Un certain
nombre de critiques ont pu être adressées aux jeux vidéo ces dernières années.
La première d’entre elles est le sentiment de violence que ces jeux
instilleraient dans l’esprit des joueurs.
À ce sujet, le
psychologue, Laurent Bègue, avait relancé
ce débat il y a trois ans dans un contexte intellectuel où, justement, on
remettait en cause le lien entre jeux vidéo et violence. Laurent Bègue
expliquait cette remise en cause par le manque d’indépendance des experts à
l’égard d’une industrie particulièrement juteuse.
Pour autant,
ne peut-on pas dire, a contrario, que les « catastrophistes » ont
également un intérêt, celui de publier des études « détonantes »
qui leur assureront une certaine reconnaissance scientifique ? Le débat
est loin d’être clos.
Mais, ces
dernières années, d’autres critiques sont également apparues : elles ne
sont pas inhérentes à l’essence même des jeux vidéo mais, plutôt, à
l’approche des développeurs qui excluent souvent les femmes des jeux de
combat. Les mouvements féministes, aussi surprenant que cela puisse paraître,
ont fait preuve d’une forte indignation, allant jusqu’à effectuer des études
minutieuses.
Ana Visneski,
garde-côte de l’armée américaine, fait partie de celles-là : elle regrette
la distorsion de traitement dont les femmes pâtiraient. Elle va même plus
loin, estimant que la représentation des femmes est dangereuse pour sa vie.
Ana Visneski ne semble pas craindre l’emphase…
La polémique a
encore gagné en intensité du fait de l’absence de personnages féminins dans
le dernier Assassin’s
Creed Unity. Ubisoft, le développeur, a même dû se justifier et créer, un
mois plus tard, une femme jouable, Elise.
D’autres critiques
soulignent le fait que, lorsque des femmes sont mises en exergue dans les
jeux vidéo, ce serait pour leur donner un rôle ingrat satisfaisant le sexisme
des joueurs masculins : Red Dead Redemption en est un bon
exemple.
Le jeu, Darkest
Dungeon, qui sort en cette année 2015, a pris soin d’épargner les
féministes en mettant deux
personnages féminins à l’honneur : l’arbalétière et la profanatrice
de sépultures.
Les jeux vidéo
ne sont malheureusement que le miroir de la société contemporaine où on ne
juge plus en fonction des qualités ou de ce sentiment très irrationnel qu’est
l’intuitus personae. On doit également rendre des comptes sur certains
critères qui ne seraient venus à l’esprit de personne, il y a encore quelques
décennies.
Et,
contrairement à ce qu’on pourrait croire de prime abord, les « menimists
» ne sont pas les seuls à
s’irriter de cet égalitarisme qui viole l’égalité réelle : certaines
femmes semblent trouver cette polémique sur les jeux vidéo assez futile.
Ainsi, quelques réactions de
femmes employées par l’industrie des jeux vidéo illustrent une réelle
intelligence en la matière : « il ne sert à rien de mettre des femmes
juste pour mettre des femmes » ; « Cela ne m’a jamais choqué
si un jeu n’a pas de personne féminin. Je ne vois pas pourquoi on veut
absolument mettre autant d’hommes que de femmes dans les jeux. C’est le
scénario qui doit déterminer les personnages et non le principe d’une
répartition strictement égale entre les sexes ».
De plus, cette polémique masque
la réalité : le site senscritique.com a recensé
les héroïnes de jeux vidéo et force est de reconnaître qu’on n’est pas en
présence d’une petite minorité.
Enfin, même les féministes les
plus farouches reconnaissent aujourd’hui que la plus récente silhouette de la
fameuse héroïne, Lara Croft, est moins stéréotypée que dans les précédents
épisodes.
Comme quoi, ce débat n’aura
peut-être plus lieu d’être dans les années à venir et, espérons-le, car il
est somme toute assez futile.
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