Les
Hommes modifient le monde qui les entoure depuis maintenant des dizaines de
milliers d’années. C’est dans leur nature, ils façonnent et modifient
l’environnement existant et restent indifférents devant les conséquences de
leurs actions.
L’échelle
et la rapidité des transformations survenues depuis les années 1950 ont été
presqu’incroyables. Si stupéfiants sont ces transformations que les
scientifiques les ont ces quelques soixante-cinq dernières années surnommées
la « Grande accélération ».
L’explosion
de notre population, la demande accélérée en ressources naturelles, notre
attitude je-m’en-foutiste face à la pollution et à la destruction des
habitats ne font qu’augmenter ce qui était autrefois une pression encore
tolérable sur les écosystèmes du monde.
Il
y a seulement cent quatorze ans, la population humaine s’élevait à 1,6
milliard d’âmes. Nous sommes aujourd’hui plus de 7,2 milliards d’humains sur
Terre, et selon les Nations-Unies, nous devrions être 9,6 milliards en 2050 –
c’est 68,5 millions de personnes nées chaque année entre 2015 et 2050.
La
variante inférieure des estimations des Nations-Unies pour 2100 est de 6,7
milliards d’habitants sur Terre. Leur variante supérieure est de 16,6
milliards et la ligne médiane se situe à 11 milliards.
« Le
problème de ces prévisions de long terme sont qu’elles sont basées sur des
suppositions quant au taux de naissances – et que nous ne disposions toujours
pas de méthode fiable de prédiction des niveaux de fertilité à une
génération, et encore moins à un siècle » - Nicholas Eberstadt,
American Enterprise Institute.
La
croissance démographique ralentit, mais elle ne s’arrête pas, et il n’y a
aucune chance que nous assistions à un renversement au cours de ces 35
prochaines années.
« Le
pouvoir des populations est supérieur au pouvoir qu’a la Terre de fournir aux
Hommes de quoi survivre. Une mort prématurée devra un jour ou l’autre venir
rendre visite à la race humaine. Les vices de l’humanité sont les ministres
de la dépopulation. Ils sont les précurseurs d’une armée de la destruction,
et finissent souvent le travail eux-mêmes. Mais s’ils venaient à perdre cette
bataille pour l’extermination humaine, des épidémies, des pestilences et des
pestes viendront emporter des milliers d’Hommes. Si leur succès était
incomplet, d’inévitables famines prendraient la main, qui viendraient
durement niveler la population avec les ressources alimentaires du
monde », Thomas Malthus, 1798, An Essay on the
Principle of Population.
Eser Boserup,
agriculteur et économiste, adopte le point de vue opposé. Selon lui, la croissance
démographique est le moteur de la productivité des sols – la capacité de
notre planète à offrir refuge aux Hommes est basée sur les capacités de nos
systèmes sociaux et de nos technologies plus que sur nos limites
environnementales.
Que
son un, deux ou sept milliards de personnes sur une planète qui, pour
reprendre Bordland, le père de la Révolution verte, aurait une capacité de dix
milliards d’habitants ? Nous devrions avoir une importante marge de
développement.
Mais
faire passer au second rang les limites environnementales ne me donne pas
beaucoup d’espoir pour l’avenir. La Terre peut être assez vaste pour un,
quatre, neuf ou dix milliards d’habitants. Mais viendra un nombre où nous en
demanderons plus à la Terre que ce qu’elle pourra nous fournir. Et beaucoup
pensent que ce nombre a déjà été dépassé.
Dépassement écologique
Pendant
une majorité de l’Histoire humaine, nous avons sans aucun doute consommé des
ressources à un taux bien moindre que la capacité de notre planète à les
régénérer.
Nous
avons malheureusement franchi un palier critique. La demande que nous imposons aujourd’hui aux ressources de notre planète
semble avoir commencé à dépasser le rythme auquel la nature est capable de
les renouveler.
