La
guerre de dévaluation de devises continue, alors que dans le même
temps, des festivals et célébrations enflammaient les rues de
Caracas vendredi dernier, juste après le rapatriement vers le
Venezuela de ses réserves d’or.
Selon un
rapport publié par Reuters, une première livraison de barres
d’or aurait atteint le Venezuela vendredi dernier, d’où
les vagues de célébrations ayant pris place dans les rues de la
capitale.
La
foule excitée se tenait sur les trottoirs, un drapeau de leur pays
à la main, et chantait ‘L’or est de retour ! Il est
de retour !’ alors qu’un convoi de soldats et de
véhicules blindés transportaient l’or depuis
l’aéroport de Maiquetia pour
l’acheminer jusqu’à la banque centrale de Caracas.
Le
président de la banque centrale, Nelson Merentes,
se trouvait en tête du convoi. Il n’a pas fait mention de
l’exacte quantité d’or ayant été rapatriée
vers son pays vendredi dernier, mais a tout de même
précisé que ces barres d’or provenaient de divers pays
d’Europe.
‘Notre
or est à nouveau dans nos coffres’, annonçait Merentes à la foule, une casquette portant l’inscription
‘La banque centrale du Venezuela avec ses citoyens’ sur la
tête.
‘L’or
a une valeur historique, une valeur symbolique, et une valeur
financière’, déclarait-il peu de temps après
l’arrivée de la première cargaison d’or dans son
pays.
‘Chaque
caisse d’or pèse 500 kilos et a une valeur d’environ 30
millions de dollars. Le reste de nos réserves d’or sera
acheminé vers le Venezuela petit à petit’.
Merentes, soutenant la décision du président du Venezuela quant
au rapatriement de l’ensemble des réserves d’or de son
pays, déclarait, selon ce que rapporte UPI, que ‘le système
financier du Venezuela sera soutenu par une richesse autonome et ne pourra
être sujet à quelque pression que ce soit’.
‘Cette
opération de rapatriement garantit la sécurité de notre
or en cas de désordre financier global’, poursuivait-il.
Roulements
de tambours et sirènes résonnaient de part et d’autre du
centre-ville, alors que la foule acclamait son président en chantant
‘En avant Commandant !’. Certains brandissaient des pancartes
sur lesquelles étaient inscrits les mots ‘Notre or est de retour
par la grâce de Chavez !’, ou encore ‘Longue vie
à notre président’.
Chavez
s’adressait la semaine dernière à la nation, aux
côtés de son Conseil des Ministres et du Cabinet des
représentants de la Banque Centrale du Venezuela dont Nelson Merentes, lors d’une réunion retransmise une
chaine de télévision locale.
S’adressant
à son peuple depuis son palais présidentiel de Miraflores, le président Chavez déclarait
que le rapatriement de l’or avait permis à son pays de retrouver
son ‘corps et son âme’, ainsi qu’une forme d’indépendance
face à ce qu’il décrivait comme étant des pouvoirs
impérialistes. Brandissant une copie de la constitution, il expliquait
la manière dont la Banque Centrale prendrait en charge ce
rapatriement.
Chavez
déclarait également que la banque centrale de son pays serait
désormais indépendante des forces internationales et uniquement
sujette à respecter sa propre constitution.
Il
avait préalablement lancé un ordre de rapatriement de l’or
de son pays en août dernier dans le cadre d’un plan
d’action ‘souverain’ qui permettrait aux réserves
étrangères du Venezuela d’être
protégées contre les tourmentes s’abattant sur les
Etats-Unis et l’Europe. La plus grande partie des réserves
d’or du Venezuela stockées à l’étranger est
située à Londres.
‘Ils
disent de moi que je suis sur le point de faire mainmise sur cet or et de
l’offrir à Cuba en tant que cadeau’, déclarait
vendredi dernier le président du Venezuela, se moquant ouvertement de
ses rivaux politiques qui l’accusent de planifier la vente des lingots
de son pays pour augmenter son électorat avant les élections de
l’an prochain.
‘Notre
or s’en retourne vers l’endroit auquel il aurait toujours
dû se trouver : les coffres de la banque centrale du
Venezuela’.
‘Ceci
est notre or. Elle est la réserve économique sur laquelle
s’appuieront nos enfants. Nos réserves de devises et d’or
ne cessent de s’agrandir. Le Venezuela est sur le point de devoir une
puissance économique, non pas en faveur des bourgeois ou les
capitalistes, mais du peuple du Venezuela’.
Un
rapport publié par la banque centrale en août dernier indiquait
que l’or du Venezuela était détenu à
l’étranger par la banque d’Angleterre, JPMorgan
Chase, Barclays Plc, Standard Chartered Plc et bien
d’autres.
En
août dernier, le président Chavez déclarait qu’il
tenterait de déposer une partie de ses 6,3 milliards de dollars de
réserves de devises auprès d’institutions
financières émergeantes en Russie, en Chine et au
Brésil.
Parmi
la foule s’étant réunie sur le parvis de la banque
centrale, Jose Escalona, professeur
d’université de 62 ans, avait fait part de son parfait accord
avec cette décisiosn.
‘Il
n’y a aucune raison que notre or soit stocké en Angleterre, il
appartient au peuple du Venezuela’, avait-il dit à un
journaliste de Reuters.
Une
source gouvernementale impliquée dans le transport des barres d’or
rapatriées vendredi dernier avait annoncé à un
journaliste de Reuters que l’ensemble des réserves d’or du
Venezuela seraient rapatriées d’ici la fin de l’année.
Le
coût total d’une telle opération
s’élèverait selon cette source à plus de 9
millions de dollars. Aucun détail supplémentaire n’a
été mentionné.
Chavez
accuse souvent les présidents l’ayant
précédé d’avoir vendu les biens nationaux du
peuple du Venezuela et d’avoir placé la majorité de ses
réserves d’or auprès de banques occidentales tout au long
des années 1980.
Chavez
se trouvait récemment inquiet quant à
d’éventuelles sanctions qui pourraient entraîner le gel
des réserves de devises de son pays détenues à l’étranger.
En
rapatriant les barres d’or de son pays, il réduit
également le risque d’une saisie des biens du Venezuela
liés à des cas d’arbitrage, comme par exemple ceux
étant liés à la nationalisation de projets
pétroliers de plusieurs milliards de dollars dirigés par des
multinationales Américaines.
Des
analyses critiques ont suggéré que le président Chavez puisse
agir par peur que les biens du Venezuela se retrouvent un jour bloqués
à l’étranger suite à des sanctions, comme
c’est arrivé à son ancien ami et allié Muhammad
Kadhafi.
Chavez,
la banque centrale du Venezuela et une partie importante des citoyens du pays
comprennent la valeur de l’or.
C’est
là un contraste très important avec l’idée
qu’en ont les habitants des pays occidentaux, ayant tout oublié
de l’Histoire de l’or et de sa valeur, tant financière que
symbolique.
A une
époque où les risques financier et systémique ne cessent
de se développer, l’or est à nouveau aperçu comme
étant une monnaie, et retrouve peu à peu son rôle en tant
que couverture monétaire.
Mark
O’Byrne
Goldcore
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