Dans son
fameux discours pour l’État de l’Union en janvier 2006, le Président George
W. Bush déplorait la « dépendance » de l’Amérique au pétrole. Dans un article caustique publié
peu de temps après, le journaliste-éditeur James K. Glassman faisait
remarquer que si cette rhétorique était prise au sérieux, alors en tant
qu’ancien magnat du pétrole, M. Bush avait lui-même été un « revendeur
de drogue », un « trafiquant » et un « baron de la
drogue ». Glassman ajoutait ensuite que la déclaration du Président
était un non-sens car « l’Amérique n’est pas plus accro au pétrole qu’elle
n’est accro au pain, au lait, au papier, à l’eau, aux ordinateurs, ou dans
les termes immortels du regretté Robert Palmer, à l’amour ».
En d’autres
termes, le problème central dans la rhétorique de l’écologisme radical qui a
ensuite été reprise par le Président Bush est qu’elle ne distingue pas la
« dépendance » des « moyens de subsistance ». Par
exemple, la consommation d’héroïne sur une base régulière est qualifiée de
dépendance car son usage entraîne des conséquences néfastes. En
revanche, la consommation de pain ou de lait sur une base régulière entraîne
des conséquences positives pour la vie et pour la santé car c’est une
alimentation essentielle. Le pain et le lait fournissent des moyens de
subsistance.
De manière
assez large, lorsqu’on compare la consommation de pétrole (et des autres
combustibles de carbone) au régime énergétique « biologique » et
« renouvelable » recommandé par les écologistes, on se rend compte
que le pétrole est bien davantage un moyen de subsistance qu’un produit
entraînant une dépendance. Après tout, la vie de ceux qui ont vécu à l’ère de
la biomasse, de l’énergie animale, éolienne et solaire était (au mieux)
comparable à celle des économies les moins développées d’aujourd’hui. La plupart
des agriculteurs y ont 1 chance sur 3 de souffrir de malnutrition et de
disposer de revenus moyens approchant les 1 $ par jour. Dès
que le charbon, le pétrole et le gaz naturel ont commencé à entrer dans le
panorama économique au XIXe siècle, tous les indicateurs de
bien-être humain (de l’espérance de vie, du revenu par habitant, de la
malnutrition et de la mortalité infantile au travail des enfants et à
l’éducation) et la plupart des indicateurs environnementaux ont commencé à
s’améliorer de façon significative.
Listons
quelques-unes de ces vérités dérangeantes pour les écologistes
radicaux :
·
En
1850, la population mondiale était approximativement de 1,2 milliards
d’individus. Il y a maintenant plus de 7 milliards d’entre nous ;
·
En
1950, environ 1 individu sur 2,5 souffrait de malnutrition. Cette proportion
est maintenant de 1 sur 7 ;
·
L’espérance
de vie pour les hommes blancs aux États-Unis était environ de 38 ans en 1850,
de 47 ans en 1900 et de 76 ans en 2008 ;
·
En
1850, l’homme américain moyen mesurait 170 centimètres et pesait 66
kilogrammes. En 2000, il mesurait 178 centimètres et 87 kilogrammes ;
·
Au
niveau mondial, la mortalité globale attribuée à tous les événements
climatiques extrêmes (chaleur extrême, sécheresses, inondations et tempêtes)
a décliné de plus de 90% depuis les années 20 ;
·
Entre
1990 et 2005, la couverture forestière a augmenté ou a été améliorée dans
pratiquement tous les 50 pays les plus boisés au monde avec un revenu par
habitant d’au moins 4 600 $ (comparable au Chili), mais également dans
les économies en développement comme la Chine et l’Inde ;
·
Il
y a une centaine d’années, la qualité de l’air urbain aux États-Unis était
pire que ce qu’elle est aujourd’hui dans les villes chinoises. Elle s’est
remarquablement améliorée depuis.
