Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
L’austérité, la baisse des dépenses de l’État, ne plus augmenter les zimpôts ou en tout cas juste ce qui sera nécessaire selon les derniers dires de notre grand mamamouchi présidentiel, voilà ce qui nous avait été annoncé pas plus tard que lors de l’intervention télévisée du 14 juillet dernier. C’était il y a moins de quinze jours.
Finalement, nous apprenons aujourd’hui que notre cher État va continuer à faire la seule chose qu’il sache faire, à savoir dépenser un peu plus et taxer beaucoup plus pour financer tout cela. Tout va donc très bien, après tout, comme on n’ose plus vous le répéter désormais, l’important c’est la trajectoire, une trajectoire qui file en droite ligne vers la faillite de notre État. Une faillite de l’État que de plus en plus d’observateurs jugent désormais comme nécessaire et presque « salvatrice » tant notre fonctionnement collectif est devenu complètement sclérosé.
Donc nous nous acheminons vers une augmentation des salaires des fonctionnaires et vers une augmentation de la CSG pour continuer à financer nos retraites…
Augmenter les fonctionnaires, c’est diminuer les zautres !
Loin de moi l’idée qui consiste à expliquer qu’un fonctionnaire ne mérite pas d’être augmenté. Ils méritent certainement tous (ou presque) d’être augmentés (et quelques tire-au-flanc d’être virés). Le seul petit problème c’est que lorsque l’on augmente les fonctionnaires c’est en diminuant le salaire des « zautres » en leur augmentant leurs zimpôts et autres prélèvements, et de cela il faut être conscient à chaque décision de ce type, surtout actuellement.
Alors notre cher François Normal 1er peut toujours essayer de « remonter le moral » des troupes. Il se condamne lui-même à l’échec en adoptant une politique démagogique et, disons-le clairement, clientéliste. On arrose les gens plutôt de gôche (il y a quand même des fonctionnaires de drôate) et l’on taxe les vilaines classes moyennes du privé plutôt de drôate (ce qui n’empêche pas qu’il y ait de gentils bobos bien-pensant de gôche heureux de se faire « tarter » toutes les semaines un peu plus).
Cela pourrait sembler un point de vue un peu rude, pourtant il ne faut jamais, jamais oublier avant de signer un chèque à une catégorie de savoir quelle catégorie financera les largesses octroyées à une autre. C’est une réalité économique. C’est du simple bon sens.
Dans un cadre de croissance économique forte, cela ne serait pas aussi visible et le coût certainement supportable. Hélas, nous n’avons pas de croissance économique forte.
Notre gouverne-ment nous expliquera évidemment que c’est juste puisqu’il s’agit d’une petite augmentation pour les petits salaires de fonctionnaires. C’est vrai. Il s’agit bien d’une petite augmentation pour les petits salaires. Pour la « justice » d’une telle mesure, les choses sont nettement moins nettes. Encore une fois, cela semblera sans nul doute juste à ceux qui en profiteront et nettement plus injuste à ceux qui devront le financer. Enfin, c’est vrai que l’on s’en fiche, puisqu’il s’agit des « zautres ».
Le salaire de la moitié des fonctionnaires revalorisé en 2014 :
Un article du site Boursorama nous apprend donc que « comme promis au début de l’année lors des discussions salariales, les agents de la catégorie C vont bénéficier d’un coup de pouce de l’État au 1er janvier 2014. Mardi, lors d’une réunion avec les syndicats, la ministre de la Fonction publique Maylise Lebranchu a confirmé qu’elle préparait «un geste salarial en faveur des bas salaires», comme le rapporte Les Échos. Un «geste» qui interviendra en dehors des promotions automatiques et concernera 2,4 millions de fonctionnaires (47 %) ».
