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Cours Or & Argent

Un jeu de chaises musicales

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Publié le 19 août 2016
1331 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Article du Jour

Vous êtes certainement familier avec le jeu des chaises musicales. Dix enfants dansent autour de neuf chaises en écoutant de la musique. Quand la musique s’arrête, chaque enfant doit courir vers une chaise et s’y asseoir. Celui qui se trouve sans chaise est éliminé. Puis une chaise est retirée, et les neuf enfants qui restent dansent autour des huit chaises restantes, jusqu’à ce que la musique s’arrête encore une fois.

L’économie ressemble un peu à un jeu de chaises musicales. En période de récession, l’économie prend un coup, et de nombreuses victimes sont à déplorer. Certains joueurs ne parviennent pas à obtenir une chaise à temps et se retrouvent éliminés. Le jeu continue sans eux. Et l’économie finit par se rétablir.

Mais une dépression est bien différente. Depuis 2007, bien que seuls très peu osent le dire, le monde traverse une dépression. Une dépression ressemble à un jeu de chaises musicales joué par dix enfants… qui ne dansent qu’autour d’une seule chaise. Neuf des enfants se trouveront bientôt éliminés. Et les dix comprennent que leurs chances de rester dans le jeu sont assez minces, et que des situations désespérées nécessitent des mesures désespérées. Il est alors temps de jeter les règles du jeu par la fenêtre et de faire tout son possible pour être celui qui obtiendra la seule et dernière chaise.

Bien évidemment, les experts réfutent officiellement l’idée même que nous ayons traversé une dépression. Ils décrivent régulièrement le monde comme étant aujourd’hui en phase de reprise suite à la récession de 2008-10. Mais les emplois qui devraient être créés ne se matérialisent jamais. Les bourgeons n’éclosent pas. Alors que se passe-t-il ?

Les dépressions ne se produisent pas d’un seul trait. Il leur faut du temps pour établir un creux et, si une économie est soutenue par suffisamment de dette, l’effondrement peut être repoussé à plus tard.

Comme Doug Casey aime à la dire, une dépression est tel un ouragan. Il y a d’abord quelques effondrements initiaux, puis un épisode de calme dans l’œil de la tempête, et enfin, une fois que nous entrons l’autre côté de l’ouragan, de nouveaux effondrements. Et c’est à ce moment que la situation se complique vraiment – même les politiciens commencent alors à parler de dépression. Nous avons désormais entamé cette phase terminale, comme le démontrent les symptômes économiques actuels. Notre petit jeu de chaises musicales est sur le point de devenir un petit peu plus méchant.

En temps normal, même en période de récession, les institutions financières maintiennent leur image conservative. Pour la plupart, elles continuent de faire ce qu’elles ont promis. Mais à mesure que nous traversons l’autre côté de l’ouragan, nous nous apercevons que de plus en plus de banquiers réécrivent les règles pour s’accaparer le capital qu’ils détiennent en le nom de leurs créditeurs.

Et ils ne le font pas seuls. Ils le font avec l’aide du gouvernement. De nouvelles lois sont établies à l’approche de la crise pour s’assurer à ce que les banques puissent se servir dans les dépôts en toute impunité. Depuis 2010, de telles lois ont été adoptées en Union européenne, aux Etats-Unis, au Canada et dans d’autres juridictions.

Des ballons d’essai ont été lancés afin de déterminer l’envergure maximale acceptable des gels et confiscations. La Grèce a été un cas d’étude excellent pour les gels de dépôts, et Chypre a servi de ballon d’essai pour les confiscations. Le monde se tient désormais prêt à rejouer ce jeu à l’échelle internationale.

A quoi ressemblera ce jeu de chaises musicales sous stéroïdes ? Tout d’abord, nous assisteront à des effondrements soudains de marchés ainsi qu’à des défauts de dettes. Peu de temps après, un lundi matin (ou plutôt un mardi, après un long weekend), les institutions financières n’ouvriront pas leurs portes. Les médias parleront d’un état d’urgence temporaire au cours duquel les gouvernements et les banques devront résoudre certains problèmes afin de pouvoir assurer la « continuité d’une économie saine ». Jusqu’à ce qu’ils y parviennent, les banques resteront fermées, ou n’autoriseront que de petites transactions. Cette dernière phrase est une façon gentille de dire que les déposants n’auront qu’un accès limité à leur argent jusqu’à nouvel ordre.

