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Une droite qui s’assume en Espagne

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Publié le 07 février 2012
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Fátima Báñez, la ministre de l’emploi et de la sécurité sociale du gouvernement Mariano Rajoy, s’est appuyé sur les derniers chiffres du chômage espagnol (au taux avoisinant 23% en fin d’année), pour justifier sa prochaine réforme du travail. Avec comme intention déclarée de « redonner confiance aux travailleurs et aux chefs d’entreprise, pour qu’ils puissent surmonter la crise ensemble et que le licenciement soit la dernière option ».


Javier Diaz-Gimenez, économiste à l’IESE Business School de Madrid, a présenté plus crument les objectifs de cet assouplissement de la législation du travail : « la première mesure à prendre est de réduire les coûts du travail, qui sont excessifs, en limitant les indemnités de licenciement, et la deuxième est de se débarrasser des contrats temporaires pour établir un seul contrat à durée indéterminée » (plus facile à interrompre).


Parallèlement, le nouveau gouvernement tente de faire face à l’endettement des régions pour le réduire et à l’état sinistré du secteur bancaire pour y remédier. A l’intention des premières, étranglées financièrement, une ligne de crédit de 10 milliards d’euros a été ouverte; en contrepartie, le gouvernement entend contrôler les budgets régionaux : toute aide sera conditionnée à l’adoption et la validation par Madrid d’un plan de réduction du déficit, impliquant la poursuite des réductions budgétaires qui affectent déjà les secteurs de la santé et de l’éducation. Madrid procède vis à vis des régions comme il est tenté de le faire au sein de la zone euro.


Les banques sont pour leur part placées devant l’obligation de constituer rapidement un matelas de provisions et de réserves de 50 milliards d’euros, en raison de la détention de quelques 176 milliards d’euros d’actifs estimés douteux (crédits dont le remboursement est menacé, immeubles et terrains saisis après défaut), sur un total de 320 milliards de crédits immobiliers inscrits à leurs bilans.


La réforme de Luis de Guindos, le ministre de l’économie, prévoit d’augmenter les provisions pour perte jusqu’à 80% de la valeur des terrains, 65% pour les activités de promotion en cours et 35% pour les logements non vendus. Les établissements qui ne parviendront pas à financer ces dépréciations – alors que l’EBA, le régulateur bancaire européen, réclame parallèlement l’augmentation de leurs fonds propres – pourront bénéficier de l’aide du FROB (Fondo de Reestructuración Ordenada Bancaria), dont le capital sera augmenté de 9 à 15 milliards d’euros par l’État pour si besoin acheter des obligations convertibles émises par ceux-ci.


L’objectif recherché est que les banques puissent ensuite vendre ces actifs à bas prix, une fois les pertes constatées. Un an est accordé afin de réaliser ce processus, pouvant devenir deux ans pour les établissements engagés dans des fusions (ce qui risque d’être en règle générale le cas). Officiellement, afin de vendre le stock de logements à bas prix aux particuliers, et dans la pratique de réaliser de juteuses bonnes affaires financières pour les acheteurs des actifs dont les banques vont se délester. Celles-ci doivent déjà mettre en place les circuits et les instruments financiers avec pour but d’en être parmi les bénéficiaires…


Deuxième volet du plan, les banques sont incitées à poursuivre et accélérer le processus de concentration dans le secteur. Les grandes banques vont pouvoir faire leur marché en s’appuyant sur des montages financiers accommodants, les petits établissements laissés à la dérive et vulnérables. Plus question, comme elles s’y opposaient, de créer une bad bank à laquelle tout le monde aurait eu accès. Oubliée, la problématique des too big to fail.


Cette tentative d’assainissement va donc être l’occasion de bonnes affaires ; elle intervient après une longue période pendant laquelle la situation sinistrée des banques espagnoles avait été niée. Devant la contraction du crédit qui en résultait, à laquelle le gouvernement voudrait à terme remédier, il tente de soulager le secteur par un plan dont la transparence ne va pas être la première des qualités, en passe d’établir les règles floues d’un grand jeu de construction. Celui-ci est présenté comme allant contribuer à rendre le secteur « plus sain et mieux dimensionné », afin de mieux supporter la poursuite de l’éclatement de la bulle immobilière. Mais les provisions annoncées ne vaudront pas nécessairement solde de tout compte, et la relance de l’économie par le crédit, présentée comme l’aboutissement du plan, va se résumer à la contemplation bien pensante d’une image pieuse. C’est toujours une consolation.


Comme en Grèce et au Portugal, la grande inconnue est la capacité de la société espagnole à encaisser les mesures d’austérité qui s’accumulent et n’ont pas de fin. Les cris muets des indignés de la Puerta del Sol n’ont malgré les apparences pas fini de résonner.


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Amusant de voir comment la proximité de la faillite permet de faire comprendre les règles de base de l’économie, et notamment celle-ci : libérez les prix.

Vous voulez faire baisser le chomage ? Laissez l’offre et la demande de travail en fixer le prix. Vous voulez régler le problème de l’immobilier ? Mettez le tout en vente au prix auquel vous trouverez des acheteurs.

Il y a toujours une demande à un prix inférieur.

Bien évidemment, les conséquences, que ce soit sociales ou dans les bilans des banques, sont (extremement) désagréables à court terme. Mais au moins la question est soldée et la société peut repartir en avant.

En ne faisant rien et en tentant d’éviter le problème à plus tard à grands coups de création monétaire ou de dette, on ne fait que reporter et augmenter le problème, priver d’avenir des générations et subir, dans le futur, des crises 100 fois plus importantes que celles qu’on aurait eu si on avait eu le courage de prendre les mesures nécessaires. Demandez aux japonais.
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Amusant de voir comment la proximité de la faillite permet de faire comprendre les règles de base de l’économie, et notamment celle-ci : libérez les prix. Vous voulez faire baisser le chomage ? Laissez l’offre et la demande de travail en fixer le prix.  Lire la suite
ELS - 07/02/2012 à 07:15 GMT
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