Le printemps s’installe enfin
dans tout son charme habituel, et Hillary prend ses aises telle la matriarche
des crapauds, ayant avalé tout cru le pauvre Sanders roi des souris, le
chemin désormais tout tracé vers son trône champignon. Elle oublie parfois
que des millions d’autres souris se cachent dans les fourrés, et que d’autres
prétendants au trône du roi des souris pourraient faire surface. Trump, avec
son sourire de grenouille-taureau, suit de son regard pernicieux les deux
moucherons qui virevoltent encore au-dessus de son nénuphar. En cette semaine
magique, alors que le monde explose en des milliers de feuilles et de fleurs,
la vie aux Etats-Unis ressemble à un conte de fées.
D’ici quelques semaines, nous
nous serons habitués aux températures de saison et à un monde verdoyant, nous
sortirons sans manteaux, laissant derrière nous nos soucis. C’est alors que
frappera la tempête estivale, et que la vie, au sein de notre nation, passera
de conte de fées à film d’horreur. Clinton et Trump sont tous deux de
parfaits représentants des forces naissantes qui poussent peu à peu nos
Etats-Unis de bande-dessinée vers une sorte de guerre civile.
Clinton représente parfaitement
la forteresse du statu quo, avec notamment sa garde prétorienne de
grands-mères noires du ghetto qui lui donne un faux semblant de vertu alors
même qu’elle n’a rien à offrir à la grande crise des Hommes noirs, jetés en
prison en raison des règles rustres et écrasantes des politiques d’aides
sociales fédérales, et souffrant des extrêmes pénalités en matière de
paternité active. Le mur de briques de sa forteresse du statu quo dissimule
son conseil privé de nécromanciens de Wall Street, et la fortune qu’ils l’ont
aidé à accumuler dans les coffres de la Fondation Clinton.
En clair, Hillary représente les
forces qui cherchent à maintenir les choses comme elles sont. A préserver le
racket rampant. Ce qui pourra écraser le triomphe de sa fausseté ne sera que
la manifestation de l’effondrement de ces rackets sous leur propre poids –
une série de probabilités désastreuses qui n’attendent que de voir le jour,
allant d’émeutes lors de la convention démocrate à Philadelphie jusqu’à un accident
sur les marchés financiers, manipulés et mal évalués afin d’acheminer les
gains des carry-trade vers East Hampton. Regardez-la se vanter du triomphe de
l’Affordable Care Act, comme s’il était une bonne chose pour les Américains
de dépenser 10.000 dollars par an pour une couverture médicale qui ne prend
effet qu’après qu’ils aient versé 6.000 dollars de frais initiaux. (Oublions un
instant que ces coûts sont une hallucination d’un système pensé pour
permettre aux grands maîtres des suites exécutives des hôpitaux de toucher
des salaires à six chiffres hors bonus) – Cette femme est une fraude.
Par pure comparaison de
personnages, Trump ne vaut pas beaucoup mieux. Il n’est rien de plus qu’un
bouchon de radiateur ambulant sur le tacot rouillé que sont devenus les
Etats-Unis. Mais il reconnaît au moins que ce tacot ait grand besoin d’une
remise en forme complète, même s’il est à peine capable d’établir une liste
cohérente des points à réformer, ou encore de nommer une seule solution susceptible
de réparer la fichue machine. Et, bien évidemment, la flopée d’Américains
dont la vie a aussi fini par ressembler à une vieille voiture toute
déglinguée est très ouverte aux pulsions qui émanent de Trump.
Je suis par exemple d’accord
avec l’idée que nous devions faire quelque chose en matière d’immigration, à
la fois concernant l’immigration clandestine et les quotas de nouveaux
arrivants légalement admis. La gauche, noyée sous les histoires larmoyantes
de « rêveurs » et sa nostalgie pour la romance d’Ellis Island de
1904, a du mal à trouver une seule raison pour laquelle notre pays pourrait
bénéficier d’un temps-mort sur les invitations. L’idée va à l’encontre de ses
fantaisies de sauver le monde. Dans mon petit coin des Etats-Unis, l’usine de
puces électroniques de Global Foundries (qui appartient à l’Emirat de Dubaï)
vient de licencier une majorité de sa force de travail américaine pour la
remplacer par des techniciens étrangers aux visas H1B… et de créer tout
autant de nouveaux électeurs pour Trump – qui pourrait les blâmer ?
Qui a dit que nous devions
inviter n’importe quel individu venu d’une région du monde où la vie est plus
difficile ? Laissons-les améliorer le niveau de vie dans leur propre
pays. Les citoyens qui sont déjà ici n’ont-ils pas le droit de demander une
halte de l’immigration et de profiter ne serait-ce qu’un temps des circonstances
de leur nation ? Si seulement Trump pouvait s’exprimer clairement sur la
question plutôt que d’émettre des menaces crues et tout aussi bêtes.
Profitez de cette fin du mois
d’avril. Envisagez peut-être une sortie des marchés financiers alors que l’horizon
est encore dégagé. La situation devrait se trouver quelque peu épicée par le
réchauffement de l’atmosphère, qui verra bientôt des locustes émerger de leur
long sommeil et sortir de terre dans des tempêtes terrifiantes.