Il est assez commun pour les
commentateurs et économistes de faire continuellement référence à ce qu’ils
appellent l’« économie » - dont les performances sont parfois
satisfaisantes, parfois moins. Cette « économie » est souvent présentée
comme une entité vivante, séparée des individus.
Des experts rapportent parfois
que l’économie a enregistré une croissance de tel ou tel pourcentage, ou que
la hausse du déficit commercial menace l’économie. Mais que veulent-ils dire
par « économie » ? Une telle entité existe-t-elle vraiment ?
Qu’est-ce que l’économie ?
Le terme « économie »
s’inscrit dans un ensemble, un environnement économique, contrôlé. Dans un
environnement libéré de l’interférence du gouvernement, l’économie en tant
que telle n’existe pas.
Il est important de comprendre
que l’économie n’a jamais de vie propre, indépendante des individus.
Bien que dans un environnement
libre, l’économie ne soit qu’une métaphore et n’existe pas en tant que telle,
dans un environnement contrôlé, le gouvernement donne vie à une créature
baptisée « économie » au travers de ses références statistiques à
une telle entité.
L’économie n’est qu’une excuse
pour l’intervention du gouvernement
En regroupant ensemble les
valeurs de biens et services, les statisticiens du gouvernement concrétisent
la fiction d’une « économie » au travers des statistiques du PIB.
En observant l’économie comme
quelque chose qui existe dans le monde réel, les économistes conventionnels
en arrivent à la conclusion étrange selon laquelle ce qui est bon pour les
individus n’est peut-être pas désirable pour l’économie, et vice versa. Parce
que l’économie ne peut avoir de vie propre sans les individus, il est évident
que ce qui est bon pour les individus ne peut pas être mauvais pour l’économie.
Dans ce contexte, l’économie se
voit accorder une importance primordiale, alors que les individus sont à
peine mentionnés. C’est à croire que l’économie elle-même est responsable de
la création des biens et services. Une fois que quelque chose est produit par
l’économie, ce qui est ensuite requis est une distribution juste entre les individus.
En réalité, les biens et
services ne sont pas produits et supervisés par un chef suprême. Chaque
individu se préoccupe de sa propre production de biens et services.
Du point de vue de la théorie
conventionnelle, l’économie doit suivre la voie prédéterminée par les
planificateurs du gouvernement. Ainsi, à chaque fois que le taux de
croissance passe en-dessous du taux désiré, le gouvernement se trouve obligé
de stimuler l’économie.
Afin de valider le succès ou l’échec
de l’interférence du gouvernement, divers indicateurs statistiques ont été
établis auxquels réagissent les gouvernements et banques centrales au travers
de politiques fiscales et monétaires.
Par exemple, un PIB élevé est
interprété comme un succès, alors qu’un PIB faible est perçu comme un échec.
Périodiquement, en revanche, les fonctionnaires du gouvernement nous mettent
en garde contre une surchauffe de l’économie (elle croît trop rapidement), ou
un affaiblissement.
A chaque fois que l’économie
enregistre une croissance trop rapide, les fonctionnaires du gouvernement
déclarent qu’il est le rôle du gouvernement et de la banque centrale d’intervenir
pour empêcher une inflation de se développer. Quand l’économie s’affaiblit,
les mêmes personnes nous disent qu’il est le devoir du gouvernement et de la
banque centrale de maintenir l’emploi.
Avons-nous besoin de
statistiques macroéconomiques ?
Dans un environnement libre, il
n’est pas utile de mesurer et de publier les indicateurs macroéconomiques. Ce
genre d’information n’a que très peu d’importance pour les entrepreneurs.
Le seul indicateur auquel les entrepreneurs
doivent prêter attention est leur niveau de profits. Plus leurs profits sont
élevés, plus leur activité répond aux désirs des consommateurs.
Être attentifs aux désirs des
consommateurs signifie que les entrepreneurs doivent organiser la structure
de production à ces fins. Dans le cadre d’une telle initiative, les
indicateurs macroéconomiques ne leur sont d’aucune assistance.
