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Cours Or & Argent

Une chose à la hausse: le scepticisme envers les politiques inflationnistes des banques centrales

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Publié le 22 janvier 2008
1912 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Au lendemain de l’éclatement de la bulle techno en 2000-2001, lorsque les banques centrales se sont mises à réduire les taux d’intérêt vers des planchers historiques (1% aux États-Unis en 2003) et à injecter plus massivement qu’à l’habitude des «liquidités» dans les marchés financiers pour contrer le ralentissement économique, on ne trouvait pratiquement aucune critique de ces politiques inflationnistes dans les médias. À l’unanimité, tous les commentateurs appuyaient les mesures visant à «relancer» l’économie par la dépense et l’endettement.

 

Les keynésiens et autres interventionnistes de gauche étaient évidemment tout à fait en faveur de ce type de politique, qu’ils préconisent depuis des décennies et que Keynes a popularisé pendant la Dépression. Mais les prétendus partisans du libre marché et du non-interventionnisme étatique appuyaient pratiquement les mêmes politiques (en mettant un peu plus l’accent sur les réductions d’impôt). Les médias anglophones «conservateurs» (il n’y en a pas au Québec) tels que le National Post ou le Wall Street Journal étaient alors dominés par des adeptes des théories monétariste et de l’offre («supply-side») qui, pour des raisons différentes de la gauche, préconisaient eux aussi une accélération de la croissance monétaire comme solution au ralentissement.

 

Un partisan du libre marché devrait pourtant, par principe, même sans rien comprendre des mécanismes complexes des cycles économiques, être opposé à toute politique inflationniste. En créant de la monnaie (ou en incitant les banques à créer davantage de crédit) à partir de rien, la banque centrale vole en effet, littéralement, l’ensemble des citoyens. S’il y a soudainement plus d’argent à dépenser alors qu’il n’y a pas plus de biens à acheter, cela fait en sorte de déprécier l’argent déjà en circulation. On s’en rend compte lorsque les prix augmentent (les bulles ne sont en fait que des augmentations de prix concentrées dans un secteur) et qu’il faut plus d’argent pour acheter la même chose.

Mais les monétaristes et les supply-siders passent complètement sous silence ce problème fondamental et ont développé divers arguments confus et contradictoires pour expliquer leurs penchants inflationnistes. L’une des plus populaires est la peur de la «spirale déflationniste», c’est-à-dire une chute des prix entraînant l’économie dans une dépression, dans le cas où la Fed n’injecterait pas suffisamment de liquidités dans le système financier pour soutenir la demande lors d’un ralentissement. Selon une célèbre étude de Milton Friedman, c’est cela qui serait survenu dans les années 1930, et les partisans du monétarisme poussent toujours la Fed à ne pas répéter la même erreur dès qu’on sent un essoufflement de la croissance économique.

 

Ce courant d’idée ne semble avoir aucune compréhension du fait que c’est la Fed elle-même qui a d’abord créé une surchauffe économique et les bulles financières par une croissance exagérée de la masse monétaire; que les distorsions que cela a entraînées dans l’économie (dans le cas présent, particulièrement dans le secteur immobilier) finissent pas s’accumuler et par devenir intenables; que le surendettement ne peut pas se poursuivre indéfiniment; et que la récession est en fait le processus de liquidation normal qui suit ce boom artificiel. Il est donc absurde de tenter de guérir le malade en utilisant le même élixir supposément magique qui a causé la maladie. Tout ce qu’on réussit à faire avec ce type de politique, c’est de retarder ou de ralentir le processus de liquidation, et de repartir l’économie dans un nouveau cycle inflationniste qui ne peut pas durer, mais avec un niveau d’endettement pire encore. C’est pourquoi on se retrouve aujourd’hui à vivre et à débattre les mêmes choses qu’il y a sept ans.

 

À l’époque, mon article «Let the recession run its course» avait été refusé par le Financial Post (la section financière du National Post). J’y dénonçais des penseurs canadiens – que je connais par ailleurs personnellement et dont j’admire le reste du travail – en faveur du libre marché comme Michael Walker de l’Institut Fraser ou Reuven Brenner de l’Université McGill, qui trahissaient selon moi leurs principes en appelant à des injections massives de liquidités par les banques centrales dans la page d’opinion de ce journal. Lorsque l’Institut Mises a publié l’article sur son site, j’ai reçu un tas de lettres de partout dans le monde me félicitant d’écrire cela, comme si c’était une position extraordinaire. J’étais effectivement une voix presque inaudible dans la clameur des propos in flationnistes. Je ne faisais pourtant que répéter ce que des économistes de l’École autrichienne disant déjà il y a près d’un siècle.

 

Les choses ont cependant beaucoup évolué depuis sept ans. L’audience des idées autrichiennes a connu une énorme expansion. Et les théoriciens monétariste et du supply-side, qui se sont spectaculairement trompés et qui n’ont pas d’explication cohérente de ce qui se passe, battent en retraite. Évidemment, le keynésianisme domine encore et toujours: la Fed et la Banque du Canada ont toutes les deux abaissé leurs taux aujourd’hui, au lendemain d’un repli boursier considérable, et on discute à Washington d’un plan de relance (c’est-à-dire, d’un plan de dépenses et d’endettement) massif. Mais les voix dissidentes, qui dénoncent les politiques inflationnistes, ne sont plus aussi minoritaires. En fait, on les voit apparaître presque partout.