«L’État qui emploie environ 500 00 agents de cette catégorie devra débourser un peu moins de 200 millions d’euros. Pour les collectivités locales qui en font travailler 1,4 million, la note sera donc près de trois fois plus élevée. »
Il est à noter que cette hausse sera de l’ordre de 200 à 300 euros bruts par an pour ces agents. Prenons 250 €, soit la moitié de la fourchette indiquée. 250 € brut auxquels nous allons retrancher 20 % nous donne à peu près 200 € net soit 16 euros de plus par mois… Pas de quoi enrichir de façon éhontée nos zamis les fonctionnaires mais de quoi diminuer ceux qui le financeront. Voilà qui ne remontera donc pas vraiment le moral des uns et qui baissera considérablement le moral des « zautres » sans compter que les collectivités locales devront bien trouver l’argent dans les poches des contribuables locaux à moins qu’elles aillent encore faire de bonnes affaires en s’endettant à taux variables auprès de banques d’affaires américaines qui indexeront le taux de crédit sur un swap en devise sino-zimbabwéenne…
L’option CSG resurgit pour financer les retraites sans alourdir le coût du travail
C’est un article des Échos qui se fait l’écho du dernier ballon d’essai gouvernemental estival en termes d’augmentation de la fiscalité… Mais rassurez-vous, comme l’a dit vot’Président, ce sera une augmentation calculée au plus juste. Juste ce qui sera nécessaire (en attendant la prochaine) et elle sera forcément juste puisque la gôche ne peut-être que bonne, belle et juste.
« Le compte à rebours est déclenché pour la réforme des retraites, les arbitrages devant être rendus d’ici à un mois. Plusieurs sujets brûlants restent à trancher, en particulier en matière de financement, sachant qu’il faut trouver 7 milliards à l’horizon 2020 pour le seul régime des salariés du privé. Les retraités seront mis à contribution d’une manière ou d’une autre (hausse de la CSG, fiscalisation de la bonification de 10 % pour les parents de trois enfants, gel des pensions, etc.), mais cela ne suffira pas, loin de là, et un autre dossier sensible suscite dès lors des débats : comment mettre à contribution les actifs et les entreprises, sans augmenter le coût du travail. « C’est l’objectif actuellement recherché », glisse un conseiller. »
« D’où une autre option, qui a de plus en plus de défenseurs aujourd’hui : renoncer à la hausse des cotisations et passer par des hausses d’impôt concernant à la fois les ménages et les entreprises. Pour les ménages, l’augmentation de la CSG est clairement envisagée, car jugée la plus logique en la matière, voire celle de la CRDS (contribution pour le remboursement de la dette sociale). FO et la CGT préfèrent les cotisations retraite, mais la CFDT n’est pas fermée à une hausse de CSG, qui aurait l’avantage de toucher aussi les revenus du patrimoine. »
Mais… conclut cet article, « rien n’est tranché, martèle-t-on à Matignon ».
L’éternel débat reprend donc. Assiette large taux bas contre assiette étroite et taux élevé. TVA dite « sociale » contre augmentation de la CSG qui touche plus les riches alors que la TVA touche aussi la consommation des pauvres c’est d’un électorat plutôt de gôche. Pourtant augmenter la TVA sur des produits importés et pas de première nécessité me semblerait justement l’idée la plus juste et économiquement la plus efficace.
On peut se passer du dernier aïe-Pad ou du dernier aïe-Phone. Pas des produits alimentaires qui sont produits majoritairement localement. La TVA peut être à géométrie variable et rien n’empêche de surtaxer les voitures de luxe dont le prix de vente excède par exemple 50 000 euros (ce n’est pas de ma faute si elles sont allemandes…).
Mais non, vraisemblablement, nos zélites de gauche et également de droite continueront sur leur belle lancée. Rien ne les arrête. Rien n’arrive à stopper cette folle dérive où les dépenses n’arrivent jamais à baisser (il s’agit juste d’un ralentissement de leur hausse) et où les impôts augmentent chaque semaine un peu plus.
Cela a un effet délétère sur la confiance des classes moyennes que précisément notre Président voudrait voir s’améliorer. Tout cela est parfaitement contre-productif et cela ne pourra pas fonctionner. Chaque tour de vis supplémentaire entraînera une baisse de la consommation, des investissements et des dépenses supérieurs d’ailleurs au dit tour de vis, puisque le citoyen contribuable qui est loin d’être un imbécile lorsque l’on touche à son porte-monnaie se prépare déjà à la ponction suivante qu’il sait inévitable.
Alors oui, parfois on serait tenté de dire « vivement la faillite » ! Que l’on efface tout et que l’on recommence ! C’est très séduisant cependant il ne faut pas occulter les ravages dramatiques d’une faillite de la France et ses effets sociaux. Mais au rythme où vont les choses, cela ne peut qu’être l’issue finale. La seule question qui se pose désormais et de savoir combien de temps nous tiendrons encore avec des politiques économiques manquant à ce point d’imagination et d’audace.
Charles SANNAT
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Lire l’article de Boursorama ici
Lire l’article des Echos ici