Ce dont un entrepreneur a besoin
n’est pas de macro-informations, mais d’informations spécifiques quant à la
demande pour un produit particulier.
L’entrepreneur lui-même doit collecter
des informations relatives à une entreprise particulière. Seul un
entrepreneur peut déterminer quel type d’information lui est nécessaire pour
réussir. Personne ne peut remplacer un entrepreneur.
Si l’évaluation de la demande
des consommateurs faite par un homme d’affaires s’avère correcte, alors il
enregistre des profits. Une évaluation incorrecte débouche sur des pertes.
La structure de profits et de
pertes pénalise, pour ainsi dire, les entreprises qui ont mal apprécié les
priorités des consommateurs, et récompense ceux qui en ont fait un examen
correct.
La structure de profits et de
pertes s’assure à ce que les ressources soient retirées d’entre les mains des
entrepreneurs qui ne prêtent pas oreille aux priorités des consommateurs.
L’environnement contrôlé et les
données macroéconomiques
Bien que, dans un environnement
libre, un entrepreneur n’ait que peu de raisons de s’intéresser aux données
macroéconomiques telles que le PIB, la balance des paiements ou l’indice des
prix à la consommation, ce n’est pas le cas dans un environnement contrôlé.
Un homme d’affaires ne peut pas
se permettre d’ignorer les transformations macroéconomiques, parce que les
fonctionnaires des gouvernements et des banques centrales réagissent à l’évolution
de ces indicateurs.
Par exemple, si la banque
centrale resserre ses politiques monétaires en réponse à un renforcement du
PIB, un entrepreneur doit le prendre en considération afin de continuer d’enregistrer
des profits.
Dans un environnement contrôlé,
les hommes d’affaires tentent d’interpréter divers indicateurs économiques
afin de déterminer comment y réagiront les autorités, et comment leur réponse
affectera l’environnement commercial au cours des mois à venir.
Comme nous pouvons le voir, les
hommes d’affaires, plutôt que de chercher à satisfaire les demandes des
consommateurs, se trouvent forcés d’allouer une partie de leurs ressources à
la détermination de la réponse des autorités aux divers indicateurs
économiques. Ce qui, évidemment, sape la création de capital réel.
Notez également que le
gouvernement, afin d’établir des indicateurs économiques, collecte des
données auprès d’entreprises qui allouent des ressources à l’apport de telles
informations au gouvernement.
L’établissement d’indicateurs
économiques variés génère des opportunités d’emploi pour les économistes et
les experts d’autres domaines tels que les mathématiques et les statistiques.
Ces experts sont employés non seulement pour compiler des données économiques
variées, mais aussi pour interpréter ces données et guider les entreprises.
Ces activités ne seraient certainement pas nécessaires dans un environnement
de marché libre.
Dans un environnement libre,
quelle serait l’importance du taux de croissance du PIB pour un entrepreneur ?
Comment le fait de savoir que le PIB a gonflé de 4% pourrait l’aider à
enregistrer des profits ?
Quelle pourrait être l’importance
de données qui montrent que la balance nationale des paiements est passée
dans le rouge ? Comme nous avons pu le voir, ce genre d’information
devient très important dans un environnement contrôlé.
Afin de réussir dans un
environnement contrôlé, les entrepreneurs ont tendance à répondre aux
conditions qui prévalent, et qui sont influencées par les politiques des
gouvernements et des banques centrales. Et en règle générale, quand la
situation tourne mal, les entreprises sont blâmées pour les mauvais
résultats.
Par exemple, les prêteurs des marchés
fonciers ont été blâmés pour la crise financière de 2008. Les politiques des
banques centrales n’ont quant à elles jamais été sérieusement critiquées.
L’accélération des activités de
prêt et autres combines financières devraient être perçues comme les
tentatives des entreprises de parvenir au succès dans un environnement
influencé par les politiques monétaires laxistes de la banque centrale. Les
entreprises ne sont pas responsables de ces conditions, elles ne font que
répondre aux conditions générées par des politiques monétaires laxistes.