Article de Ronald-Peter Stoeferle, publié le 28 août 2016 sur KWN :
« Une nouvelle récession est inévitable. Comme l’a dit von Mises, prédire exactement quand elle aura lieu est impossible. Mais dans la situation actuelle, nous souhaitons néanmoins aborder un scénario économique que nous pensons être une possibilité crédible, à savoir la stagflation.
Ce mot est dérivé des termes stagnation et inflation. Il décrit une situation économique dans laquelle la stagnation économique (par exemple la stagnation ou même la contraction de la production économique) a lieu simultanément avec l’inflation des prix. D’après la doctrine économique officielle (keynésienne), la stagflation est une quasi impossibilité vu qu’elle réfute la courbe de Phillips. Néanmoins, il n’y a selon nous aucune raison d’ignorer ce scénario, bien au contraire.
Les conditions actuelles sont bien sûr différentes de celles des années 70, la dernière période durant laquelle le monde occidental a traversé une période prolongée de stagflation. Cependant, il est selon nous temps de mettre en garde contre la dévaluation considérable des monnaies et les tendances de stagflation qui en résultent.
Vu que la reflation via une nouvelle reprise de l’expansion du crédit devient plus compliquée, les banquiers centraux n’ont d’autre option que d’improviser (par exemple en testant dans la pratique une théorie académique telle que le parachutage d’argent par hélicoptères), ce qui pourrait mener à une perte de confiance dans les monnaies papier. Cela pourrait, comme dans les années 70, se manifester via la dévaluation des monnaies papier via l’appréciation des matières premières.
Les politiques monétaires sont en bout de course
Les politiques monétaires sont en bout de course : aucun instrument dans la boîte à outils conventionnelle et non conventionnelle ayant été utilisé jusqu’à aujourd’hui ne semble marcher. Les taux d’intérêt sont déjà à des niveaux planchers et ne peuvent être abaissés davantage à moins de bannir l’argent physique ; augmenter davantage la taille des bilans des banques centrales devient également de plus en plus dangereux, sans parler du fait que les effets escomptés ne se sont jamais manifestés. Les mesures fiscales stimulantes prises pour contrer la dernière récession ont augmenté la dette des gouvernements à des niveaux si dangereux qu’il est peut-être devenu impossible de relancer l’économie via les dépenses publiques.
Ce fardeau de la dette rend également très improbable la normalisation de ces politiques monétaires extrêmes, vu que cette normalisation engendrerait probablement la faillite de nombreux gouvernements. L’émergence d’une récession ferait de gros dégâts vu que les politiques monétaires ou fiscales ne pourront être utilisées pour la combattre. Seules l’inflation et la croissance économique peuvent régler ce dilemme alors que l’un comme l’autre ne peut dépasser la vitesse d’une tortue. Il faut couper le nœud gordien, mais comment ?
Le parachutage d’argent par hélicoptère pourrait être le lapin sorti du chapeau des banquiers centraux, vu qu’il doperait probablement l’inflation. Déterminer si cette inflation évoluera de façon ordonnée ou incontrôlée est difficile à prédire. Quoi qu’il en soit, cette politique, que ce soit l’objectif ou pas, pourrait sonner le début d’une nouvelle ère du système monétaire, dans lequel différentes monnaies électroniques, dont la confiance serait basée sur leur réputation, entreraient en concurrence.
Un tel contexte signifierait également pour l’or que son heure est arrivée. Si l’argent papier devait vraiment tomber du ciel, les efforts de reflation des banques centrales finiront par être couronnés de succès pour dépasser les objectifs souhaités, soit fournir un environnement dans lequel l’or se comporte bien. Le métal jaune, qui jouit d’une grande confiance depuis des milliers d’années, pourrait de plus jouer un rôle important dans ce nouvel ordre monétaire basé sur la réputation. »