L’écart
entre la demande humaine et l’offre de notre planète est connu sous le nom de
dépassement écologique. Pour mieux comprendre ce concept, prenons l’exemple
d’un compte bancaire – supposez que vous y ayez déposé 5.000 dollars qui vous
rapportent des intérêts chaque mois. Un mois après l’autre, vous retirez les
intérêts générés, plus 100 dollars. Ces 100 dollars sont votre dépassement
financier, ou écologique, et leur retrait n’est évidemment pas illimité.
Les
Hommes produisent actuellement plus de ressources naturelles que ce que la
Terre est capable de leur fournir sur une base durable. Au taux actuel, il
nous faudrait une demi-Terre supplémentaire. D’ici à 2050, nous devrions
avoir besoin des ressources de deux planètes.
Si tout
le monde se mettait aujourd’hui à consommer des ressources naturelles de la
même manière qu’un Américain moyen, nous aurions besoin de 3,9 planètes.
WWF/Global Footprint
Network
Selon
le Global Footprint Network, le 19 août a
représenté le jour où, en 2014, l’humanité a épuisé son budget écologique
global pour l’année. Pendant les quatre mois et demi restants, nous avons été
en dépassement écologique.
Anthropocène
Un
groupe d’experts vient de se réunir pour déterminer si le temps était venu de
décréter l’époque dans laquelle nous visons terminée et d’en amorcer une
nouvelle – une ère déterminée par l’empreinte de l’Homme sur notre planète.
Cette ère devrait être baptisée anthropocène.
Ceux
qui adhèrent à cette idée pensent que « l’influence de l’humanité sur
l’atmosphère de la planète Terre et la croûte terrestre au cours de ces quelques derniers siècles
est telle qu’elle ait amorcé une nouvelle ère ».
Mais
quelle en serait la date de commencement ?
Les
roches sont utilisées pour déterminer les différentes ères de l’Histoire de
la Terre. Par exemple, le début de l’ère cambrienne marque le moment où des
groupes d’animaux majeurs ont commencé à apparaître sous forme de fossiles.
Le
groupe d’étude de l’anthropocène a proposé plusieurs dates de
commencement :
- Les radionucléides qui ont été laissés derrière
elles par les bombes atomiques des années 1940 et 1950. Les avantages de
ces marqueurs nucléaires est que le plutonium, le césium et le strontium
peuvent tous être liés à une date précise et présentent une line
distinctive dans la roche.
- L’utilisation du plastic
à grande échelle.
- Les émissions d’hydrocarbonés poly aromatiques
issus de la consommation d'énergie
fossile.
- Dernier point, mais pas le moindre : la contamination
par le plomb en raison de l’utilisation répandue de pétrole.
Tous
ont laissé derrière eux des traces dans les roches qui composent la croûte
terrestre.
« Peu
importe quand cette nouvelle époque a commencé, nous y vivons aujourd’hui. Et
si nos descendants regardaient en arrière dans des milliers d’années, ils
observeraient les signes de nos actions dans la roche » -
Anthropocene.info
L’indice planète vivante global
Fédération mondiale de la faune
L’indice
planète vivante global présente un déclin de 52% entre 1970 et 2010. Cet
indice est basé sur des tendances enregistrées auprès de 10.380 populations
et 3.038 mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons.
Plus
de la moitié des vertébrés de notre planète ont disparu entre 1970 et 2010.
Conclusion
J’aimerais
proposer une date de commencement pour l’ère anthropocène : 1970.
Si
le début de l’ère cambrienne marque le moment où des groupes majeures
d’animaux sont apparus, pourquoi ne pas prendre 1970 pour marquer le début de
l’anthropocène, et définir le moment où ils ont commencé à disparaître ?
La
question que nous devrions tous nous poser est la suivante : une grande
accélération… vers quoi ?
Qu’avez-vous
sur votre radar ? J’y conserve bien entendu l’empreinte de l’humanité.
L’empreinte
de l’humanité, et la vôtre, sont-elles sur votre écran radar ?
Si
elles ne le sont pas, elles le devraient.
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