chaise à temps et se retrouvent éliminés. Le jeu continue
sans eux. Et l’économie finit par se rétablir.
Mais une dépression est bien
différente. Depuis 2007, bien que seuls très peu osent le dire, le monde
traverse une dépression. Une dépression ressemble à un jeu de chaises
musicales joué par dix enfants… qui ne dansent qu’autour d’une seule chaise.
Neuf des enfants se trouveront bientôt éliminés. Et les dix comprennent que
leurs chances de rester dans le jeu sont assez minces, et que des situations
désespérées nécessitent des mesures désespérées. Il est alors temps de jeter
les règles du jeu par la fenêtre et de faire tout son possible pour être
celui qui obtiendra la seule et dernière chaise.
Bien évidemment, les experts
réfutent officiellement l’idée même que nous ayons traversé une dépression.
Ils décrivent régulièrement le monde comme étant aujourd’hui en phase de
reprise suite à la récession de 2008-10. Mais les emplois qui devraient être
créés ne se matérialisent jamais. Les bourgeons n’éclosent pas. Alors que se
passe-t-il ?
Les dépressions ne se produisent
pas d’un seul trait. Il leur faut du temps pour établir un creux et, si une
économie est soutenue par suffisamment de dette, l’effondrement peut être
repoussé à plus tard.
Comme Doug Casey aime à la dire,
une dépression est tel un ouragan. Il y a d’abord quelques effondrements
initiaux, puis un épisode de calme dans l’œil de la tempête, et enfin, une
fois que nous entrons l’autre côté de l’ouragan, de nouveaux effondrements.
Et c’est à ce moment que la situation se complique vraiment – même les
politiciens commencent alors à parler de dépression. Nous avons désormais entamé
cette phase terminale, comme le démontrent les symptômes économiques actuels.
Notre petit jeu de chaises musicales est sur le point de devenir un petit peu
plus méchant.
En temps normal, même en période
de récession, les institutions financières maintiennent leur image
conservative. Pour la plupart, elles continuent de faire ce qu’elles ont
promis. Mais à mesure que nous traversons l’autre côté de l’ouragan, nous
nous apercevons que de plus en plus de banquiers réécrivent les règles pour s’accaparer
le capital qu’ils détiennent en le nom de leurs créditeurs.
Et ils ne le font pas seuls. Ils
le font avec l’aide du gouvernement. De nouvelles lois sont établies à l’approche
de la crise pour s’assurer à ce que les banques puissent se servir dans les
dépôts en toute impunité. Depuis 2010, de telles lois ont été adoptées en
Union européenne, aux Etats-Unis, au Canada et dans d’autres juridictions.
Des ballons d’essai ont été lancés
afin de déterminer l’envergure maximale acceptable des gels et confiscations.
La Grèce a été un cas d’étude excellent pour les gels de dépôts, et Chypre a
servi de ballon d’essai pour les confiscations. Le monde se tient désormais
prêt à rejouer ce jeu à l’échelle internationale.
A quoi ressemblera ce jeu de
chaises musicales sous stéroïdes ? Tout d’abord, nous assisteront à des
effondrements soudains de marchés ainsi qu’à des défauts de dettes. Peu de
temps après, un lundi matin (ou plutôt un mardi, après un long weekend), les
institutions financières n’ouvriront pas leurs portes. Les médias parleront d’un
état d’urgence temporaire au cours duquel les gouvernements et les banques
devront résoudre certains problèmes afin de pouvoir assurer la « continuité
d’une économie saine ». Jusqu’à ce qu’ils y parviennent, les banques
resteront fermées, ou n’autoriseront que de petites transactions. Cette
dernière phrase est une façon gentille de dire que les déposants n’auront qu’un
accès limité à leur argent jusqu’à nouvel ordre.
De la même manière que les Grecs
ne sont plus autorisés qu’à retirer 420 euros par semaine, le reste du monde
opèrera grâce à des allocations. Qu’en sera-t-il alors pour les entreprises
qui auront besoin de payer plus que cela pour verser un seul salaire ?
