L’application à la
Société d’économie politique
La
Société d’économie politique est une organisation
fondée, en 1842,
par les disciples de Jean-Baptiste Say.
Pour ceux qui
l’ignorent, ce dernier est un économiste libéral assez
radical. Il fustigea notamment les dépenses de l’État et
démonta le mythe selon lesquelles les crises étaient
consubstantielles à tout système économique. Il
estimait, en effet, que, dans un pays authentiquement libéral, elles
n’existeraient pas.
Mais, surtout,
il chérissait le rôle de l’entrepreneur dans la
société. Raison pour laquelle il fondera la première
école de commerce du monde, l’École spéciale de
commerce, devenue depuis… l’ESCP Europe, preuve de
l’importance de l’héritage légué par les
libéraux français, en plusieurs domaines. Les fameux
« supply siders »
américains, ces économistes de l’offre, ne nient
d’ailleurs pas leur dette intellectuelle à l’égard
de Say.
Cette
Société d’économie politique existe toujours et
n’a pas succombé au poids des années. A priori, on
pourrait s’en réjouir. Mais ce qui est malheureusement plus
surprenant, c’est de constater que la société invite des
intervenants qui sont loin d’être des héritiers de la
pensée de Say.
La page
d’introduction du site est pourtant dans la droit ligne de cet
héritage puisqu’on y trouve notamment les photos de ces
illustres auteurs qu’étaient feux Benjamin Constant et Jacques
Rueff.
Et, pourtant,
pendant la saison 2011-2012, la Société d’économie
politique a invité, par exemple, Guillaume Pépy,
Nathalie Kosciusko-Morizet, Angel Gurria, Erik Izraelewicz,
Jean-Pierre Robin, Jean-Marc Vittori ou encore,
Jean-Claude Trichet.
Certaines de
ces personnes sont peu libérales et leur conformité aux
idées de Say n’est pas éblouissante, surtout en ce qui
concerne Nathalie Kosciusko-Morizet, la chantre
du « principe de précaution » qui ruine
l’économie. Que dire également de Jean-Pierre Robin qui
sacrifie à la vulgate traditionnelle en accusant
subrepticement Pékin de « concurrence
déloyale » ?
Mais ce qui
choque le plus, au moment de l’analyse du
« curriculum » des invités, est le fait que cette
organisation semble uniquement attirée par le
« chic ». Ce sont des personnalités
renommées qui sont recherchées et non des invités
pouvant diffuser les idéaux de Jean-Baptiste Say. En soi, de simples
désaccords idéologiques ne doivent pas être un obstacle
à des invitations, auquel cas le principe de tolérance, si cher
à ces auteurs, ne serait rien d’autre qu’une coquille
vide. Mais, dans ce cas, la Société d’économie
politique se doit de se montrer honnête avec ses adhérents et
sympathisants en reconnaissant qu’elle n’est plus qu’un club
mondain, visant à attirer de hautes personnalités à
l’occasion de dîners débats prestigieux.
Évidemment,
on pourrait nous rétorquer que ce type d’événement
a pour but de faire connaître, dans un premier temps, l’organisation
afin de permettre son développement.
Mais,
visiblement, comme souvent, ce type de tactique n’a pas marché,
le site de la Société d’économie politique
n’a pas été réactualisé depuis fort
longtemps et ne fait mention d’aucun dîner-débat pour
l’année 2012-2013 qui va bientôt s’achever…
En outre,
comment développer l’adhésion à des idées
si ces dernières ne sont peut-être même pas connues des
conférenciers ? Où est la valeur ajoutée de la
Société d’économie politique, lorsqu’elle
invite Angel Gurria ?
La mise aux
oubliettes des idéaux fondamentaux d’une organisation ne peuvent
que conduire à son dépérissement. L’histoire
l’a montré abondamment.
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