De la même manière que les Grecs ne sont plus autorisés qu’à retirer 420 euros par semaine, le reste du monde opèrera grâce à des allocations. Qu’en sera-t-il alors pour les entreprises qui auront besoin de payer plus que cela pour verser un seul salaire ? Ou d’un restaurant qui aurait besoin de cette somme ou plus pour une simple livraison de nourriture ? C’est quelque chose qui reste encore à déterminer – mais ce qui est certain, c’est que les affaires ne seront pas robustes.

Nous pouvons être sûrs d’une chose. Les banques ne se sépareront que du strict minimum afin d’éviter des émeutes. Leur souhait sera de confisquer autant d’argent que possible, et les nouvelles lois le leur permettront.

C’est à ce moment-là que nous découvrirons que neuf chaises ont été retirées.

Souvenez-vous que nous vivons aujourd’hui la fin de a partie. Après ça, les banques ne maintiendront plus la ruse qu’est de faussement s’inquiéter pour leurs clients. Chaque joueur mettra la main sur tout ce qu’il pourra, parce que le système bancaire tel que nous le connaissons aujourd’hui aura poussé son dernier souffle.

Soyez certain qu’un nouveau système bancaire naîtra de ses cendres après quelques années, mais pour l’heure, le capital qui est aujourd’hui sur la table sera amassé par ceux qui auront les lois de leur côté.

Un grand nombre des noms les plus augustes du système bancaire pourraient bien disparaître ces quelques prochaines années. Quelques institutions ont fait faillite en 2008 pour rouvrir sous un autre nom (et sans la dette qui les a fait plonger). D’autres, comme Bear Stearns et Lehman Brothers, ont disparu pour de bon. Elles seront bientôt rejointes par d’autres. Merrill Lynch, AIG, Royal Bank of Scotland, Fortis, Fannie Mae et Freddie Mac étaient au bord du gouffre en 2008. Elles seront les premières à tomber une fois venue la prochaine crise.

Et elles ne disparaîtront pas avec dignité. Elles tenteront de s’accaparer tous les dépôts possibles. Ceux qui ont déjà subi une liquidation savent que les liquidateurs mettront la main sur le peu que les banquiers auront laissé sur la table. Les déposants récolteront les miettes.

Voilà qui ne s’annonce pas réjouissant. Si l’Histoire venait à se répéter, plus de 95% des déposants perdraient une majorité de leur épargne. Mais il y aura toujours des gens moins impactés que d’autres – ceux qui auront décidé de retirer leur capital de la table avant que tout ne s’effondre.

Comment ? Tout d’abord, sortez tout votre capital (à l’exception de trois mois de fonds) de votre banque. Ensuite, déplacez ce capital vers une juridiction moins risquée que celles citées plus haut. Choisissez la localisation la plus sûre, avec le moins de taxes possibles et un gouvernement stable depuis plusieurs décennies. Troisièmement, puisque les banques des autres juridictions peuvent aussi présenter un risque, placez votre capital sur des actifs qui ont moins de chances d’être saisis (métaux précieux et immobilier). Les actifs immobiliers étrangers sont votre meilleur pari, parce que toute tentative d’un gouvernement étranger de vous les saisir représenterait un acte de guerre. En revanche, l’immobilier n’est pas la forme de capital la plus liquide, c’est pourquoi les métaux précieux sont aussi nécessaires.

Si vous aviez un besoin soudain de liquidités, les métaux précieux sont faciles à vendre, et les fruits de leur vente sont faciles à rapatrier (les pays en difficulté ne se plaignent jamais de voir entrer de l’argent, ils ne se soucient que du capital sortant).

Enfin, si possible, établissez-vous un refuge à l’étranger, si possible là où se trouve votre capital, ou même ailleurs – dans un endroit de paix, où vous réfugier quand la crise aura frappé chez vous.

Vos chances d’être le dernier assis sur une chaise seront très minces. L’alternative demande de la préparation, mais est de loin le choix le plus sûr.

 

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