Ou d’un restaurant qui aurait besoin de cette somme ou plus pour une simple
livraison de nourriture ? C’est quelque chose qui reste encore à
déterminer – mais ce qui est certain, c’est que les affaires ne seront pas
robustes.
Nous pouvons être sûrs d’une
chose. Les banques ne se sépareront que du strict minimum afin d’éviter des
émeutes. Leur souhait sera de confisquer autant d’argent que possible, et les
nouvelles lois le leur permettront.
C’est à ce moment-là que nous découvrirons
que neuf chaises ont été retirées.
Souvenez-vous que nous vivons
aujourd’hui la fin de a partie. Après ça, les banques ne maintiendront plus
la ruse qu’est de faussement s’inquiéter pour leurs clients. Chaque joueur
mettra la main sur tout ce qu’il pourra, parce que le système bancaire tel
que nous le connaissons aujourd’hui aura poussé son dernier souffle.
Soyez certain qu’un nouveau
système bancaire naîtra de ses cendres après quelques années, mais pour l’heure,
le capital qui est aujourd’hui sur la table sera amassé par ceux qui auront
les lois de leur côté.
Un grand nombre des noms les
plus augustes du système bancaire pourraient bien disparaître ces quelques
prochaines années. Quelques institutions ont fait faillite en 2008 pour rouvrir
sous un autre nom (et sans la dette qui les a fait plonger). D’autres, comme
Bear Stearns et Lehman Brothers, ont disparu pour de bon. Elles seront
bientôt rejointes par d’autres. Merrill Lynch, AIG, Royal Bank of Scotland,
Fortis, Fannie Mae et Freddie Mac étaient au bord du gouffre en 2008. Elles
seront les premières à tomber une fois venue la prochaine crise.
Et elles ne disparaîtront pas
avec dignité. Elles tenteront de s’accaparer tous les dépôts possibles. Ceux
qui ont déjà subi une liquidation savent que les liquidateurs mettront la
main sur le peu que les banquiers auront laissé sur la table. Les déposants
récolteront les miettes.
Voilà qui ne s’annonce pas
réjouissant. Si l’Histoire venait à se répéter, plus de 95% des déposants
perdraient une majorité de leur épargne. Mais il y aura toujours des gens
moins impactés que d’autres – ceux qui auront décidé de retirer leur capital
de la table avant que tout ne s’effondre.
Comment ? Tout d’abord, sortez
tout votre capital (à l’exception de trois mois de fonds) de votre banque.
Ensuite, déplacez ce capital vers une juridiction moins risquée que celles
citées plus haut. Choisissez la localisation la plus sûre, avec le moins de
taxes possibles et un gouvernement stable depuis plusieurs décennies.
Troisièmement, puisque les banques des autres juridictions peuvent aussi
présenter un risque, placez votre capital sur des actifs qui ont moins de
chances d’être saisis (métaux précieux et immobilier). Les actifs immobiliers
étrangers sont votre meilleur pari, parce que toute tentative d’un
gouvernement étranger de vous les saisir représenterait un acte de guerre. En
revanche, l’immobilier n’est pas la forme de capital la plus liquide, c’est
pourquoi les métaux précieux sont aussi nécessaires.
Si vous aviez un besoin soudain
de liquidités, les métaux précieux sont faciles à vendre, et les fruits de
leur vente sont faciles à rapatrier (les pays en difficulté ne se plaignent
jamais de voir entrer de l’argent, ils ne se soucient que du capital
sortant).
Enfin, si possible,
établissez-vous un refuge à l’étranger, si possible là où se trouve votre capital,
ou même ailleurs – dans un endroit de paix, où vous réfugier quand la crise
aura frappé chez vous.
Vos chances d’être le dernier
assis sur une chaise seront très minces. L’alternative demande de la
préparation, mais est de loin le choix le plus sûr.