 

Dans le Financial Post, contrairement au début de la décennie, les voix pro-inflationnistes ont été jusqu’à maintenant silencieuses. Mon ami Terence Corcoran, qui édite la page d’opinion et à qui je prédis depuis des années que la présente crise va arriver, a au contraire écrit quelques éditoriaux critiquant les interventions des banques centrales. Alors qu’Allan Greenspan tente de sauver son image pour la postérité en expliquant sur toutes les tribunes de la planète qu’il n’est pas responsable de la crise, les critiques à l’égard du maestro et de ses taux d’intérêt au plancher (que tout le monde applaudissait il y a quatre ans) se multiplient. Et de nombreux commentateurs, sans nécessairement référer à l’École autrichienne ni en faisant preuve de la même cohérence, se montrent sceptiques à l’égard de la Fed d’une manière qui rejoint essentiellement l’analyse autrichienne.

 

Un article publié hier dans Fortune Magazine explique par exemple que le remède appliqué par Bernanke risque d’être pire que la maladie. Il rapporte les propos de l’économiste Allan Meltzer:

But Bernanke is setting the stage for an even bigger recession down the road. Just as the ultra-low rates of the early 2000s created many of the problems we're experiencing today, pumping money into the system would probably stoke inflation, forcing the Fed to hike rates sharply in the near future. "It's better to take a small recession and kill inflation immediately instead of facing high inflation and a really big recession later," says Carnegie Mellon economist Allan Meltzer.

 

Meltzer, who is finishing the second volume of his history of the Federal Reserve, warns that Bernanke is risking a disastrous replay of the 1970s, when high oil prices fueled double-digit inflation. Every time the Fed started to tighten and unemployment jumped, chairmen G. William Miller and Arthur Burns lost their nerve. They lowered rates to boost job growth, and inflation inevitably revived, causing a vicious price spiral. The Fed let the disease rage for so long that it took draconian action by chairman Paul Volcker in the early 1980s to finally defeat inflation. The price was a deep recession, with unemployment hitting 11% in 1982. "The mentality is the same as in the 1970s," says Meltzer. "'As soon as we get rid of the risk of recession, we'll do something about inflation.' But that comes too late."

 

Et quelle ne fut pas ma surprise de trouver ce matin dans Le Devoir (qui reproduit normalement des analyses sans intérêt du Monde lorsqu’il traite de ces questions) la meilleure critique que j’aie lue jusqu’à présent en français des effets pervers des politiques inflationnistes, sous la plume du chroniqueur financier Claude Chiasson.

 

Sous le titre «L’argent ne vaut plus rien», M. Chiasson commence son papier en exposant le problème de fond, que la plupart des autres commentateurs préfèrent tout simplement ignorer: «Au-delà de l'actuel brasse-camarade des subprimes, il faut voir une grande réalité: la planche à billets tourne et tourne depuis fort longtemps. Le seul fait nouveau: elle tourne à un rythme démentiel depuis août dernier (…).» 

 

Il revient à la situation du début de la décennie, lorsque «Pour éviter la récession à tout crin, les autorités monétaires ont poussé les taux d'intérêt à des planchers jamais vu depuis quarante ans. (…) Une véritable mer de liquidités s'est ainsi abattue sur le système bancaire et l'économie. Cette mer de liquidités a poussé les mises en chantiers dans la stratosphère pendant plus de quatre ans. Cette effervescence s'est traduite par une enflure des prix des immeubles qui a abouti à une véritable bulle immobilière et, aujourd'hui, à son éclatement.» Cette analyse semble aujourd’hui une évidence. Mais il y a seulement six mois, juste avant l’éclatement de la bulle au milieu d’août, on pouvait encore lire tous les jours dans les journaux que tout allait bien et qu’il n’y avait aucun problème avec le surendettement et les mauvaises créances dans l’immobilier!

 

 

M. Chiasson termine son article sur cette prédiction tout à fait appropriée : «sachez que cette orgie de liquidités injectées dans le système survient alors que le taux d'inflation s'est élevé à 4,1 % en 2007 aux États-Unis. Conclusion: l'argent ne vaut plus grand-chose. L'or continuera de bouffer les dollars américains et toutes les devises de ce monde.» Ce n’est pas très développé, mais c’est tout à fait juste. Cent fois plus juste que les propos de tous ces pantins sans cervelle des milieux financiers dont on rapporte quotidiennement les profondes «analyses», qui ne comprennent rien aux conséquences de la dépréciation de la monnaie (ou ne veulent pas comprendre parce que les institutions pour lesquelles ils travaillent en profitent) et qui applaudissent naïvement à chaque nouvelle baisse de taux.

 

Il y a de quoi être encouragé lorsqu’on lit de telles analyses dans les médias conventionnels. Et cela se produit alors que Ron Paul poursuit sa grande campagne d’éducation à l’économie autrichienne auprès du public étatsunien. Les politiciens et leurs apparatchiks vont évidemment encore une fois créer un gâchis avec leurs politiques idiotes, dont nous devrons subir les effets pour des années à venir. Mais si les bonnes idées permettant d’analyser correctement la situation continuent de se répandre, et si les gens tirent les bonnes leçons de cette crise, alors nous sommes peut-être sur la voie d’un retour à une politique monétaire plus saine, au moins à moyen terme. On le saura en 2015, en espérant que je n’aurai plus à ressortir mes vieux articles de 2001 et 2007 pour prouver que j’avais raison de prédire une autre crise…!

 

            

Martin Masse

Le Quebecois Libre

 

Martin Masse est né à Joliette en 1965. Il est diplômé de l'Université McGill en science politique et en études est-asiatiques. Il a lancé le cybermagazine libertarien Le Québécois Libre en février 1998. Il a été directeur des publications à l’Institut économique de Montréal de 2000 à 2007. Il a traduit en 2003 le best-seller international de Johan Norberg, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, publié au Québec par l'Institut économique de Montréal avec les Éditions St-Martin et chez Plon en France.

 

 

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