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Voilà
du développement durable comme je l'aime. Capitaliste, guidé
par l'espoir de s'enrichir, fondé sur des avancées
scientifiques, et susceptible de résoudre de vrais problèmes
qui se posent à nous.
Quelques
avancées majeures sont en cours dans le domaine des carburants
non-fossiles. Espérons seulement que les subventions dont elles
bénéficient ne conduiront pas leurs promoteurs à mettre
trop tôt sur le marché des produits immatures, ou ne tueront pas
des concurrents moins doués pour la recherche de subventions. J'ai
déjà évoqué la
façon dont ces subventions retardent, en fait, le
progrès technologique qu'elles sont supposées favoriser. Mais
laissons pour une fois de côté l'argumentaire
anti-étatiste, et voyons quelles heureuses surprises le génie
humain nous réserve, surprises totalement imprévisibles il y a
25 ans, quand l'hystérie climatico-énergétique a
commencé.
Plusieurs entreprises, dans le monde, travaillent sur la prochaine
génération de "bio" carburants, encore que le terme
"bio" soit peut être impropre.
L'une
d'elle est française. Séché Environnement, une des
premières entreprises généralistes du secteur vert en
France, a ouvert ces dernières semaines une
unité expérimentale au Vigean, dans la
Vienne (voir
dossier PDF). D'une part, une centrale brûle des
déchets pour produire l'électricité nécessaire
pour 11 000 personnes. D'autre part, toutes les émissions de cette
usine, et notamment la chaleur et le CO2, sont récupérées
pour « exciter » des bouillons d'algues appelées
Chlorellas, qui peuvent produire par « digestion » du
Diester de qualité tout à fait adaptée aux moteurs
diesel.
L'intérêt du procédé est qu'il permet des
rendements bien plus élevés que les biocarburants de
première génération, et que surtout il n'oblige pas
à sacrifier des hectares de cultures vivrières pour nourrir nos
réservoirs, ce qui est la pire des absurdités. Actuellement, le
procédé est expérimental. Séché
espère à terme des rendements de 20 000 litres d'éthanol
par hectares de cultures d'algues, soit 2 litres au m2.
Toutefois,
ces rendements pourraient être enfoncés. Un concurrent
américain, Joule Biotech,
fondée par des chercheurs uiversitaires (MIT, Harvard...) a eu les
honneurs du Wall Street Journal ces derniers jours. Cette
start up affirme que grâce à des algues génétiquement
modifiées, elle peut envisager des rendements de 20 000 gallons/acre,
soit 18 litres par m2/an. Le carburant ainsi produit reviendrait à ce
jour 50$ / baril, subventions incluses, hélas. Mais le
procédé n'en est qu'au début, des progrès
importants sont tout à fait escomptables. Je suppose qu'il y a
une part d'intox dans ces chiffres, chasse aux subventions oblige. Mais tout
de même, la filière de production de carburant par des
micro-organismes paraît incroyablement prometteuse.
Les
rendements annoncés permettraient (calcul personnel) de satisfaire
à toute la demande française annuelle en diesel
automobile avec seulement 2000 km2 de surface, soit moins de 0,5% de notre
superficie totale. Et naturellement, le monde ne manque pas de surfaces
désertiques inexploitées pour y implanter de telles
unités sans rogner sur les surfaces agricoles.
Bien
que des algues, dont on sait peu de choses, interviennent dans la fabrication
du produit, Joule Biotech récuse le terme de bio-carburant: le
produit ne nécessite aucune biomasse pour être fabriqué,
juste le CO2 atmosphérique, des algues, -- Et je suppose un peu d'eau, sinon, d'où
viennent les atomes d'hydrogène entrant dans la compositions de ces
hydro-carbures ? -- ce qui fait dire au PDG de Joule que
son carburant est un pur produit de synthèse issu de l'énergie
du soleil, d'où le nom de « SolarFuel » qui lui
est donné.
Bref, toutes
les pleureuses qui nous pronostiquent la fin du
pétrole, et appellent à la décroissance, risquent
d'en être pour leurs frais. Et l'auto-mobilité
a encore de beaux jours devant elle.
J'espère
seulement qu'une bulle n'est pas en train de se former sur ce secteur, mais à
en juger par le nombre d'entreprises qui s'y investissent,
subventions à l'appui, cela semble être le cas. Il y aura donc
forcément des faillites, des consolidations... Espérons que
l'intervention publique ne conduira pas à tuer les meilleurs et
à récompenser les procédés les plus moyens. Mais
tant qu'à donner un os à ronger aux étatistes, celui de
la recherche dans les nouvelles technologies me paraît de loin le moins
nuisible à la société : faisons avec.
Et
notons une fois encore que c'est l'appât du gain, tellement
vilipendé chez nous, qui permet à de tels progrès de
passer du stade de l'idée à la production, et donc
d'améliorer notre quotidien matériel (pour le spirituel, chacun
sa croix). Tout cela n'est possible que grâce aux fondements
capitalistes libéraux de nos sociétés, bien que ces
fondations soient là encore attaquées et altérées
par l'intervention croissante des états dans ces processus vertueux.
J'ignore
si Séché ou Joule sont les mieux placés dans la course
au nouvel or vert, ou si des concurrents plus performants rafleront la mise,
mais une chose est certaine: le génie humain, si on le laisse
s'exercer dans un cadre de liberté, de responsabilité, et
de juste récompense du succès, nous sortira une fois de plus de
la crise actuelle, grâce à se capacité à
réinventer perpétuellement notre quotidien. Il fournira en
temps utiles a l'humanité une telle gamme de solutions à ses
problèmes du moment que ceux qui nous prédisent la fin du monde
aujourd'hui seront l'objet de la risée des générations
futures.
Vincent Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent
Bénard, bientôt la quarantaine, a une formation
d'ingénieur et est un ancien militant syndical de Force
Ouvrière, passé graduellement au libéralisme entre 94 et
2000, ayant fini par déduire de ses multiples expériences
personnelles et professionnelles que l'intervention de l'état ne
résolvait que rarement les problèmes de société
qu'elles prétendait combattre, mais qu'elle était au contraire
en grande partie le problème.
Vincent Bénard est Président de l'institut Hayek
(Bruxelles) et Senior Fellow de Turgot
(Paris), deux thinks tanks francophones dédiés à la
diffusion de la pensée libérale, et sympathisant des deux seuls
partis libéraux français, le PLD et AL.
Publications
:
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen",
2003, La doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec l’aimable autorisation de
Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent
Bénard.
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