Pour la première fois en
près d’un siècle, la race humaine pourrait voir naître une technologie qui a
le potentiel de changer véritablement la donne en termes de transports.
Elon Musk a proposé l’idée
de l’Hyperloop il y a déjà plusieurs années, et suggéré qu’il pourrait s’agir
d’une méthode de transport révolutionnaire reposant sur les technologies
disponibles aujourd’hui. L’Hyperloop a fait l’objet d’une extrême controverse
parmi les sceptiques, qui ont critiqué depuis le coût des terrains en Californie
jusqu’au nombre de G que subiraient les passagers lors d’une accélération de
zéro à plus de 1100 kilomètres par heure sur une courte période. Et bien qu’il
y ait des raisons de se montrer prudent face à cette technologie, l’Hyperloop
devrait aussi être admiré pour être la continuation d’une longue tradition d’innovation
aux Etats-Unis et pour repousser plus loin encore les limites de l’expérience
humaine.
L’Hyperloop d’Elon Musk
est aujourd’hui sur le point de faire un premier pas vers la réalité. Une
version de test est sur le point
d'entrer en phase de construction. Voilà qui soulève une question
intéressante – s’il fonctionnait vraiment, quelles en seraient les
conséquences pour l’industrie aérienne ? L’Hyperloop a certainement d’autres
opportunités de marché (plus simples) que simplement déplacer des passagers,
et pourrait aussi avoir des conséquences sur les transports de fret aérien et
l’industrie du camionnage. Mais ce sont là des problèmes sur lesquels nous
reviendront plus tard. Pour l’heure, penchons-nous sur l’impact potentiel de
l’Hyperloop sur l’industrie du transport aérien.
En pratique, la capacité
de l’Hyperloop à entrer en compétition avec les compagnies aériennes dépendra
du prix des billets et de la durée de transport. Le prix des billets sera à
son tour impacté par le coût énergétique du transport de passagers à bord de
l’Hyperloop. La technologie derrière les tubes de test de l’Hyperloop est
fiable, mais pas à l’échelle dont l’Hyperloop est destiné à fonctionner. En
théorie, il existe plusieurs manières possibles d’alimenter une capsule Hyperloop.
Une capsule Hyperloop
est un mélange
entre les tubes pneumatiques que l’on trouve aujourd’hui dans les banques et
les hôpitaux (et qui traversaient
des kilomètres de ville il y a plusieurs décennies), et un train Maglev.
Déterminer exactement l’énergie nécessaire à l’Hyperloop est aujourd’hui
difficile, mais c’est aussi une question de grande importance. L’une des
raisons pour lesquelles d’autres idées antérieures comme l’aéroglisseur
n’ont jamais vu le jour est leur consommation phénoménale en énergie.
Quelles sont donc les
quantités d’énergie nécessaires au lancement d’une capsule Hyperloop le long
d’un tube ? La proposition
originale de M. Musk imaginait au départ un apport constant en énergie grâce
à un compresseur plutôt qu’une accélération par appui (à la manière d’une
balle). La phase de test pourrait modifier la proposition originale, mais si
l’idée originale de M. Musk était conservée, un moteur de 325 KW serait
nécessaire pour chaque capsule.
Les locomotives
actuelles disposent fréquemment d’une puissance de 4.000 chevaux, contre
environ 150 pour une voiture standard. Le plus gros problème qui se pose
autour du fonctionnement de l’Hyperloop est la friction générée par l’air
autour de la capsule. Le système devra pouvoir produire suffisamment de
pression pour pouvoir se déplacer dans le tube, et les mathématiques derrière
cette mécanique sont assez complexes. Un petit calcul simplifié utilisant la
force, la pression, l’aire et la loi des gaz parfaits suggère que les
attentes de M. Musk sont raisonnables (pour ceux que cela intéresserait, les
propriétés mécaniques de l’Hyperloop sont disponibles ici).
En moyenne, l’Hyperloop
utiliserait peut-être 27 KW par passager (à hauteur de 6 passagers par tube
pour un trajet de 30 minutes). Les besoins en énergie augmenteraient
dépendamment de la taille du tube, mais sur une base par passager, cela n’a
pas d’importance. L’idée reste ici qu’un tube Hyperloop pourrait déplacer des
passagers pour seulement quelques dollars d’énergie par tête. Ce qui
déterminera réellement la faisabilité du projet sera les dépenses de capital
pour le développement de l’Hyperloop. J’y reviendrai dans un prochain
article.