Bien que ces
progrès ne soient pas entièrement attribuables aux produits pétroliers
raffinés, ces derniers ont joué un rôle important dans chacun d’eux. Par
exemple :
·
80
à 90% de la population active américaine était employée dans l’agriculture en
1800 ; elle était de 41% en 1900, de 16% en 1945 et d’environ de 1,5%
aujourd’hui. En libérant nombre d’individus des travaux de la ferme, il leur
a été possible de s’investir ailleurs, de la recherche médicale à
l’ingénierie civile et ceci a permis d’améliorer le niveau de vie de tous.
Les produits pétroliers raffinés ont rendu cela possible à travers : 1)
le développement d’un transport rentable de longue distance qui a permis de
concentrer la production alimentaire dans les meilleurs sites du monde ;
2) l’augmentation spectaculaire de la quantité de nourriture produite sur un
lopin de terre grâce à un large éventail d’innovations, des tracteurs et des
pesticides synthétiques aux bâches en plastique et à la médecine
vétérinaire ;
·
Le
transport de longue distance a également amélioré la nutrition en général et
a permis l’éradication des famines en déplaçant les excédents agricoles des
régions bénéficiant d’excédents aux régions qui en manquaient ;
·
Les
tracteurs ont remplacé des millions de chevaux et de mules dans les fermes
américaines. Jamais malades, ils n’avaient pas besoin de soins lorsqu’ils ne
travaillaient pas, et ne consommaient pas plus d’un cinquième de la
nourriture qu’ils aidaient à produire ;
·
En
1898, les délégués réunis lors de la première conférence internationale
mondiale d’urbanisme abandonnèrent l’idée de trouver une solution au problème
inextricable du fumier de cheval. En dehors de leur puanteur, les excréments
de chevaux et les carcasses étaient aussi source d’agents pathogènes comme la
fièvre typhoïde qui coûta de nombreuses vies. De plus, les chevaux urbains
amenaient nombre de parasites (rongeurs et mouches) à vivre à proximité des
êtres humains, sans compter qu’ils étaient plus susceptibles de tuer des gens
dans des accidents que ne l’ont été les voitures par la suite ;
·
L’asphalte
a, quant à lui, significativement réduit la concentration de particules de
poussière dans les zones urbaines ;
·
Les
produits pétroliers raffinés ont aussi permis de réduire la pression exercée
sur de nombreuses productions agricoles, telles que les plantes cultivées
pour la production de fibres, de colorants et de caoutchouc, et sur l’élevage
d’animaux essentiellement utilisés pour leur laine et leur fourrure. Ils ont
aussi réduit l’exploitation des baleines (huile de baleine, base parfumée),
des arbres (bois de charpente et bois de chauffage), des oiseaux (plumes) et
d’autres animaux sauvages (ivoire, fourrures et peau) ;
·
Le
kérosène et le pétrole lourd ont remplacé les combustibles domestiques de piètre
qualité comme le bois de chauffage et le fumier. Ces derniers remplissaient
les maisons de la suie, de particules, de monoxyde de carbone et de produits
chimiques toxiques à l’origine de maladies pulmonaires chroniques et
d’infections respiratoires aigües mortelles. (Malheureusement, ce type de
pollution tue encore des millions de personnes dans le monde chaque
année) ;
·
Les
plastiques dérivés du pétrole ont amélioré la vie quotidienne de différentes
manières, de leur usage en médecine moderne (équipement des salles
d’opération, cœurs, valves, membres et articulations artificiels) au
remplacement des épaisses cuves en pierre ou en argile utilisées pour
transporter l’eau par des pots en plastique. Cette substitution est souvent
décrite comme un petit miracle dans les économies les moins avancées.
Bien qu’ils ne
soient pas parfaits, les produits pétroliers raffinés restent la manière la
plus durable de sortir des milliards d’êtres humains de la pauvreté tout en
améliorant l’état de notre environnement. Le problème énergétique actuel
vient de que de trop nombreux activistes et entreprises subventionnées ont
une vision romantique du passé et développent – grâce au soutien de l’État –
des alternatives coûteuses, peu pratiques et nuisibles à l’environnement.
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